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Les gains des accords commerciaux ne compenseront pas les pertes causées par le Brexit

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Tous les avantages économiques post-Brexit seraient éclipsés par les coûts provoqués par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, selon une analyse des chiffres du gouvernement réalisée par l’Observatoire britannique des politiques commerciales de l’Université du Sussex et commandée par le quotidien The Independent.

Les estimations officielles de l’Office for Budget Responsibility – chargé de fournir une analyse, à la fois indépendante et faisant autorité, des finances publiques du Royaume-Uni – indiquent une perte du Brexit de plus de 1250£ par personne (soit environ 1460 euros) au cours des 15 prochaines années. À l’inverse, tous les accords commerciaux mis en place par Boris Johnson n’auraient un réel avantage économique que de 3 à 7£ par personne(soit entre 3,5 et 8,20 euros).

Même en prenant la prédiction la plus optimiste – c’est-à-dire les 7£ par personne – les pertes financières seraient donc 178 fois plus importantes que les gains des accords commerciaux (1250 divisé par 7 = 178).

En conclusion: le coup de pouce économique ne représenterait que 0,01 à 0,02 % du PIB tandis que le coût économique de la sortie de l’UE est estimé à 4% du PIB, selon une analyse des chiffres du gouvernement commandée par le quotidien The Independent auprès de l’Observatoire britannique des politiques commerciales de l’Université du Sussex. Les accords de libre-échange (ALE) tant vantés par Boris Johnson « ne font qu’effleurer le défi que doit relever le Royaume-Uni pour rattraper les pertes du PIB [causées par le divorce avec l’UE] », déplorent les économistes à la tête de l’étude.

Remplacer les traités perdus

Selon eux, la grande majorité de ces ALE – notamment ceux signés avec la Corée du Sud et Singapour – ne serait finalement qu’une compensation aux traités que l’UE a avec ces mêmes pays et dont le Royaume-Uni bénéficiait en tant que membre.

Des traités de substitution qui n’ont pourtant rien avoir avec les précédents, si l’on en croit les dires du professeur L. Alan Winters, économiste spécialisé dans le commerce à la tête de l’analyse. « Ils n’apportent rien au commerce britannique et, parce qu’ils ne sont pas des répliques parfaites, ils lui nuisent même très légèrement. « 

Les autorités n’ont pas tardé à réagir et se défendre : selon eux, l’analyse se base sur des chiffres périmés qui ne s’accordent pas avec la réalité économique et commerciale en constante évolution. « Notre Global Trade Outlook – publié en septembre – montre que le centre de gravité du commerce mondial se déplace de l’Europe vers les marchés à croissance rapide de l’Asie-Pacifique « , a déclaré un porte-parole du ministère du Commerce international, dans des propos repris par le quotidien britannique. « Notre stratégie consiste à verrouiller l’économie britannique sur ces marchés de demain et à saisir les énormes opportunités économiques en tant que nation commerçante agile et indépendante.« 

Des accords plus avantageux?

Le gouvernement britannique se félicite notamment d’avoir signé, début 2021, son premier accord majeur post-Brexit avec le Japon. Un traité qu’il a présenté comme une victoire significative allant au-delà de ce qui a été convenu avec l’UE.

Les économistes estiment néanmoins que ce nouvel accord n’a rien de transcendant. Et pour cause : il se baserait fortement « sur le modèle de l’accord UE-Japon, avec [seulement] quelques petites différences « . Bien sûr, un tel accord avec le Japon reste sans nul doute intéressant – du moins, par rapport à une absence totale de traité – puisqu’il permettra d’augmenter le PIB du Royaume-Uni de 0,07% (soit de 1,5 milliard de livres). Mais «  par rapport à ce que le Royaume-Uni aurait eu sans le Brexit, les gains seront négligeables ou négatifs« , affirment-ils encore.

Et si le gouvernement a bon espoir d’étendre son influence grâce à une vague d’accords commerciaux avec de grandes économies comme l’Inde, le Canada ou encore le Mexique, cela ne suffira pas à contrebalancer les dommages économiques du Brexit, concluent les universitaires.

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