Scène de désolation dans le kibboutz de Kfar Aza après l’attaque du Hamas, le 7 octobre. © Getty Images

«Personne n’a été épargné»: 7-Octobre, le livre mémorial des victimes de l’attaque du Hamas

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La journaliste Lee Yaron fait le récit documenté de l’assassinat de plusieurs victimes du Hamas et d’une sauvagerie revendiquée.

«Personne n’a été épargné par le 7-Octobre.» Mémorial du pogrom de ce samedi sinistre, le livre 07 Octobre (1), de Lee Yaron, journaliste du grand quotidien israélien Haaretz, en fait la puissante démonstration. L’ouvrage, fruit de centaines d’entretiens ainsi que de l’analyse de documents officiels et de retranscriptions de messages vocaux et d’e-mails, livre le récit de l’assassinat de personnes aussi diverses que la composition de la population israélienne, des Juifs, en majorité bien sûr, mais aussi des Arabes israéliens, des travailleurs asiatiques, des Bédouins… et cela, dans une multitude de circonstances: sur la route, dans les kibboutz, les villes, les villages, aux abords des habitations, dans les abris censés être sécurisés, au cœur de buissons. Et par une variété de moyens, l’envoi de roquettes et de missiles, des tirs d’armes à feu, des coups de poignard, l’incendie de maisons…

Cette œuvre documentée sur le massacre du 7 octobre dernier est aussi un catalogue des horreurs que peut produire l’homme fanatisé. « »Salut papa, je t’appelle de Melfasim », a dit un terroriste à son père, utilisant le téléphone d’une des victimes. « Ouvre mon message sur WhatsApp et regarde combien j’en ai tué. Regarde combien j’en ai tué de mes propres mains. Ton fils a tué des Juifs ! » – « Que Dieu te protège« , a répondu son père», rapporte Lee Yaron d’après un épisode qui avait déjà été relaté. Le témoignage de Raz Cohen est, lui, moins connu: caché dans un buisson, empêché d’agir sous peine de mourir, il a assisté au viol d’une femme par des terroristes en armes, poursuivi alors même que la victime avait été poignardée à mort…

Impossible de ne pas être touché par ce déchaînement de violences et par les souffrances qu’il a provoquées. Lee Yaron dévoile des récits complets, évoquant le parcours de vie des victimes, dont certaines survivantes de la Shoah, leur calvaire le 7 octobre et, pour certaines, lors de leur détention à Gaza, et la façon dont leurs proches en ont été affectés à vie. Le sort de Tamar Turpiashvili est emblématique de l’effet profond de ce climat de violence généré par l’attaque des miliciens du Hamas. Cette fillette de 9 ans a été victime d’une crise cardiaque déclenchée par une sirène d’alerte préventive contre un tir de roquettes… le 20 octobre. Elle en est décédée huit jours plus tard. L’Etat a reconnu que sa mort avait été causée par des «actes hostiles».

La force du livre de Lee Yaron est aussi que son enquête n’élude pas les défaillances du dispositif sécuritaire israélien: l’interdiction de bombarder un kibboutz opposée à un habitant qui a signalé qu’une cinquantaine de terroristes s’étaient retranchés en un lieu bien circonscrit, ou le défaut de ce mécanisme électronique d’ouverture d’un abri qui laisse un groupe de personnes âgées à la merci des tueurs.

Mais, pour l’avenir de la région, l’élément le plus désespérant est sans doute que nombre de victimes israéliennes du 7-Octobre croyaient sincèrement à la possibilité d’un dialogue avec les Palestiniens. A l’image de plusieurs habitants du kibboutz de Be’eri, membres de l’association Les Voies de la guérison qui assurait le transport de malades gazaouis vers des hôpitaux israéliens. Quand cette entraide pourra-t-elle renaître?

(1) 07 Octobre, par Lee Yaron, Grasset, 368 p.

DR
Catalogue des horreurs que peut produire l’homme fanatisé, l’enquête n’élude pas les défaillances du dispositif sécuritaire israélien.

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