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Bien-être animal: « La prochaine étape: reconnaître le statut de l’animal dans la Constitution »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Depuis le 1er juillet, un permis est désormais obligatoire pour pouvoir acquérir un animal de compagnie. Pour Michel Vandenbosch, président de Gaia, cela démontre que « la souffrance animale n’est plus tournée en ridicule ». Prochaine étape: reconnaître dans la Constitution le statut de l’animal en tant qu’être sensible.

L’infatigable défenseur de la cause animale mesure les progrès accomplis depuis trente ans dans la prise de conscience de la sensibilité et de la souffrance des animaux. Mais il reste à faire.

Montrer patte blanche pour acquérir un animal de compagnie, c’est un grand pas?

C’est sans aucun doute une mesure positive et ses détracteurs feraient mieux de s’abstenir de la critiquer au nom d’intérêts étrangers au bien-être animal. On prétend que cela démotivera les gens à adopter un animal de compagnie, on a évidemment cherché à ridiculiser ce permis de détention parce qu’il s’appliquera aussi aux poissons rouges, comme s’il ne s’agissait pas d’êtres vivants à part entière. Le fait est que l’introduction de ce permis est applaudie par les refuges, les associations de protection animale et le secteur animalier qui fait preuve de sérieux. Il faudra attendre la confrontation de la mesure avec la réalité du terrain avant de procéder à son évaluation et à d’éventuelles corrections. Il faut donner du temps au temps pour la laisser se concrétiser.

Il y a trente ans, lorsqu’un député posait une question sur la souffrance animale, son intervention était accueillie par des miaulements ou des aboiements.

L’ obligation de présenter une «attestation de non-maltraitance animale» ne montrera-t-elle pas ses limites en matière de contrôle et de sanctions et faire le bonheur ou la fortune de filières d’acquisition clandestines?

C’est le lot de toute mesure légale de risquer d’être contournée, aucune n’est jamais parfaite. Mais il faut y voir un moyen de pression, de contrôle social. Les associations de défense des animaux recevront certainement des plaintes si un vendeur ne respectait pas ses obligations. Sans être une solution miracle, il s’agit d’une avancée nécessaire qui se heurtera toujours à des personnes de mauvaise foi. Mais si on n’essaie rien, la situation ne s’améliorera jamais. Mettre fin aux décisions prises sur un coup de tête ou sous le coup de l’émotion, sans se poser la question de savoir si l’on pourra garantir une qualité de vie à un animal, c’est un progrès qu’il faut saluer.

Comment la cause du bien-être animal se porte-t-elle aujourd’hui?

Elle a fait de grands progrès, sans l’ombre d’un doute. Cela fait près de quarante ans que je suis sur la brèche et trente ans que Gaia existe. Depuis 1992, la situation a considérablement changé. Les Belges, du nord au sud en passant par le centre du pays, sont devenus plus sensibles à la souffrance animale. Une dynamique vraiment positive s’est créée, notamment sous l’effet des campagnes menées par des organisations de défense des animaux comme la nôtre. Interdiction de l’emploi d’animaux sauvages dans les cirques et de poneys dans les manèges forains, interdiction de l’élevage des animaux à fourrure dans les trois Régions du pays avec pour conséquence qu’en 2023 au plus tard, la Belgique sera exempte d’usines à fourrure. L’importance du bien-être animal est aujourd’hui reconnue à tous les échelons de la société, y compris au sein du monde politique, judiciaire ou de l’entreprise. Nous avons même, fait unique au monde, trois ministres régionaux dotés de la compétence, à part entière, du bien-être animal. Il y a trente ans, lorsqu’un député osait poser une question sur la souffrance animale, son intervention était accueillie dans l’hémicycle par des miaulements, des aboiements, des grognements. Aujourd’hui, la thématique n’est plus tournée en ridicule.

Quelle devrait être la prochaine étape en faveur des animaux?

Faire reconnaître dans la Constitution le statut de l’animal en tant qu’être sensible, doué d’intérêts personnels et de dignité, qui mérite à cet égard une protection spécifique. La Région bruxelloise s’est dotée d’une loi générale sur le bien-être animal mais on vient de voir l’usage qui en a été fait au parlement régional où, à quatre voix près, l’interdiction de l’abattage rituel des moutons sans étourdissement préalable obligatoire a été rejetée. Quand la particratie et le communautarisme électoral sont jugés plus importants que la souffrance infligée à des milliers d’animaux égorgés, au mépris des réalités scientifiques, il faut se dire qu’on peut et qu’on doit certainement mieux faire.

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