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Russie : désaccord entre Poutine et Merkel sur le pacte germano-soviétique de 1939

Vladimir Poutine et Angela Merkel ont affiché dimanche leur désaccord concernant le pacte germano-soviétique, le président russe défendant l’idée que l’URSS n’avait pas d’autre choix pour éviter en 1939 la guerre avec l’Allemagne et la chancelière allemande rappelant que le partage de la Pologne et l’annexion des pays baltes étaient « illégitimes ».

Les deux dirigeants s’exprimaient sur ce moment clé de l’Histoire européenne du XXe lors d’une conférence de presse commune après des entretiens au Kremlin au lendemain des festivités grandioses à Moscou marquant le 70e anniversaire de la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie.

En août 1939, l’Allemagne et l’URSS avaient signé un traité de non-agression, le pacte Molotov-Ribbentrop, qui prévoyait une position de neutralité dans le cas où l’un des signataires serait attaqué. Mais surtout, des protocoles secrets organisaient le partage de la Pologne entre l’URSS et l’Allemagne et l’annexion par les troupes soviétiques des pays baltes. Restés secrets en URSS pendant 50 ans, ces protocoles ne furent révélés qu’en 1989 à la faveur de la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev.

Aujourd’hui encore, ils expliquent en partie la méfiance à l’égard de la Russie des Polonais, et des Baltes qui n’ont accédé à l’indépendance qu’en 1991. « L’Union soviétique a fait un tas d’efforts pour créer les conditions favorables à une résistance collective au nazisme en Allemagne (…), pour former un bloc antifasciste en Europe », a estimé M. Poutine. « Mais tous ses efforts n’ont pas été couronnés de succès. » « Lorsque l’URSS a réalisé qu’on l’avait laissée toute seule face à l’Allemagne d’Hitler, il a pris des mesures visant à éviter un affrontement direct, et le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé », a indiqué le président russe.

« Ce pacte avait du sens du point de vue des garanties de sécurité pour l’Union soviétique », a-t-il affirmé, réagissant aux récents propos du ministre russe de la Culture Vladimir Medinski.

Ce dernier a récemment qualifié le pacte Molotov-Ribbentrop de triomphe de la diplomatie de Joseph Staline. « Il est difficile de comprendre le pacte Molotov-Ribbentrop si on ne tient pas compte de la clause supplémentaire secrète » qui prévoyait le partage de la Pologne et l’annexion des pays baltes, a ensuite répondu Mme Merkel. « De ce point de vue, je pense que ce n’était pas correct, que c’était fait sur une base illégitime », a-t-elle déclaré, selon ses propos traduits en russe.

En 2009, M. Poutine, alors Premier ministre, avait estimé en référence au pacte germano-soviétique que « toutes les tentatives d’apaiser les nazis entre 1934 et 1939 par divers accords et pactes étaient moralement inacceptables ».

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