Un char israélien pris par des Palestiniens. (Photo by SAID KHATIB/AFP via Getty Images)

Gaza et Israël en guerre : ce que l’on sait après la première journée

Israël et la bande de Gaza sont en guerre après le déclenchement samedi au petit matin d’une offensive militaire surprise et spectaculaire du Hamas, qui a tiré des milliers de roquettes, infiltré des combattants en territoire israélien et capturé un nombre indéterminé d’Israéliens.

Cette éruption de violence a déjà fait 200 morts côté israélien, selon le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, et 230 morts côté palestinien, selon le ministère de la Santé du Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir sur la bande de Gaza depuis 2007.

Il s’agit de l’escalade la plus meurtrière depuis la guerre de 11 jours de mai 2021 entre le Hamas et l’armée israélienne.

« Nous sommes en guerre, il ne s’agit pas d’une simple opération ou d’un cycle de violence, mais bien d’une guerre », a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. « Nous sommes en guerre et nous la gagnerons ».

L’offensive du Hamas survient au dernier jour des fêtes juives de Souccot en Israël, alors que le pays vit au ralenti et que de nombreux pèlerins et touristes ont afflué en cette période de vacances scolaires.
Elle a lieu aussi cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise en plein Kippour (le jour du Grand Pardon juif), entraînant la mort de 2.600 Israéliens et faisant au moins 9.500 morts et disparus côté arabe en trois semaines de combat.

Attaque palestinienne surprise

Les hostilités ont commencé avant 6h30 (3h30 GMT) par un déluge de roquettes tirées depuis la bande de Gaza, vers les localités israéliennes voisines mais aussi plus en profondeur jusque vers Tel-Aviv et Jérusalem.

Profitant de l’effet de surprise, des combattants du Hamas à bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés se sont joués de l’imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.

« Portes de l’enfer »

A Sdérot, ville proche de la frontière avec Gaza, un journaliste de l’AFP a compté au moins huit cadavres de civils éparpillés en pleine rue.

« Envoyez de l’aide s’il vous plait (…), ils tirent sur notre maison », a imploré une femme enceinte vivant à quelques kilomètres de la bande de Gaza, dans un témoignage relayé par le quotidien Times of Israel.

Des journalistes de l’AFP ont vu des Palestiniens armés réunis autour d’un tank israélien en feu et d’autres conduisant un Humvee israélien dans les rues de la ville de Gaza.

En milieu de matinée, le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée israélienne, a annoncé que les troupes israéliennes sont engagées dans des combats au sol en territoire israélien en « plusieurs endroits autour de la bande de Gaza » contre des combattants infiltrés qualifiés de « terroristes ».

Frappes aériennes israéliennes

Samedi soir, des frappes aériennes israéliennes ont détruit les trois immeubles de la « tour Palestine » dans le quartier Al-Rinal de la ville de Gaza, ont constaté des journalistes de l’AFP qui ont vu les trois tours de plus de dix étages s’écrouler l’une après l’autre après des explosions.

L’armée israélienne a indiqué avoir frappé « deux immeubles à étages » par des frappes aériennes, accusant « l’organisation terroriste du Hamas » d’abriter ses infrastructures militaires « au coeur de la population » de l’enclave palestinienne. L’armée dit avoir averti les habitants avant les frappes et leur avoir « demandé d’évacuer les lieux ».

L’ONU a annoncé qu’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient aura lieu dimanche.

Vers 11H00 (08h00 GMT), l’armée avait annoncé mener ses premières frappes aériennes sur Gaza en représailles.

« Des dizaines d’avions de chasse sont actuellement en train de frapper des cibles de l’organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza », avait indiqué l’armée dans un communiqué.

Le général israélien Rassan Alian, à la tête du COGAT, l’organe du ministère de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a affirmé que le Hamas avait « ouvert les portes de l’enfer » et qu’il en « paierait les conséquences ».

Prises d’otages

Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé avoir « capturé plusieurs soldats ennemis » dans une vidéo montrant au moins trois hommes en tenue civile manifestement apeurés, détenus par une escouade de personnes armées aux visages floutés.

Les Brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir « de nombreux soldats » israéliens.

Le porte-parole de l’armée israélienne a confirmé dans la soirée que des « soldats et des civils israéliens » avaient été enlevés lors de l’infiltration d’hommes armés du Hamas.

Dans un message audio diffusé par la télévision du Hamas, le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, a annoncé avoir déclenché l’opération « déluge d’Al-Aqsa » contre Israël et dit avoir tiré plus de « 5.000 roquettes » dès le début de cette offensive. « Nous avons décidé de mettre fin à tous les crimes de l’occupation », a-t-il ajouté.

En riposte, l’armée israélienne a déclenché l’opération « Sabres d’acier ».

Dès le matin, des centaines de civils ont fui leurs maisons dans le nord-est de la bande de Gaza pour s’éloigner de la frontière avec Israël, et certains ont trouvé refuge dans des écoles de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), selon un correspondant de l’AFP.

« Le Hamas a fait une grave erreur ce matin en déclenchant une guerre contre l’Etat d’Israël », les soldats israéliens « sont en train de combattre l’ennemi à chaque endroit », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant.

« Violence horrible »

La Maison Blanche a condamné « les attaques injustifiées par des terroristes du Hamas contre des civils israéliens », et « nous nous tenons aux côtés du gouvernement et du peuple d’Israël ».

L’UE et plusieurs capitales européennes ont « fermement condamné » les attaques. « Cette violence horrible doit cesser immédiatement. Le terrorisme et la violence ne résolvent rien », a souligné le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

« Nous sommes aux côtés d’Israël en ces heures sombres », a réagi en début d’après-midi le Premier ministre belge Alexander De Croo sur X (anciennement Twitter). « Les attaques terroristes qui frappent vos villes ne peuvent être condamnées qu’en les termes les plus forts (…) Nous appelons à la retenue et à l’arrêt immédiat de cette violence. »

La Russie a appelé à la « retenue » et la Turquie à éviter une escalade.

En mai, Israël avait lancé une offensive contre le Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza, déclenchant une guerre de cinq jours entre l’armée israélienne, le Jihad islamique et d’autres groupes armés de ce territoire ayant coûté la vie à 34 Palestiniens et une Israélienne.

Plus d’un millier de roquettes avaient été tirées de la bande de Gaza vers Israël, pour la plupart interceptées par le système de défense antiaérienne israélien. Israël avait de son côté multiplié les frappes aériennes sur ce territoire.

Le Hamas était resté à l’écart du conflit.

Israël impose un strict blocus à la bande de Gaza depuis que le Hamas en a pris le contrôle.

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