L’attentat du bord de mer de Tel-Aviv, un coup porté au tourisme israélien. © getty images

Proche-Orient : de provocation en provocation, l’engrenage de la violence

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’attentat contre des touristes à Tel-Aviv risque de plomber un peu plus une économie déjà affectée par la multiplication des tensions.

Aux tirs de roquettes sur Israël depuis le Liban, opérés en représailles à l’intervention brutale de forces israéliennes dans la mosquée al-Aqsa le 5 avril, se sont ajoutés deux attentats le 7 avril. Illustration de l’engrenage mortifère dans lequel sont engagés le gouvernement israélien, qui compte des partis d’extrême droite, et le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. L’inspecteur général de la police israélienne, Kobi Shabtai, a d’ailleurs reconnu que ses hommes avaient usé «d’un petit peu trop de force» lors de l’assaut contre le lieu saint musulman à Jérusalem.

La première attaque terroriste a visé les occupants d’un véhicule israélien dans le nord-est de la Cisjordanie occupée. Deux jeunes filles de 16 et 20 ans sont décédées sur le coup ; leur mère, 48 ans, a succombé à ses blessures le 9 avril. La famille, de nationalité britannique, résidait dans la colonie d’Efrat. Le second attentat, dans la soirée du 7 avril, a fait pour victimes des touristes italiens sur l’artère longeant le bord de mer très prisé de Tel-Aviv. Une voiture a foncé sur un groupe de badauds. Un homme de 36 ans a été tué. L’assaillant a été abattu par les policiers arrivés sur place. Arabe israélien, il provenait de la localité de Kafr Qassem. Le Hamas et le Djihad islamique ont qualifié l’attaque de «réponse naturelle et légitime» à l’agression israélienne contre la mosquée al-Aqsa.

Aucun signe d’accalmie ne semble devoir freiner le cycle des violences.

Menace sur le tourisme

Après la disette due à la crise du Covid, le tourisme avait repris une certaine vitalité en Israël en 2023. Quelque 258 000 entrées de voyageurs étaient enregistrées en janvier contre 46 200 douze mois plus tôt. Un chiffre se rapprochant des 284 800 observées en janvier 2019. Cette année-là, 4,6 millions de touristes ont visité le pays. Difficile de déterminer si l’assaillant de Tel-Aviv a saisi, de manière fortuite, l’opportunité d’un rassemblement de personnes ou s’il a délibérément voulu cibler des touristes pour nuire, indirectement, à l’économie israélienne.

Quelle que soit l’hypothèse, la tendance haussière que laissent présager les résultats du mois de janvier risque bien de souffrir de la montée générale des tensions, entre Israéliens et Palestiniens et entre Israéliens eux-mêmes autour de la contestation de la réforme de la justice, indépendamment même de l’attentat spécifique de Tel-Aviv.

Soutien aux colons

D’autant qu’aucun signe d’accalmie ne semble devoir freiner le cycle des violences. Le 10 avril, sept ministres du gouvernement, dont celui de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, et celui des Finances, Bezalel Smotrich, dirigeants de partis d’extrême droite, ont participé à une marche d’une quinzaine de milliers de colons vers Eyatar, au sud de Naplouse, une ancienne colonie sauvage évacuée en 2021 dont la reconstruction a commencé et dont les manifestants réclamaient la «légalisation immédiate».

Et au cours de la seule journée du 11 avril, les forces israéliennes ont mené une opération antiterroriste dans le camp de réfugiés de Jéricho, faisant un mort, et ont riposté à une attaque de Palestiniens près de la colonie Elon More à Naplouse, tuant deux assaillants. Où que le regard se pose au Proche-Orient, l’analyse de la conjoncture s’annonce donc particulièrement inquiétante.

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