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Unesco: victoire diplomatique pour les Palestiniens

Les Palestiniens obtiennent le statut de membre à part entière de l’Unesco, ce lundi. Une adhésion « prématurée » pour de nombreux diplomates. Les Américains et les Israéliens menacent de couper leur financement aux activités de l’Unesco.

Les Palestiniens ont réalisé une percée diplomatique significative ce lundi. Les Etats membres de l’Unesco ont majoritairement choisi de leur donner le statut de membre à part entière de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture de l’ONU, lors d’un vote à Paris. Ce vote se déroulait dans un contexte de regain de violence entre Israël et les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les Palestiniens ne bénéficiaient jusqu’à présent que d’un statut d’observateurs à l’Unesco. Cette organisation des Nations unies est la première à les accueillir en tant que membre à part entière, au moment où la demande d’adhésion de la Palestine comme membre auprès des Nations unies elles-mêmes, à New York, est menacée par un veto probable des Etats-Unis.

Le 195e Etat membre de l’Unesco
« Lorsque les discours seront terminés vers 12H30-13H00 (11H30-12H00 GMT), il y aura un vote et les Palestiniens vont gagner », a anticipé l’ambassadeur israélien auprès de l’Unesco, Nimrod Barkan, lundi matin. C’est chose faite, ce lundi midi. « L’entrée de la Palestine porte le nombre d’Etats membres de l’Unesco à 195 », a dit l’organisation dans un communiqué. Elle s’ajoute à celle du Soudan du Sud, votée vendredi dernier.

La France a voté pour l’adhésion, alors qu’elle s’était abstenue lors d’un vote antérieur au Conseil exécutif, préalable au vote final. Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, ainsi que la quasi-totalité des pays arabes, africains et latino-américains ont aussi voté pour: 107 des 193 Etats membres ont dit « oui », alors que 14 autres pays ont rejeté cette candidature. Les Etats-Unis, l’Allemagne et le Canada, par exemple, ont voté contre. 52 autres pays comme l’Italie et le Royaume Uni se sont abstenus. Et douze Etats n’ont pas participé au vote qui s’est fini sous les applaudissements.

Un enjeu diplomatique pour les Palestiniens
Les pressions étaient intenses à l’Unesco… Mais Mahmoud Abbas a été ferme la semaine dernière. « Nous ne renoncerons pas à la demande d’adhésion de la Palestine à l’Unesco, où la bataille est très intense », avait-il déclaré. Car l’enjeu est d’importance pour les Palestiniens qui y voient la possibilité d’un premier succès dans leur démarche d’adhésion à l’ONU en tant qu’Etat membre à part entière.

A Ramallah, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al Malki, a répété dimanche: « Ce succès, si nous l’obtenons, et avec une aussi large majorité, donnera une forte impulsion aux efforts que nous déployons pour obtenir le vote requis aux Nations unies ». La candidature palestinienne à l’ONU avait été solennellement déposée le 23 septembre à New York par le président Mahmoud Abbas, et elle doit être examinée le 11 novembre par le Conseil de sécurité, où elle pourrait être frappée d’un veto américain.

« C’est vraiment un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits », a réagi le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Riyad al-Malki, ce lundi après le vote. « Ce n’est que le début du chemin ardu qui nous permettra de libérer de l’occupation » les Palestiniens.

Une démarche « prématurée »
L’affaire embarrasse surtout les Américains. Les Etats-Unis jugent l’adhésion des Palestiniens à l’Unesco « prématurée » et « contreproductive », a déclaré lundi la sous-secrétaire américaine à l’Education, Martha Kanter, devant la Conférence générale de l’organisation, avant le vote.

Les Etats-Unis ont déjà indiqué qu’en cas de vote positif, ils suspendraient leur financement aux activités de l’Unesco, soit 70 millions de dollars et 22% de son budget (lire l’encadré). Deux lois américaines du début des années 1990 interdisent en effet le financement d’une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu’Etat membre à part entière, en l’absence d’accord de paix avec Israël.

Israël a immédiatement dénoncé « une manoeuvre palestinienne unilatérale qui ne changera rien sur le terrain mais éloigne davantage la possibilité d’un accord de paix ». Selon l’ambassadeur israélien à l’Unesco, le pays devrait suivre les Etats-Unis qui comptent suspendre leur financement des activités de l’Unesco en cas de vote favorable aux Palestiniens.

Levif.be, avec Lexpress.fr





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