Adoucir leur quotidien

Il suffit parfois d’une action modeste et d’un coup de pouce – celui de la Fondation Roi Baudouin – pour faciliter l’intégration des migrants. Exemples

A Anvers, des membres d’une chorale rwandaise sont les médiateurs entre propriétaires et locataires d’appartements. A Liège, des mamans d’élèves migrants feront la cuisine de chez elles, une fois par mois, pour les élèves de l’école Saint-Louis Amerc£ur. A Saint-Josse-ten-Noode, des jeunes d’origine africaine confronteront leurs visions de la société d’accueil et l’exprimeront dans un magazine…

Ces trois projets, parmi des dizaines, illustrent à merveille la technique des petits leviers, ceux qui ne soulèveront peut-être pas des montagnes mais qui rendront la vie plus harmonieuse là où elle est trop souvent écorchée. Pour les migrants de toutes sortes (demandeurs d’asile, réfugiés, personnes arrivées dans le cadre d’un regroupement familial) arrivés chez nous après 1992, l’installation dans la société belge se heurte, sans surprise, à des questions de logement et d’emploi mais aussi à des problèmes d’isolement, d’éducation, d’accès aux soins de santé ou à l’information, pas toujours pris en charge par les services existants… Et comme il suffit parfois de pas grand-chose pour apporter des solutions, certes modestes mais bien réelles, la Fondation Roi Baudouin (FRB) avait lancé, depuis trois ans, des appels à projets sur le thème  » Accueil et entraides migrant-e-s « . Elle a recueilli 788 propositions et en a sélectionné 130 pour les soutenir financièrement, à raison de 4 900 euros, en moyenne, par projet.

La FRB n’ignore rien des initiatives publiques telles que les classes passerelles ou les Centres régionaux d’intégration pour les primo-arrivants. Mais les besoins en matière d’intégration sont bien plus vastes et la Fondation a notamment misé, pour activer les petits leviers, sur les réseaux de migrants déjà installés en Belgique.  » Même à très petite échelle, ils jouent un rôle important dans l’accueil des nouveaux migrants et dans l’amélioration de leur quotidien. Nous voulions soutenir leurs projets « , explique Emmanuelle Le Texier, de la FRB.

Des ASBL, des organismes sociaux et des groupes de citoyens (constitués ou non de migrants) ont donc participé. Tous voulaient lutter contre l’isolement et le profond mal-être engendrés par les longues procédures imposées par l’Office des étrangers. Leurs atouts : la connaissance du terrain et la présence sur les lieux. Ce fut, par exemple, le cas du CPAS de Malmedy qui a mis des petits jardins à la disposition des candidats réfugiés politiques et des étrangers domiciliés dans la commune. Cela a permis une (re)socialisation via le contact avec les autres habitants, outre une activité de plein air offerte à des personnes habitant souvent dans des logements exigus. L’ASBL Mères en exil (à Bruxelles) a, quant à elle, mis en place un groupe de soutien psychologique pour jeunes mères célibataires, demandeuses d’asile ou en séjour illégal. Ces femmes souffrent d’isolement et manquent de ressources matérielles. Elles appréhendent donc souvent leur grossesse, par peur de ne pas pouvoir y faire face. Autant de problèmes ponctuels trop souvent négligés. Et puisque les rivières sont faites de petits ruisseaux…

Olivia Raskin

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