Gérald Papy

Proche-Orient: pour que la violence ait une fin

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le scénario d’une accalmie durable est peu probable. Mais au moins les Etats-Unis essayent de rééquilibrer leurs relations avec les Israéliens et les Palestiniens.

Dans le contexte sécuritaire (fait d’attaques terroristes et de répression musclée) et politique (marqué par la surenchère extrémiste d’un côté, une faiblesse insigne de l’autre) qui prévaut en Israël et en Cisjordanie occupée, la poussée de violences observée, depuis le 26 janvier, de Jénine à Jérusalem ne pouvait pas surprendre

La dénégation par les Israéliens de leur droit à un Etat indépendant, le tout répressif pratiqué pour gérer leurs territoires sous occupation et la perte de toute perspective d’amélioration de leurs conditions de vie poussent naturellement les Palestiniens à se détourner du combat politique et à lui substituer souvent la violence. La recrudescence des attaques terroristes sur le territoire d’Israël, les tirs récurrents de missiles par le mouvement islamiste Hamas depuis la bande de Gaza, la militarisation croissante de la jeunesse palestinienne conduisent logiquement les Israéliens à chercher à renforcer leur sécurité.

Ce cadre connu, il est peu probable que le réengagement des Etats-Unis sur la scène israélo-palestinienne, traduite par la visite du secrétaire d’ Etat Antony Blinken à Jérusalem et à Ramallah les 30 et 31 janvier, change rapidement la donne. L’ évolution de la situation dans les prochains jours indiquera simplement si une accalmie dans les affrontements peut intervenir et si l’ Autorité palestinienne accepte de restaurer la coopération sécuritaire avec Israël, que son président Mahmoud Abbas a suspendue après l’opération meurtrière de Jénine. Mais ces éventuels acquis n’octroieront qu’un sursis aux populations avant une nouvelle flambée de violences, faute de discussions sur les questions de fond.

Israël ne bénéficiera d’une véritable sécurité que le jour où une réponse sera trouvée aux aspirations des Palestiniens.

Pourtant, Antony Blinken a eu le mérite de rappeler à la partie israélienne, lors de sa rencontre avec Benjamin Netanyahou à Jérusalem, à la fois l’enjeu de la reprise d’un dialogue et l’intérêt de celle-ci pour Israël. «Les Palestiniens et les Israéliens doivent pouvoir jouir des mêmes droits en matière de liberté, de sécurité, de justice et de dignité. Il faut qu’ils aient les mêmes opportunités. […] Nous continuons de croire que le meilleur moyen d’atteindre cet objectif est de concrétiser la solution à deux Etats. Je l’ai dit au Premier ministre Benjamin Netanyahou: tout ce qui s’éloigne de cette solution constitue, selon nous, une menace sur le long terme à la sécurité d’Israël et aussi à son identité d’Etat juif démocratique.» Tout ce qui était important à rappeler a été dit dans ce propos du chef de la diplomatie américaine. Israël ne bénéficiera d’une véritable sécurité que le jour où une réponse sera trouvée aux aspirations des Palestiniens. Israël perdrait de sa crédibilité et de son attractivité si «la seule démocratie du Moyen-Orient» venait à saper les bases de son Etat de droit comme la réforme judiciaire inscrite dans le programme du gouvernement radical Netanyahou VI incline à le redouter.

Ainsi la politique de l’administration Biden, à mille lieues du tropisme proisraélien de Donald Trump, rééquilibre au moins la position des Etats-Unis au bénéfice, encore très mesuré, de l’ Autorité palestinienne. Elle ne présage pas encore, loin de là, de la possibilité de pressions qui ramèneraient les Israéliens à une table de négociation. Mais c’était un préalable nécessaire. Que Washington pourrait faire fructifier en rappelant, autre moyen de pression, que ce n’est qu’avec les Etats-Unis que Netanyahou pourra remporter le combat le plus important pour Israël, celui contre l’Iran.

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