Ces bourgeons qui nous veulent du bien

Barbara Witkowska Journaliste

Ils concentreraient toute la puissance du végétal. La  » médecine des bourgeons  » ou la gemmothérapie, mise au point par le Dr. Pol Henry, médecin belge visionnaire, est promise à occuper une place majeure dans la phytothérapie.

La gemmothérapie prend ses sources dans les années 1950, grâce aux recherches d’un médecin homéopathe bruxellois, le Dr. Pol Henry, grand observateur de la nature. N’obtenant pas de résultats satisfaisants, surtout dans le cas de maladies chroniques, il s’est penché sur le pouvoir régénérant des cellules souches, issues de l’embryon animal. Très en vogue à l’époque, l’embryothérapie animale, développée notamment par les docteurs Alexis Carel, Vladimir Filatov et le célèbre médecin suisse Paul Niehans, présentait toutefois un inconvé- nient dans la mesure où ces extraits pouvaient entraîner des rejets, des intoxications bactériologiques ou mycologiques si les animaux n’étaient pas sains au départ. Le Dr. Pol Henry a trouvé la parade en étendant la méthode au règne végétal. Par analogie, il la baptisa  » phytoembryothérapie « . Grand connaisseur des plantes et des végétaux, il s’est intéressé au cassis, plante majeure de la phytothérapie et, en particulier, à ses bourgeons.  » Les bourgeons des végétaux contiennent toute la puissance de la future plante, ils renferment tout le génie de l’arbre, explique Philippe Andrianne, botaniste, fondateur du laboratoire Herbalgem et auteur de La gemmothérapie (aux éditions Amyris). En faisant macérer les bourgeons et les jeunes pousses dans trois solvants différents parfaitement complémentaires – eau, alcool et glycérine -, il est parvenu à extraire leur quintessence sous forme de macérat glycériné. L’effet des bourgeons a ensuite été mesuré sur les paramètres sanguins.  » Père fondateur de cette nouvelle méthode thérapeutique révolutionnaire, le Dr. Pol Henry publia ses travaux à compte d’auteur en 1970 sous le nom de Phytoembryothérapie.

Cette nouvelle branche de phytothérapie a éveillé l’intérêt de Max Tétau, homéopathe français, à l’époque directeur des laboratoires Dolisos (rachetés il y a quelques années par Boiron). Tétau a introduit les macérats glycérinés dans la pharmacopée française. Il a légèrement modifié le procédé mis au point par le Dr. Henry, a lancé officiellement et à grande échelle la production de macérats dilués sous forme homéopathique, a développé une recherche clinique sur l’effet des bourgeons et a rebaptisé la thérapie, gemmothérapie.

L’énergie des bourgeons

Affinée au fil des décennies, la gemmothérapie est aujourd’hui disponible sous forme de compléments alimentaires (gouttes), plus faciles d’emploi.  » Nous connaissons environ quarante bourgeons, principalement européens, rapporte Philippe Andrianne. La récolte est effectuée manuellement, en Belgique et dans les pays méditerranéens. Il s’agit d’un travail saisonnier. On récolte le bourgeon ou la jeune pousse, autrement dit tous les tissus en croissance rapide. Notre laboratoire a mis au point une nouvelle méthode qui consiste à effectuer la macération directement sur le lieu de récolte, dans la nature, ce qui nous permet de conserver la fraîcheur des bourgeons. Et nous utilisons les trois solvants recommandés par le Dr. Henry. Les préparations nécessitent 5 % de plantes et 95 % de solvants. Pendant la macération dont la durée fait partie de notre secret de fabrication, on extrait les principes actifs et surtout on transfère l’énergie de bourgeons aux trois solvants, principalement à l’eau. Ensuite, on presse la matière, on garde le liquide et on le conditionne en flacon. Le macérat est prêt à l’emploi.  » Le bourgeon contient toute l’information génétique et énergétique de la plante. On peut le comparer à un orchestre. On n’écoute pas un instrument, mais l’orchestre dans son ensemble, jouant en harmonie, pendant une durée déterminée. La gemmothérapie est d’abord une médecine d’énergie avant d’être une médecine de principes actifs. Ses bénéfices sont multiples. Elle contribue à maintenir l’équilibre énergétique et physiologique de l’organisme (homéostasie), elle renforce le système immunitaire et elle contribue à solutionner des états physiologiques déficients, par exemple des allergies, le syndrome de côlon irritable, la ménopause, le cholestérol, les migraines, la circulation cérébrale, les problèmes articulaires et visuels, le sommeil et le stress. La gemmothérapie s’adresse à tout le monde y compris à la femme enceinte, aux jeunes enfants et aux personnes âgées, étant donné sa faible concentration en principes actifs et son absence de toxicité.  » Le bourgeon contient une « ébauche » de futures molécules, souligne Philippe Andrianne. Sa composition est différente de celle de la feuille.  »

Comment se soigner ?

Sans le savoir, nous utilisons déjà la gemmothérapie, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Lorsque nous préparons une tasse de thé de Chine de qualité (qui ne contient, rappelons-le, que des bourgeons et la ou les deux premières feuilles du théier Camellia sinensis), lorsque nous grignotons des pousses de bambou ou des germes de soja. Tous les trois sont constitués de tissus embryonnaires. Il est donc tout à fait possible de se soigner par automédication, de préférence après avoir consulté un spécialiste en gemmothérapie, dont on trouve la liste sur le site de la Fédération européenne d’herboristerie (1). On peut faire appel à des extraits purs ou les associer, éventuellement, à d’autres bourgeons ou extraits. On parle alors d’une gemmothérapie intégrée.

 » Si l’on utilisait davantage la phytothérapie dans son ensemble dans les hôpitaux et dans les résidences pour personnes âgées, on diminuerait fortement les coûts de la santé publique, conclut Philippe Andrianne. Le séquoia, par exemple, stimule les glandes surrénales, donc l’énergie des reins, et contribue à maintenir la vitalité, la présence d’esprit et la bonne humeur des personnes âgées. De son côté, le mélange figuier-tilleul permet d’améliorer considérablement le sommeil.  »

(1) www.feh.be

Barbara Witkowska

Sans le savoir, nous utilisons déjà la gemmothérapie, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose…

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