Deux ministres CDH namurois ? Impensable

Maxime Prévot pour remplacer Benoît Lutgen, c’était le scénario. Mais Isabelle Tasiaux, députée fédérale sortante, est, elle aussi, en attente d’un maroquin. Deux candidats-ministres au CDH namurois ? Il y en a sans doute un de trop.

Michel Delwiche

Ce n’est un secret pour personne : le député wallon Maxime Prévot, échevin de Namur et l’un des vice-présidents du CDH, est candidat à la succession ministérielle de Benoît Lutgen, lequel prendra la présidence du parti sitôt le nouveau gouvernement fédéral formé. A vrai dire, le jeune (32 ans) et ambitieux Namurois se voyait déjà ministre après les élections régionales de 2009, mais le CDH ne pouvait prétendre qu’à trois portefeuilles régionaux et/ou communautaires. Il a donc dû se contenter du poste de chef de groupe au parlement wallon. Ces élections fédérales anticipées, c’était donc pour lui pain bénit : la place est libre un an plus tôt que prévu.

Une place  » de combat « 

Pour Isabelle Tasiaux au contraire, ce scrutin avancé était plutôt une catastrophe : elle n’a eu qu’une dizaine de mois pour se faire reconnaître à la Chambre. Elle y était entrée en juillet 2009 pour suppléer… Maxime Prévot, qui venait de se faire élire au parlement wallon et avait préféré le costume de député wallon à celui de député fédéral. Elle s’en est fait sortir le 13 juin par… Maxime Prévot qui avait proposé de mettre toute son expérience au service de cette campagne ( » Je ne pouvais pas rester au balcon ! « ), et donc de prendre la tête de liste pour la province de Namur. L’enseignante gembloutoise était ainsi reléguée à la 2e place, une place  » de combat « , mais d’un combat perdu d’avance. Election après élection, le PSC devenu CDH se tasse en effet en province de Namur : 19,1 % en 1999, pour 18,3 en 2003, puis 16,9 en 2007 et 15,9 en 2010.

Après avoir laissé entendre en début de campagne qu’il ne siégerait pas à la Chambre, Maxime Prévot, champion du yo-yo électoral, a ensuite répandu le brouillard ( » Je siégerai où je serai le plus utile « ), avant de confirmer son choix de la Région et de céder son siège fédéral à son suppléant Christophe Bastin, bourgmestre d’Onhaye. S’il devient ministre, son siège de député wallon devrait être occupé par Benoît Dispa, le bourgmestre de Gembloux.

Isabelle Tasiaux a tout perdu…  » C’est vrai, j’ai mal encaissé la confection des listes, avoue-t-elle. J’ai pris comme un coup de poing dans la figure de ne pas être tête de liste, ce qui aurait été normal puisque j’étais la députée sortante. Mais je suis loyale et ne suis pas quelqu’un qui mendie. Il y a tout juste un an, j’ai tout laissé tomber pour remplacer Maxime Prévot à la Chambre. Je pensais avoir deux ans devant moi pour faire mes preuves. Mais voilà, nous avons eu droit à des élections anticipées… « 

La porteuse d’eau

Pas question pour autant d’arrêter la politique. Mais à quel niveau ?  » Au sein du gouvernement, au sein d’un gouvernement, répond-elle tout de go. Je sais que Joëlle Milquet ne m’oubliera pas. Il y a mille et un scénarios possibles. Vous savez, en 2009, c’est à la surprise générale qu’Eliane Tillieux (PS) est entrée au gouvernement wallon… « 

Isabelle Tasiaux, qui a été en charge des PME dans les services centraux du CDH et qui est proche du monde agricole, n’a ni ranc£ur, ni amertume.  » Cela fait seize ans que j’amène de l’eau au moulin du parti et je sais que Joëlle m’en sera reconnaissante. Je n’ai pas un ego surdimensionné, je suis fidèle et honnête. Mais pas naïve. Les prochaines élections, en 2014, seront jumelées, régionales et fédérales en même temps, avec interdiction pour un candidat de se présenter aux deux niveaux. On m’a laissé entendre que, dans cette configuration, je serais incontournable dans le Namurois. « 

Contre toute attente, car il ne crache jamais sur sa publicité, Maxime Prévot a refusé l’interview.  » Dans le contexte sensible actuel, des amis qui me veulent du bien pourraient utiliser mes propos contre moi « , a-t-il argumenté.

MICHEL DELWICHE

élections anticipées : du pain bénit pour l’un, une catastrophe pour l’autre