Ballon Chinois
Un ballon chinois © Belga

Que sont ces mystérieux ballons « espions » chinois ?

Le ballon « espion » chinois qui a survolé le territoire américain cette semaine a provoqué le report de la visite du chef de la diplomatie américaine en Chine. Un autre vient d’être repéré au-dessus de l’Amérique du Sud. Mais quelle technologie se cache derrière ces outils perfectionnés et difficiles à abattre ? La réponse de William Kim, un expert américain en la matière.

Que sont ces mystérieux ballons « espions » chinois ?

Le ballon « espion » chinois qui a survolé le territoire américain cette semaine a provoqué le report de la visite du chef de la diplomatie américaine en Chine. Un autre vient d’être repéré au-dessus de l’Amérique du Sud. Mais quelle technologie se cache derrière ces outils perfectionnés et difficiles à abattre ? La réponse de William Kim, un expert américain en la matière.

Un ballon « espion » guidé par l’intelligence artificielle ?

Pour William Kim, spécialiste des ballons de surveillance au centre de réflexion Marathon Initiative de Washington, ces aéronefs sont de puissants outils de surveillance difficiles à abattre. Si l’aspect du ballon chinois ressemble à celui d’un ballon-sonde météo habituel, quelques éléments diffèrent, fait remarquer M. Kim. Son imposante charge utile, bien visible, est constituée d’outillage électronique pour le guidage et la surveillance, ainsi que de panneaux solaires pour alimenter l’ensemble. Selon lui, ce ballon pourrait embarquer des technologies de guidage pas encore en place au sein de l’armée américaine. L’expert explique qu’avec les progrès de l’intelligence artificielle (IA), il est désormais possible pour un ballon de se diriger en changeant simplement d’altitude afin de parvenir à un point idoine pour trouver un vent le poussant vers la destination désirée. Avant cela, il fallait soit le diriger du sol avec un câble, « soit vous le lancez, et il va où le vent l’emporte », précise William Kim.

« Ce qui s’est passé très récemment avec les progrès de l’IA, c’est qu’on peut désormais avoir un ballon (…) qui n’a même pas besoin de ses propres moyens de propulsion. En contrôlant simplement l’altitude, il peut contrôler sa direction« , résume-t-il. Une telle technologie pourrait tout de même impliquer des communications avec sa base.

Quels sont les avantages par rapport aux satellites ?

Selon M. Kim, les satellites sont de plus en plus vulnérables aux attaques terrestres et spatiales. Les ballons, eux, présentent de multiples avantages, à commencer par leur capacité à échapper aux radars. « Ils sont fait en matériaux qui ne réfléchissent pas la lumière, ils ne sont pas en métal. Donc même s’ils peuvent être plutôt gros (…) les détecter sera une difficulté« . S’ils sont assez petits, les dispositifs d’espionnage et la charge utile de ces aéronefs peuvent même passer inaperçus. Les ballons ont aussi l’avantage de pouvoir maintenir une position stationnaire au-dessus d’une cible à surveiller, contrairement aux satellites-espions qui doivent rester en orbite.  « Ils peuvent survoler une même position pendant des mois« , assure l’expert.

Le ballon a-t-il pu arriver aux Etats-Unis par accident ?

Pour William Kim, c’est une « vraie possibilité« . Le ballon chinois a en effet pu être envoyé au départ pour collecter des données hors des frontières américaines ou bien plus haut, avant de dysfonctionner. « Ces ballons ne fonctionnent pas toujours parfaitement », affirme-t-il, soulignant que l’appareil chinois volait à environ 46.000 pieds au-dessus du sol, contre 65.000 à 100.000 habituellement pour ce type d’outils. « C’est assurément un peu bas (…) Si l’objectif était de le rendre plus difficile à détecter, plus difficile à abattre, cela aurait eu du sens de l’envoyer à plus haute altitude ».

Pourquoi les Etats-Unis ne peuvent-ils pas l’abattre ?

Abattre le ballon n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît, prévient M. Kim. « Ces ballons fonctionnent à l’hélium (…) vous ne pouvez pas juste lui tirer dessus et le faire prendre feu » comme un dirigeable, détaille le spécialiste. « Ce ne sont pas des choses qui explosent ou éclatent », poursuit-il. « Si vous le trouez, il va juste se dégonfler très lentement« . William Kim rappelle qu’en 1998 l’armée de l’air du Canada a envoyé un avion de combat F-18 pour tenter d’abattre un ballon météo considéré comme voyou.  « Ils l’ont criblé d’un millier de munitions de 20 millimètres. Et cela a quand même pris six jours avant qu’il redescende ».

Pour M. Kim, il n’est pas évident de savoir si les missiles sol-air fonctionnent contre ce type de ballon. Leurs systèmes de guidage sont en effet conçus pour traquer des cibles véloces.

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