Chimay : pas facile, la vie de château

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Chimay et son château sont, dans le nouveau Monopoly, mieux évalués que Nivelles ou Charleroi. Mais qui sera le nouveau propriétaire des lieux ? Et pour en faire quoi ?

Comment je vois l’avenir du château ? Mais souriant bien sûr, répond aimablement la princesse Elisabeth de Chimay. Quand je suis arrivée ici, j’avais 20 ans, mon mari adorait l’endroit. Le château était pourtant dans un si triste état, après l’incendie de 1935, et la guerre. Mais je m’y suis profondément attachée, moi aussi. Aujourd’hui, j’ai 85 ans, et le château, c’est mon bébé.  » Un gros bébé à entretenir.  » Oui, oui, un bébé qui pèse lourd « , avoue la princesse qui, fille d’un négociant en vins bordelais, y a consacré sa fortune, mais ne peut en assurer l’avenir.

La ville de Chimay s’est inquiétée d’une possible vente à des inconnus ou du morcellement du domaine.  » Nous voulions garantir le caractère princier et chimacien du château, explique le bourgmestre Denis Danvoye (CDH), et nous avons imaginé un montage pour permettre à la princesse et à sa famille de continuer à y habiter.  » Dans ce montage de copropriété, la Région wallonne achetait le château et la ville acquérait les petites maisons à l’entrée du domaine appartenant à l’ASBL  » Château de Chimay « , laquelle recevait un bail emphytéotique pour chapeauter l’ensemble. Cette ASBL, administrée par la ville, la Région, la famille et l’association des  » Demeures historiques  » (appelée, elle aussi, à intervenir financièrement), devait garantir à la famille l’usufruit ad vitam de la partie du château occupée par la princesse, ainsi qu’un petit jardin.

Mais plus rien ne bouge depuis début 2010, en apparence du moins. Par contre, les bruits, les rumeurs, les inquiétudes se répandent. Le projet initial aurait été remplacé par des logements sociaux, un hôtel, un restaurant… Le député wallon Olivier de Saint-Amand (Ecolo) vient de s’en faire l’écho dans une question écrite au ministre du Tourisme Paul Furlan (PS) : la Région wallonne serait-elle revenue sur ses engagements, et destinerait-elle les fonds prévus à un autre site ? Que le député ne cite pas, mais d’autres avancent Waterloo et le bicentenaire de la bataille en 2015, ou encore Mons, capitale européenne de la Culture 2015.

Rendez-vous chez le ministre

Au cabinet de Paul Furlan, personne n’a jamais entendu parler de ces inquiétudes. Par contre, le ministre n’engagera la Région que dans un projet touristique viable, car elle n’a pas la vocation, et encore moins les moyens, d’acheter tous les châteaux et autres chefs-d’£uvre en péril.  » Si la commune et la Région s’impliquent, déclare la députée chimacienne Françoise Fassiaux-Looten (PS), la Province de Hainaut (pour le tourisme) et la Fédération Wallonie-Bruxelles (pour la culture) pourraient le faire aussi. Le château, c’est aussi le fameux théâtre de Madame Tallien, qui a servi de décor au Maître de musique, de Gérard Corbiau. Mais sans partenariat avec le privé, c’est impossible. Alors, des chambres au château, un restaurant, des boutiques dans les petites maisons, pourquoi pas ?  »

 » Je comprends parfaitement cette position, conclut le princesse Elisabeth. Je suis moi-même guide à casquette du château depuis trentre ans. Les gens sont gentils, ils m’envoient leurs amis, mais ça tourne poussivement. Je ne le ferai pas jusqu’à 100 ans, et les charges sont lourdes. Mais j’ai rendez-vous le 21 novembre chez le ministre. D’ici là, je n’imagine rien, tout évolue si vite… « 

MICHEL DELWICHE

 » Sans partenariat avec le privé, rien n’est possible « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire