Rashida Tlaib © Reuters

Rashida Tlaib, la rebelle du Midwest (portrait)

Maxence Dozin
Maxence Dozin Journaliste. Correspondant du Vif aux Etats-Unis.

La députée démocrate du Michigan, première femme politique d’origine palestinienne à siéger au Congrès, pousse Joe Biden, avec l’aile gauche du parti, à infléchir la politique de soutien des Etats-Unis envers Israël.

Certes, le conflit israélo-palestinien récemment ranimé n’a fait que raviver sa popularité auprès de toute une frange de la classe politique démocrate, jeune, progressiste et fortement opposée au soutien presque inconditionnel dont jouit Israël de la part des Etats-Unis depuis sa création en 1948 et plus encore depuis la Guerre des Six jours. Mais c’est Donald Trump, lorsqu’il s’est ouvertement opposé en 2019 à elle et au groupe de femmes démocrates d’origine étrangère élues au Congrès, qui a placé Rashida Tlaib sur la carte politique américaine.

Juriste de formation, Palestinienne d’origine – ses deux parents y sont nés -, députée du treizième district de l’Etat du Michigan depuis 2019, Rashida Tlaib est connue pour ses positions tranchées envers la politique de colonisation israélienne. Opposée à la solution à deux Etats pourtant préconisée par les lobbies israéliens les plus mesurés, elle s’est depuis longtemps mise hors-jeu aux yeux de ces derniers, ainsi que de l’ensemble du Parti républicain comme des démocrates les plus traditionalistes en politique étrangère. Partisane de la solution à un Etat binational, farouche défenseuse de la politique du boycott, du désinvestissement et des sanctions à l’égard d’Israël, elle s’est vu retirer, en août 2019 sur pression de Donald Trump lui-même, la possibilité de se rendre dans l’Etat hébreu. Elle devait obtenir le droit le lendemain, « pour raisons humanitaires », d’aller voir sa famille en Cisjordanie, sésame qu’elle refusa, citant « l’inanité de ces conditions oppressantes ».

Je veux partager avec vous ce qu’une mère palestinienne a écrit en parlant [du conflit]. u0022Ce soir, je mets les enfants au lit afin que lorsque nous mourrons, nous puissions mourir ensemble.u0022 […] Nous devons accorder de l’aide au gouvernement israélien uniquement en accord avec les standards internationaux en matière de droits de l’homme et en vue de mettre fin à l’apartheid.u0022

Sur l’aide des Etats-Unis, lors d’une session parlementaire du Congru0026#xE8;s, le 13 mai 2021. Rashida Tlaib

Démocrate socialiste

Aînée de quatorze enfants, elle a été élue au Congrès en 2019 grâce notamment aux voix de la communauté arabe de la ville de Detroit, dont la moitié – la plus pauvre – est comprise dans son district. Lors de la visite du président américain, le 18 mai, d’une usine automobile d’avant-garde du groupe Ford (le même qui a jadis employé son père) à Dearborn, dans le Michigan, Rashida Tlaib, alors même qu’une importante manifestation de soutien au peuple palestinien avait lieu en ville, a accueilli Joe Biden en l’implorant de favoriser davantage les droits des Palestiniens et de revoir la politique d’aide financière américaine systématique à l’Etat hébreu. Membre du réseau des Démocrates socialistes des Etats-Unis, comme son amie la jeune députée du Bronx Alexandria Ocasio-Cortez, Rashida Tlaib fait partie de cette nouvelle génération d’élues de gauche dont le destin est inséparable des revendications raciales qui secouent les Etats-Unis, particulièrement depuis une demi-douzaine d’années.

Les droits humains des Palestiniens ne sont pas une monnaie d’échange et doivent être protégés, et pas négociés. Les Etats-Unis ne peuvent continuer à donner au gouvernement de droite de Nétanyahou des milliards de dollars chaque année pour commettre des crimes à l’égard du peuple palestinien. Des atrocités comme le bombardement d’écoles ne peuvent être tolérées, particulièrement lorsqu’elles sont diligentées à l’aide d’armes produites aux Etats-Unis.u0022

Sur les droits des Palestiniens, u0026#xE0; Detroit, le 18 mai 2021, Rashida Tlaib

Sur ces mêmes revendications sont désormais venus se greffer des appels à davantage de protection du peuple palestinien, appels d’ailleurs relayés par une faction sans cesse grandissante de parlementaires démocrates, et de l’opinion publique. La moitié des sympathisants du parti estime désormais qu’il revient à Israël de faire davantage pour participer à une résolution pacifique du conflit.

Dates clés

  • 1976: Naissance le 24 juillet à Detroit.
  • 2019: Elue députée du treizième district du Michigan à la Chambre des représentants, le 6 novembre. Première femme musulmane à y siéger, avec Ilhan Omar, élue du Minnesota.
  • 2019: Apporte son soutien à Bernie Sanders dans la course à la présidentielle de 2020.
  • 2020: Réélue le 3 novembre.

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