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Elien Verniers, la chercheuse qui lutte pour inscrire la protection animale dans la Constitution

Michel Vandersmissen
Michel Vandersmissen Journaliste pour Knack

« Notre pays pourrait être un pionnier en inscrivant dans la Constitution la protection des animaux et le bien-être animal », estime la juriste Elien Verniers (28 ans)

Vous travaillez actuellement à l’amélioration de la protection juridique du bien-être des animaux. D’où vous vient cet intérêt pour la cause animale ?

Elien Verniers: « Lorsque j’étais enfant, j’adorais déjà les animaux. Lorsque j’ai pu choisir la branche ‘Droit des animaux’ pendant mes études de droit à l’Université de Gand, j’ai compris que j’avais trouvé ma voie. En Belgique, cette branche est encore très peu présente dans le droit environnemental. »

Vous avez obtenu pour votre doctorat le Prix de la banque VDK pour le développement durable. De quoi parle votre thèse ?

Ma thèse de doctorat s’intitule ‘Naar nieuwe juridische instrumenten voor dierenwelzijn’ (Vers de nouveaux instruments juridiques en faveur du bien-être animal). J’y analyse le fait que le bien-être animal est très loin d’être une priorité du développement durable. Dans les objectifs de développement durable des Nations Unies, on ne parle pratiquement pas du bien-être animal. 

La souffrance individuelle des animaux et leur dignité sont considérées comme secondaires. 

Comment l’expliquez-vous ?

Je l’explique par notre vision du monde anthropocentriste. Les humains s’intéressent à l’environnement et aux changements climatiques qui sont fortement liés à son cadre de vie, qui est menacé. Un animal est considéré comme une espèce et non comme un individu. Les espèces ne peuvent s’éteindre car c’est mauvais pour la biodiversité et donc aussi pour l’Homme. La souffrance individuelle des animaux et leur dignité sont considérées comme secondaires. 

Les choses ne sont-elles pas en train de changer ?

Depuis la crise du coronavirus, l’idée ‘One Health, One Welfare’ gagne du terrain. D’après ce concept, le bien-être et la santé animale, humaine et environnementale sont indissociables. A terme, cela peut représenter une ouverture pour faire basculer notre vision anthropocentriste vers une approche écocentrique. En outre, non seulement les humains, mais aussi la nature, ont une valeur intrinsèque. 

Comment comptez-vous ancrer davantage les droits juridiques des animaux ?

C’est possible au niveau international via les Nations Unies. Mais notre pays pourrait aussi être précurseur, par exemple en inscrivant la protection des animaux et le bien-être animal dans la Constitution. En Belgique, nous disposons d’une première base par le truchement des lois régionales sur le bien-être animal. Mais nous pouvons faire mieux. Il suffit de penser à la castration sans anesthésie des porcelets, à la chasse, à l’élevage intensif, etc. En inscrivant le bien-être animal dans la Constitution, nous apporterions à nos amis animaux une protection supplémentaire au niveau national. 

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