David Goes to Hollywood !

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

190 millions d’euros en cinq ans, soit 100 000 euros par jour, le contrat record signé par David Beckham au LA Galaxy ! Bye-bye le Real

Steven Spielberg n’engage plus son 7e art qu’au service de nobles causes. Quelle misère ! On eut tant souhaité que le papa d’ET et du soldat Ryan se pique un jour de la merveilleuse story des Beckham. Que Steven nous raconte la vie de David, footballeur anglais talentueux, beau, maudit et people exemplaire. Une superproduction, forcément, mais à budget raisonnable. Nul besoin de truquage ni d’une armée de scénaristes, en effet, pour en mettre plein la vue. Car la réalité de Beckham est une fiction, définitive, en soi.

En annonçant le jeudi 11 janvier 2007, à la surprise mondiale générale, son prochain transfert du Real Madrid pour le Los Angeles Galaxy, David Beckham a acquis une dimension telle que son talent de sportif n’aurait jamais pu lui offrir. Un vertigineux contrat lui a été offert : 190 millions d’euros au bout de cinq ans. Soit un salaire annuel de quelque 37 millions d’euros, 3,3 millions d’euros mensuels, 100 000 euros par jour. Il devient le premier footballeur à flirter avec les salaires des golfeurs, pilotes de F 1 et autres stars du basket, du base-ball ou du hockey sur glace. Enfin… Malsain ? Sans doute. Sauf que Beckham ne va pas traverser l’Atlantique uniquement pour faire joujou avec les aimables footballeurs de la faible MLS (Major League Soccer, championnat de soccer), mais aussi pour y faire du business. Pour les beaux yeux de Victoria Adams, ex-Spice Girls devenue Mme Beckham en 1997, désireuse de faire carrière dans le cinoche US, voire, à défaut, dans une série télé genre  » Desperate Housewives  » ? Rumeurs et tabloïds le soutiennent. Simon Fuller, de  » Creative Artists Agency « , est agent de nombreuses stars. Il a créé en son temps le sulfureux projet Spice Girls en Angleterre, et a été très actif dans le transfert des  » Becks  » au LA Galaxy… Beckham assure pourtant que ce ne sont pas les dollars qui l’ont poussé à quitter le Vieux Continent pour la Californie.

Le football avant tout

 » Je ne viens pas pour être la superstar, mais pour faire partie de l’équipe, travailler dur et, je l’espère, gagner « , a-t-il assuré à la presse internationale lors de la signature de l’un des plus gros contrats jamais conclus dans le monde du sport.  » Je viens apporter quelque chose de plus. J’aimerais porter le football aux Etats-Unis à un autre niveau.  » Beckham, donc, entend y populariser ce que nous considérons erronément en Europe comme  » le sport roi « . Malgré une belle campagne de pub, en 1994, à l’occasion de la World Cup, le soccer reste confidentiel au pays du pop-corn et de la casquette.

Le joueur anglais a, en tout cas, de la suite dans les idées. En 2002, il avait déjà pu mesurer sa popularité outre-Atlantique avec l’explosion des entrées pour le film Bend It Like Beckham, de Gurinder Chadha (2002), auquel il prêtait son nom. Et, en novembre 2005, il inaugurait à Carson, près de Los Angeles, la David Beckham Academy. Il y vise le foot pour tous et fournit un staff technique et logistique (merci Adidas…) pour des stages estivaux de 3 ou 5 jours (de 395 à 995 dollars).

Gary Lineker, ancien attaquant international britannique brillamment reconverti en journaliste et analyste percutant pour la BBC, parle d’une véritable  » mission évangélique « , dont s’est senti investi l’ancien capitaine de l’équipe à la Rose.  » Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le départ de David Beckham aux Etats-Unis n’est pas qu’une question d’argent, a expliqué Lineker au Sunday Telegraph. Il ne pourrait pas laisser de plus grand héritage que la conversion des Américains au sport mondial.  »

Qui sait si Beckham ne réussira pas là où le roi Pelé, Franz Beckenbauer, Johan Cruyff et notre François Van der Elst national s’explosèrent les crampons dans les années 1970 et 1980 ?

Le tuyau de Tom Cruise

David Beckham ne débarquera pas – en juin prochain, normalement – sur la côte américaine sans solides arguments de marketing. Avec Victoria et ses trois enfants dans ses bagages, l’ex-idole de Manchester Utd et fils spirituel de sir Bobby Charlton ne passe pas vraiment inaperçu. La presse people se régale déjà ! Quand l’on sait que Tom Cruise est un intime de la famille, cela nous promet de nombreux clichés glacés savamment concédés… Même Sylvester Stallone a salué le prochain déménagement dans son cher pays de l’un des couples les plus célèbres d’Angleterre. Entre Tom Cruise et Katie Holmes ou encore Angelina Jolie et Brad Pitt, il y a une place de people à prendre à Hollywood. Les paparazzis ont hâte d’assister aux futures rencontres amicales.

A 31 ans, le joueur jure qu’il ne s’est pas ménagé une royale préretraite sportive. Il demeure ainsi à la disposition de son équipe nationale, même si le sélectionneur Steve McLaren lui refuse une 95e sélection depuis l’échec retentissant de l’Angleterre en Allemagne (2006). Il pourra chasser son spleen de sportif déclinant en consultant de temps en temps son compte en banque. Sans le pactole promis au LA Galaxy, on estime sa fortune actuelle à 130 millions d’euros : contrats avec Gillette, Adidas, Marks & Spencer, Pepsi, Vodafone, Motorola, Rage Software, Police Sunglasses, Brylcreem, Parfum David Beckham. Dans la négociation avortée pour rallonger son contrat de deux ans au Real Madrid, le club espagnol voulait lui rétrocéder 50 %, tout au plus, de ses droits à l’image. Il a obtenu 100 % à Los Angeles. En plus, il touchera un pourcentage sur les billets vendus. Déjà, dans les heures qui ont suivi l’annonce de l’arrivée de Beckham au Galaxy, 1 000 abonnements ont été vendus. C’est bien mais encore peu de chose par rapport à l’ouragan Beckham au Real : les maillots frappés du n°23, écoulés partout dans le monde, auraient rempli les caisses du club madrilène de quelque 100 millions d’euros. Sur le déclin ou pas, David Beckham est un excellent acteur économique. Et si le plus beau fleuron du foot- business européen annonçait une prochaine guerre des étoiles aux Etats-Unis ?

Alexandre Charlier

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