Charleroi revient de loin

Au Pays noir, on voit presque la vie en rose. 2009 a été une bonne année, avec une baisse de tous les types de crimes et délits. Charleroi, un exemple à suivre ?

Braquage d’un magasin Match, vol dans une bijouterie, coups de feu dans un supermarché Carrefour par un policier à la retraite surpris à chaparder… Depuis le début de l’année, la rubrique des faits divers est, bien sûr, toujours chargée à Charleroi. Mais les chiffres de la petite et grande criminalité continuent inexorablement de baisser. Contrairement à la plupart des arrondissements judiciaires du pays, on y observe une diminution constante et significative des vols à main armée depuis trois ans. En particulier dans les petits commerces : de 225 faits, en 2006, on est passé à une moyenne de 150 ces deux dernières années ( Le Vif/L’Express du 22 janvier 2010).

Véritable plaie du Pays noir, les car-jackings se font, eux aussi, plus rares. En 2001, l’année de crise, on en avait dénombré 513. De quoi hésiter à sortir de chez soi… Aujourd’hui, on en déplore environ 90 par an pour tout l’arrondissement. Idem pour les tiger-kidnappings, ces prises d’otage de proches d’un banquier pour obliger celui-ci à retirer des fonds du coffre de sa banque : 2006 a été l’année du record, avec 33 prises d’otage.  » Je touche du bois, mais cette épidémie est terminée depuis un bon moment. Je ne me souviens d’ailleurs plus du dernier tiger-kidnapping « , sourit Christian De Valkeneer, procureur du roi de Charleroi.

Les cambriolages dans les habitations ont également diminué. Surtout, on constate une chute de 50 % des vols de véhicules et dans les véhicules, cette dernière année. Une performance qui s’explique par une activité policière accrue sur le terrain. Dans la zone de police de Charleroi, 9 équipes de Police Secours patrouillent le matin, 12 l’après-midi et 10 la nuit. Sans compter les deux équipes de première ligne et les patrouilles pédestres.  » On a consenti de gros moyens, reconnaît De Valkeneer. Nous essayons aussi d’améliorer la coordination. Les vols dans les véhicules, par exemple, sont systématiquement poursuivis pour donner suite à l’action policière. « 

Il n’y a pas de miracle carolo.  » Le cadre est presque complet, se réjouit l’inspecteur principal Patrick François, délégué CGSP. En juin, nous atteindrons la norme minimale fixée par arrêté royal, soit 1 058 policiers opérationnels. L’ambiance au sein du commissariat s’est améliorée. Nous disposons d’un matériel plus performant, de meilleurs véhicules et même de nouveaux VTT. Seuls les bâtiments restent vétustes. Mais cela prend inévitablement plus de temps. « 

Depuis décembre, les policiers carolos sont cependant de nouveau à cran. Exsangue, la Ville a raboté tous les budgets, y compris celui de la police : désormais, les heures supplémentaires, sur lesquelles les hommes en bleu comptent pour arrondir leurs fins de mois, ne seront plus payées mais devront être récupérées en jours de repos.  » Nous sommes en train de négocier un arrangement « , confie Patrick François. Autre préoccupation : le taux d’absentéisme élevé. En moyenne, 17 % des effectifs policiers sont en arrêt-maladie. Un chiffre énorme, mais propre à l’administration carolo qui comptabilise, en moyenne, par an et par fonctionnaire, 34 jours d’absence pour maladie.

Malgré cela, on peut dire que Charleroi revient de loin depuis la vague de criminalité du début du millénaire qui avait poussé les autorités à réclamer de l’aide au gouvernement fédéral. Les renforts consentis avaient permis d’arrêter notamment les car-jackeurs de la bande de la Basse-Sambre. En 2006, Charleroi a connu une nouvelle poussée de fièvre, maîtrisée rapidement par le plan Charles Quint qui visait le milieu du grand banditisme. Aujourd’hui, même s’il reste du pain sur la planche, les Carolos commencent à souffler.

TH.D

Les vols de et dans les véhicules ont chuté de moitié

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