Football A quand des balles au Centre de Tubize ?

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

Le QG (wallon) du foot national a du mal à sortir de terre.  » On touche au but « , assure-t-on à l’Union belge

Eté 2006. Une délégation de dirigeants et personnalités casqués et de très haut niveau visite le futur Centre technique national Euro 2000 de Tubize. Fameux chantier… Invité par la RTBF à parler de ce futur QG de toutes les sélections nationales, René Vandereycken, sélectionneur des Diables rouges, reste muet. Ou presque :  » Comme je n’ai encore rien vu, je ne sais pas si ce sera un bon outil « , ose-t-il. Quel enthousiasme de la part du premier ambassadeur de la plus grande fédération sportive du pays ! Prémonitoire ? Aujourd’hui, l’Union belge de football, plongée dans une grosse déprime sportive, voit en outre resurgir un dossier sinon pourri, pour le moins faisandé.

Le  » CTN Euro 2000 de Tubize  » ? Grâce aux quelque 20 millions d’euros de bénéfices gagnés par la coorganisation avec les Pays-Bas du Championnat d’Europe des nations (2000), l’URBSFA veut doter la Belgique d’un outil digne d’accueillir ses sélections tout au long de la saison. Un investissement, hors hébergement, d’environ 10 millions d’euros fut décidé par le Comité exécutif pour construire le centre, par ailleurs financé par la province du Brabant wallon (terrain et investissement d’environ 1,2 million d’euros) ainsi que par le gouvernement de la Région wallonne via son ministre du Budget Michel Daerden (crédit de 3,7 millions d’euros). Le joyau sportif ne devait rien avoir à envier à Clairefontaine (France) ou à Zeist (Pays-Bas). Nous sommes (déjà) en 2004 et on jurait à l’époque que le chantier prendrait fin en février 2006. Plus d’un an après cette date butoir, on est très loin du dernier coup de pelle ! Le diamant taillé de Tubize peine donc à sortir de terre, en Wallonie, et avec des capitaux quasi exclusivement wallons. Faut-il voir un lien de cause à effet dans le lourd retard pris par les travaux, la difficulté à trouver des partenaires privés et les mésaventures financières charriées par le beau projet ? En Flandre, on se délecte des déboires de la  » fastueuse  » et trop  » prestigieuse  » initiative avant tout perçue comme wallonne. Autrement dit : foireux, ultra-politisé et sentant à plein nez la magouille.

Mais faut-il pour autant parler de monstre du loch Ness, comme on a pu le lire dans la presse écrite la semaine précédant le navrant Portugal-Belgique ? Il est vrai que l’un des entrepreneurs (la SA Koeckelberg) a stoppé le chantier voici quelques semaines pour défaut de paiement de la province du Brabant wallon et que cela a fait désordre.  » Nous ne sommes pas les seuls à l’origine du retard, se défendait-on à la province. L’Union belge a également apporté des modifications au projet.  » La faute serait donc à chercher aussi dans le jardin de la fédération et de son grand superviseur Michel Sablon ?  » On n’est pas dans le privé. Chaque modification apportée au projet initial implique d’inévitables et lourdes procédures administratives « , note un proche du dossier. Pour bénéficier de l’apport de subsides (wallons) régionaux et provinciaux, il a fallu former une ASBL, dont le rôle était de gérer les infrastructures sportives, indépendamment de la convention visant la gestion hôtelière et les activités purement commerciales (investissement direct de la SA BRNO Investment Compass).

 » L’URBSFA avait tablé à l’époque sur un investissement de 9 millions d’euros. On ne sera jamais au final qu’à 10 millions d’euros, dont 80 % du surplus à charge de la fédération. Un million d’euros de surcoût pour un tel chantier, ce n’est pas grand-chose, par comparaison avec le rendement du placement produit par le bénéfice total de l’Euro 2000.  »

Comme par enchantement, après les secousses médiatiques des derniers jours de l’hiver, le dossier semble se débloquer, même si on distingue de plus en plus l’exploitation sportive et administrative d’avec les activités  » business « . Les travaux ont repris. Alors, pour quand ce Clairefontaine Made in Wallonia ?  » Juin « , pour le volet sportif, et  » l’été « , pour les autres activités. Normalement… l

Alexandre Charlier

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