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Le G20 se réunit en Inde, divisé par la guerre en Ukraine

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu en Inde pour une réunion du G20 à laquelle prendra part son homologue russe Sergueï Lavrov, dans un contexte de division du Groupe des Vingt à propos de l’Ukraine.

Cette réunion de deux jours à New Delhi entre ministres des Affaires étrangères du G20 intervient après celle des ministres des Finances, qui n’ont pu s’entendre samedi sur un communiqué commun en raison de divergences concernant le conflit en Ukraine. La Chine et la Russie sont les seuls pays du G20 à ne pas avoir validé les paragraphes du document faisant référence à « la guerre en Ukraine ».

Aucune rencontre entre chefs de la diplomatie russe et américaine n’est à l’ordre du jour.  Antony Blinken ne s’est pas retrouvé dans la même pièce que Sergueï Lavrov depuis une précédente réunion du G20 à Bali (Indonésie) en juillet dernier. Leur dernière rencontre en tête-à-tête remonte elle à janvier 2022, quelques semaines avant l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022.  MM. Blinken et Lavrov se sont néanmoins entretenus depuis par téléphone mais pas pour évoquer ce sujet.

Le ministre russe des Affaires étrangères est arrivé mardi soir en Inde, pays qui entretient une amitié de longue date avec la Russie et n’a pas condamné l’invasion en Ukraine. 

« Politique destructrice »

Sergueï Lavrov profitera de sa participation au G20 pour s’en prendre à l’Occident, selon un communiqué de son ministère. « La politique destructrice des Etats-Unis et de leurs alliés a déjà précipité le monde au bord de la catastrophe, provoqué un recul du développement socio-économique, et a gravement aggravé la situation des pays les plus pauvres », indique le document publié mardi.   

Un entretien en marge du G20 à New Delhi entre Antony Blinken et le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang est également incertain, tant les relations entre la Chine et les Etats-Unis sont tendues. Elles ont particulièrement viré à l’aigre depuis la destruction le 4 février par un avion de chasse américain d’un ballon chinois survolant les Etats-Unis.  Washington affirme qu’il s’agissait d’un engin espion, tandis que Pékin présente l’appareil comme un aéronef civil qui avait dévié de sa trajectoire. L’incident avait poussé le chef de la diplomatie américaine à reporter à la dernière minute une rare visite prévue à Pékin, censée apaiser les tensions avec le rival chinois.

Parmi les nombreux sujets de contentieux entre Pékin et Washington figure également Taïwan, île de 24 millions d’habitants que la Chine entend attacher au reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

« Franc et direct »

Il y a dix jours, Antony Blinken et le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, se sont entretenus en Allemagne lors d’un échange qualifié de « franc et direct » par Washington. M. Blinken avait mis en garde son interlocuteur contre les « implications et les conséquences » pour la Chine s’il s’avérait qu’elle apporte un « soutien matériel » à la Russie dans sa guerre en Ukraine ou l’aidait à échapper aux sanctions occidentales — ce que Pékin dément. Le président chinois Xi Jinping reçoit parallèlement mercredi à Pékin le principal allié de Moscou, le président bélarusse Alexandre Loukachenko.

L’Inde, pays organisateur du G20, se fixe pour priorité de sa présidence la réduction de la pauvreté et le financement des effets du réchauffement climatique. Ses objectifs sont toutefois rattrapés par les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale. Un sujet délicat pour l’Inde, important client de Moscou dans le domaine militaire et qui a accru depuis un an ses importations de pétrole russe. 

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell s’est dit à New Delhi convaincu que l’Inde profitera de cette réunion du G20 pour « faire comprendre à la Russie que cette guerre doit prendre fin ».

En septembre, le Premier ministre indien Narendra Modi avait déclaré au président russe Vladimir Poutine que l’heure n’était « pas à la guerre ». Des propos alors perçus comme une critique de l’intervention militaire de Moscou en Ukraine.

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