Alors, champion ?

(1) Sport en tête ! Une expo de culture physique ! (à partir de 6 ans) est visible pendant deux ans au Pass, 3, rue de Mons, à 7080 Frameries. Rens. : 070 22 22 52 ou www.pass.be

Déjà vu un patineur artistique se mettre en vrille ? Toupiller de plus en plus vite sur la glace, à mesure qu’il allonge sa silhouette par de gracieux levers de poignets ? Ici, c’est pareil, en moins élégant. Grimpé sur le  » tabouret tournant « , un gamin teste, en même temps que l’inertie gyroscopique, l’effet que son corps produit sur une chaise pivotante : quand il rapproche bras et jambes, l’engin diabolique augmente sa vitesse de rotation ; quand il mime le condamné écartelé, son siège ralentit… Lancer franc, tir piqué, lift ou slice,  » tous les gestes sportifs s’expliquent « . A Frameries, le Parc d’aventures scientifiques (le Pass) s’est mis en tête (1) de montrer comment fonctionnent les mécanismes de l’exercice physique, ainsi que la façon dont sciences et techniques concourent à l’exploit sportif, pour aller  » toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus loin « .

Présenter l’événement comme un nouveau produit maison serait cependant déloyal. L’exposition est en effet une  » refonte  » de l’ Expo Sport, une manifestation du Pass largement plébiscitée par le public (350 000 visiteurs) en 1999. Remis au goût du jour, dépouillé de réflexions devenues obsolètes (sur la Coupe du monde, le dopage…), l’ensemble a été sérieusement réduit (de 1 500 à 600 mètres carrés) et réorienté vers une configuration  » plus jeune et plus familiale « .  » C’est une adaptation aux souhaits des visiteurs, confie Christine Bluard, muséologue et scénographe au Pass. Nous sommes confrontés à une demande énorme pour satisfaire d’abord les enfants…  »

Pourquoi bouder son plaisir ? Dans une cage à foot, un couple d’ados s’essaie au tir brossé : le super-coup-franc-qui-contourne-le-mur-de-défense-adverse(l' » effet Magnus « , en hommage au physicien allemand qui l’a mis en évidence au xixe siècle) ne devrait plus avoir de secret pour ces deux-là. A côté, un mini-terrain de basket offre à trois agités de dribbler et d’être filmés à l’instant de marquer un panier. Dommage qu’un maladroit vienne justement de viser la caméra, mettant l’installation temporairement K.-O…. Plus loin, des starting-blocks, qui mesurent le temps de réaction au départ d’une course à pied, ont donné l’envie à une vieille bûche d’égaler Ben Johnson… Ici, au niveau zéro (qui comprend également une plate-forme d’escalade), tout le monde s’échauffe. En apprenant, au passage, que l’augmentation de la température des tendons (elle grimpe, sous l’effort, de 36 à 39 degrés environ) favorise la fluidité du liquide articulaire et prévient donc claquages et élongations. A l’étage supérieur, on court, on saute, on pédale, on glisse allègrement. Mais c’est tout en haut qu’on muscle réellement ses connaissances. Jamais entendu parler de la détente sèche – une force explosive contenue dans les jambes, qui permet de  » décoller  » du sol sans élan – ni de l’hypersupination – une posture des pieds cambrés, visible sur les semelles de certains athlètes ? L’expo fait d’ailleurs grand cas de nos arpions, élevés – sans doute en raison de leurs 56 os et 200 ligaments – au rang d' » équipements sportifs n°1 « . A propos, un gros orteil qui dépasse de loin ses petits compagnons confère à leur propriétaire un avantage naturel au sprint et à ski.

Top chrono : un costaud tente de  » tenir un max « , en soulevant un poids, le bras tendu à l’horizontale. En quelques secondes, le voilà qui tremble comme la feuille : ce sont ses fibres musculaires qui, vite fatiguées, se sont mises à vibrer… Une heure et demie de visite donnent ainsi une consistance savante à une série de tests (endurance, tonus, force et souplesse) qui, tous, réclament l’intervention de nos muscles – du plus sollicité (le c£ur) au plus imposant (le grand fessier, qui nous permet de rester droit). Aussi, que les plus feignassons s’en retournent réjouis : même rêver debout, simplement plantés devant les panneaux explicatifs, exige un travail musculaire. Et, dans ce cas, ce sont les  » posturaux  » qui se chargent du boulot : des muscles salutaires et fidèles, puisqu’ils ne prennent du repos qu’avec nous, lorsque nous dormons enfin… l

Valérie Colin

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