Gendarmes togolais portant le cercueil d'une des victimes de l'attaque meurtrière contre le bus de l'équipe nationale de football du Togo au Cabinda. © BELGAIMAGE

Le 8 janvier 2010, l’attaque angolaise qui menaça la Coupe d’Afrique des Nations

Suite à une attaque angolaise, le gouvernement tongolais invoque des raisons de sécurité et exige le rapatriement de ses nationaux. Grosse panique dans les rangs de la Confédération africaine de football (CAF), qui craint l’annulation de « sa » Coupe d’Afrique des Nations.

C’est au Congo que les footballeurs togolais ont fait leurs derniers entraînements. C’est donc par la frontière nord qu’ils entrent en Angola. Ils ont le sourire car ils ont rendez-vous avec l’histoire. Tous les deux ans, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) agite le continent. La prestigieuse compétition démarre dans deux jours. Mais le parcours des Togolais est miné. C’est pour ça qu’une série de jeeps bien équipées entourent les deux cars de la fédération. Le terrain est miné, car la région qu’ils traversent est agitée. Depuis 1963, le Front de libération de l’Etat de Cabinda réclame l’indépendance de ce territoire. Le mouvement ne manque pas d’appuyer sa revendication par les armes.

Le drame débute quelques kilomètres après la frontière. Croyant entendre des pétards, le gardien Obilalé se lève de son siège. Il reçoit aussitôt une balle dans le dos – et ne jouera plus jamais au football. Tandis que les soldats angolais ripostent aux snipers indépendantistes, les joueurs plongent au sol. Certains prient, d’autres parviennent à téléphoner. Pendant ce temps, la moquette des cars se drape de rouge.

Au bout d’une demi-heure les combats cessent. Direction l’hôpital. L’heure des comptes a sonné: un chauffeur, l’entraîneur adjoint et le chargé de communication sont morts. Plusieurs joueurs et membres du staff sont grièvement blessés. Pas le temps de faire le deuil que la question se pose déjà, brutale, indécente mais incontournable: les Togolais doivent-ils jouer au football? Vont-ils participer à la CAN? La question ne se pose d’ailleurs pas que pour les Togolais. Le doute s’empare aussi du camp des autres équipes du groupe B. Didier Drogba, la mégastar ivoirienne, ne laisse-t-elle pas entendre que son pays pourrait se retirer?

C’est finalement le gouvernement togolais qui tranche: invoquant des raisons de sécurité, il exige le rapatriement de ses nationaux. Grosse panique dans les rangs de la Confédération africaine de football (CAF), qui craint l’annulation de « sa » CAN. La puissante organisatrice parvient cependant à remobiliser les autres équipes. « Si un gardien du Cameroun se retrouvait à l’hôpital ou dans un état critique, la CAN aurait été annulée », s’indignera Emmanuel Adebayor, le capitaine togolais. « Mais aujourd’hui, comme c’est un petit pays comme le Togo… »

Le 10 janvier, les sportifs togolais sont de retour dans leur pays, meurtris par le traumatisme et déçus de n’avoir pu défendre leurs couleurs. La chute doit encore tomber: le 30 janvier, dénonçant l’interférence gouvernementale, la CAF interdit au Togo de participer aux matchs éliminatoires des deux prochaines éditions de la CAN. Scandale! « On se fait tirer dessus, on a des morts, et on trouve le moyen de nous sanctionner », réagit l’attaquant Thomas Dossevi. Une médiation de la Fifa permettra de lever la sanction. Et le Togo prendra sa revanche. En 2013, pour la première fois de son histoire, il atteindra les quarts de finale de la compétition.

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