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RDC: nouvelle charge contre les propos de M. De Croo

Le ministre congolais de l’Information et porte-parole du gouvernement de Kinshasa, Lambert Mende Omalanga, a une nouvelle fois fustigé les propos « vitriolés » tenus par le ministre belge de la Coopération au développement, Alexander De Croo, qui avait, lors de sa visite en République démocratique du Congo (RDC), dénoncé des mesures prises par le régime du président Joseph Kabila lors de troubles le mois dernier.

« J’ai pris connaissance, comme d’autres compatriotes, de la volée de bois vert que vous avez cru devoir infliger aux autorités de la RDC auxquelles vous avez reproché +des mesures liberticides+, vous insurgeant particulièrement contre des arrestations arbitraires, l’instrumentalisation de la justice ainsi que le blocage d’Internet et des réseaux sociaux par lesdites autorités », a indiqué M. Mende dans une lettre ouverte publiée jeudi par la presse kinoise. « Passons sur le ton: n’est pas diplomate qui veut… », ajoute le ministre congolais, qui s’était déjà dit lundi « choqué » par les mots prononcés par M. De Croo. Le ministre belge avait dénoncé, quelques heures après son arrivée à Kinshasa, « la situation face à laquelle nous nous trouvons, avec son lot d’arrestations, de justice arbitraire et d’interruption de l’internet mobile et du trafic des SMS, l’instrumentalisation de la justice », qui n’est selon lui « pas tolérable ». « On aurait pu mettre les propos vitriolés dont le gouvernement qui vous recevait a été gratifié sur le compte de ce mimétisme colonial par procuration auquel d’autres émissaires belges en d’autres temps nous avaient habitués », poursuit M. Mende, dans une allusion à Karel De Gucht, un ex-ministre des Affaires étrangères, lui aussi libéral flamand, connu pour ses critiques à répétition des dirigeants congolais, au point de provoquer une grave crise entre Kinshasa et Bruxelles. « Il faut, hélas, constater qu’il s’agit tout simplement d’ignorance. Votre discours dans une langue, le néerlandais, que très peu de Congolais maîtrisent, témoigne en effet d’une méconnaissance du fait que le monde a changé depuis l’indépendance de notre pays en 1960 et que les fictions infantiles de Tintin au Congo sont passablement dépassées comme grille de lecture des faits et des idées », affirme encore le porte-parole du gouvernement congolais en faisant allusion aux propos de M. De Croo, prononcés samedi soir, en petit comité, dans le jardin de la résidence de l’ambassadeur de Belgique en RDC, alternativement en français et en néerlandais, selon des journalistes présents. Dans sa lettre ouverte, M. Mende s’étonne qu’au moment où tous les pays du monde, Belgique comprise, prennent des mesures conservatoires contre le terrorisme et envisagent un resserrement des législations contre la cybercriminalité, « vous vous évertuez à dissuader la RDC, victime de l’extrémisme violent, d’entreprendre cet exercice légitime de vigilance ». Il cite l’exemple de la France, qui a décidé de « mieux contrôler les applications des réseaux sociaux », du pape François qui a déclaré après l’attentat de Charlie Hebdo que « l’impératif sécuritaire peut commander que des limites soient apposées à la liberté d’expression » ainsi que les Etats-Unis et le Nigeria qui ont bloqué le compte twitter de la secte islamiste Boko Haram. M. Mende défend aussi l’arrestation des présumés coupables de l’assassinat de deux policiers congolais – « l’un par balle et l’autre lynché par une bande bien identifiée » – lors des émeutes de janvier qui avaient fait au moins 27 morts, selon un bilan officiel, et évoque l’action de la police de Verviers « lorsque des malfrats ont tiré récemment sur des agents de l’ordre » en tuant deux personnes soupçonnées de préparer un attentat. Selon le porte-parole du gouvernement, « les personnes arrêtées lors des événements de triste mémoire que les Congolais ont vécu les 19 et 20 janvier derniers, avaient été, dans leur grande majorité, surprises par la police en flagrant délit de pillage, d’incendie criminel, de vandalisme ou de violences. « Mais vous vous permettez d’enjoindre à la justice de ne pas les poursuivre », poursuit M. Mende. Affirmant ne pas savoir grand-chose sur la trajectoire personnelle de M. De Croo, il assure avoir tendance à lui accorder le bénéfice du doute ».

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