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Primaires américaines: Hillary Clinton chute, Donald Trump monte

Les primaires présidentielles sont encore lointaines de quelque cinq mois, mais la tendance se confirme: la démocrate Hillary Clinton continue sa chute dans les sondages, tandis que le milliardaire Donald Trump consolide sa première place chez les républicains.

L’homme d’affaires et magnat de l’immobilier ne cesse de battre des records. Ils recueille 32% des intentions de vote dans un nouveau sondage CNN, jeudi. Son avance est trois fois supérieure à la marge d’erreur (4,5 points). Jamais un républicain n’avait dépassé 30% cette année dans les sondages de la chaîne.

Sa première place est incontestable face aux 16 autres candidats déclarés. Il est suivi d’un autre « outsider » de la politique, le neurochirurgien noir à la retraite Ben Carson, dont les manières douces et la foi religieuse séduisent de plus en plus de conservateurs. A eux deux, ils recueillent les faveurs de la moitié de l’électorat républicain, une tendance confirmée par d’autres sondages.

Les sénateurs, gouverneurs et anciens élus et notables républicains sont relégués loin derrière, notamment Jeb Bush, le frère et fils des anciens présidents Bush, dont Donald Trump a raillé cette semaine le manque d’énergie. Rien n’a semblé freiner l’ascension de Donald Trump: ni ses propos sur les clandestins, ni sa remise en cause du statut de héros de John McCain, ni ses attaques contre une journaliste de Fox News, ni ses anciennes positions démocrates déterrées par des adversaires… Non que Donald Trump, 69 ans, ait appris à tenir sa langue. Un journaliste du magazine Rolling Stone a rapporté mercredi avoir vu l’homme d’affaires dire, en regardant la candidate Carly Fiorina à la télévision: « Regardez ce visage! Qui voterait pour ça? Vous imaginez ça, présidente? » Donald Trump a tenté de corriger le tir jeudi, en affirmant sur CNN qu’il parlait de la personnalité et du bilan catastrophique de Carly Fiorina comme PDG de Hewlett Packard.

Comment explique-t-il sa popularité?

« Les gens en ont assez des politiciens qui font des affaires comme l’accord qu’on a fait avec l’Iran », a-t-il répondu jeudi sur CNN. « On a l’air de mendiants, on les a suppliés de signer ».

A gauche, la menace « Bernie »

Chez les démocrates, l’érosion de popularité d’Hillary Clinton se confirme dans un nouveau sondage qui sera décortiqué à la loupe par les états-majors politiques, car focalisé sur le petit Etat rural de l’Iowa, dans le centre des Etats-Unis. Ses électeurs auront le privilège traditionnel d’ouvrir le bal des primaires, le 1er février 2016, en participant aux premières consultations du cycle électoral. Hillary Clinton y avait été battue par Barack Obama en 2008, dopant la candidature du sénateur. Les sondages actuels ne sont aucunement prédictifs des résultats de cette future consultation, mais ils illustrent le problème d’image de celle qui commença sa campagne, en avril, avec l’étiquette d’ultra-favorite. Le sondage Quinnipiac paru jeudi montre que le sénateur indépendant et « socialiste démocrate » Bernie Sanders, 74 ans, fait jeu égal avec l’ex-secrétaire d’Etat de 67 ans dans l’Iowa, avec 41% des intentions de vote contre 40% (3,4 points de marge d’erreur). Jusqu’à présent, elle avait gardé une avance confortable. Il l’avait déjà doublée dans le New Hampshire, qui votera en deuxième. Elle garde nettement l’avantage dans les sondages nationaux, mais dans la tradition américaine, ces deux Etats font office de terrains d’essai pour les candidats.

« Il est le candidat de la gauche démocrate, contre les chefs du parti et leur chère candidate présidentielle, Hillary Clinton », analyse Peter Brown, sondeur de Quinnipiac. « Bernie Sanders a pris l’ascendant grâce à un message qui fait mouche avec les électeurs des primaires, qui sont disproportionnellement à gauche ». Bernie Sanders fait campagne sur la gauche du parti, prenant exemple sur les politiques sociales européennes. La chute d’Hillary Clinton dans les sondages coïncide avec le développement de la polémique sur son usage exclusif d’une messagerie privée, au lieu d’un compte gouvernemental, lorsqu’elle était chef de la diplomatie américaine entre 2009 et 2013, soulevant des questions sur la sécurité de ses communications et l’exhaustivité de leur archivage.

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