The remains of a destroyed Russian T-72 tank, secured from the Ukrainian village of Dmytrivka, outside Kyiv are on display near the Russian embassy at Unter den Linden boulevard, during an event to mark the one-year anniversary of the Russian invasion of Ukraine, in Berlin, Germany, February 24, 2023. REUTERS/Fabrizio Bensch

Un an de guerre en Ukraine, et maintenant? Voici le scénario le plus probable

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les douze mois de guerre en Ukraine n’ont pas débouché sur des perspectives de paix. Au contraire, le conflit est plus enlisé que jamais. Et les spéculations sur les futurs événements vont bon train. Pour Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut Royal Supérieur de Défense (IRSD), il est probable qu’une situation de « Ni vraie victoire, ni vraie paix » dure dans le temps.

Nicolas Gosset : « La terminologie du ‘conflit gelé’ se doit d’être nuancée. J’ai plutôt tendance à qualifier cette hypothèse de ‘ni vraie victoire, ni vraie paix’. Le conflit gelé voudrait dire qu’il y a une neutralisation respective de la guerre en Ukraine avec une dissipation quasi complète des combats. Or, l’incapacité éventuelle d’un des deux camps à atteindre une victoire et/ou une paix durable ne se traduit pas nécessairement par une véritable interruption du conflit.

Le terme ‘conflit gelé’ est donc trompeur. Il insinue qu’il n’y a pas de paix, mais plus de guerre. Alors que la réalité des conflits gelés ces dernières années -le cas du Karabakh est un bon exemple- c’est, paradoxalement, que rien n’est véritablement gelé. On peut plutôt parler de conflits dont l’intensité diminue et ressurgit par pics. En substance, c’est une continuation de guerre séquencée, tantôt à bas bruit, tantôt en plus forte intensité.

Tout le paradoxe est donc de définir ce qu’est un conflit gelé. Entre une ligne qui retourne à la situation du 23 février, ou une ligne qui se stabilise peut-être encore plus loin que la situation actuelle, on a 50 nuances de gris.

Ukraine: une guerre d’usure

D’un point de vue très prosaïque, le conflit est déjà enlisé. La guerre de mouvement a eu lieu essentiellement lors des deux premiers mois. Lorsque les Russes ont basculé dans le Donbass, un effet d’allant leur a permis de progresser en mai et juin. Mais cet élan a été stoppé avec la prise de Sievierodonetsk et Lyssytchansk, fin juin-début juillet. Un enlisement a ensuite perduré tout l’été, jusqu’au moment où les Ukrainiens ont pu reprendre la logique de la guerre de mouvement. Actuellement, nous sommes à nouveau dans une logique statique et d’équilibre des forces. 

Cette guerre d’usure, pérenne, pourrait voir un effort de reconquête ukrainien contrebalancé par l’effort russe de mobilisation. Les vagues humaines successives permettraient alors à la Russie de tenir le coup numériquement. Dans cette hypothèse, on atteint une position d’équilibre sans parvenir à modifier significativement le rapport de force. Si les Russes ne parviennent pas à produire suffisamment de matériel, et que les Ukrainiens n’en obtiennent pas assez, les combats diminuent en intensité et les adversaires s’épuisent mutuellement.

Cette option de ‘ni vraie victoire, ni vraie paix’ est probable. »

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