Gérald Papy

L’arrivée des F-16, la menace de Trump, et, entre les deux, l’avenir de l’Ukraine et de la démocratie

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Une certaine lassitude après un an et demi de guerre, quoi de plus normal?

A première vue, le soutien aux Ukrainiens dans leur stratégie de reconquête de l’ensemble du territoire occupé par les Russes reste solide, porté par ses deux piliers, les Etats-Unis, qui continuent de débloquer des aides militaires et financières à intervalles réguliers, et l’Europe, qui reste unie dans son appui multiforme à Kiev. Mais de-ci de-là émergent des signes d’impatience et d’agacement.

Ils trouvent leurs sources, outre dans la durée du conflit, dans la pauvreté des résultats de la contre-offensive ukrainienne, les erreurs stratégiques présumées, les dysfonctionnements en matière de gestion, comme le limogeage du ministre de la Défense Oleksii Reznikov, le 3 septembre, en a fourni la démonstration. On a beau, côté ukrainien, réclamer de la patience sur l’issue des opérations militaires, appeler à la compréhension quant à la volonté de minimiser les pertes humaines, ou exciper des progrès de la lutte contre la corruption, le doute inexorablement s’installe.

De-ci de-là émergent des signes d’impatience et d’agacement.

L’inquiétude de Volodymyr Zelensky et de ses lieutenants est particulièrement vive à l’endroit de l’atmosphère aux Etats-Unis. L’adhésion de la population à l’aide militaire s’érode. Cinquante-cinq pour cent des personnes sondées à la demande de CNN, dans une étude publiée début août, s’opposent à une assistance supplémentaire, une première depuis le début du conflit. Et la défiance du personnel politique est à l’unisson. Elle ne se réduira pas.

A près d’un an de l’élection présidentielle, les Etats-Unis entrent dans une séquence où le déchaînement des passions prendra le plus souvent le pas sur le triomphe de la raison. Donald Trump et ses rivaux inonderont les assistances des meeting électoraux de slogans simplistes auxquels la complexité du conflit en Ukraine et l’enjeu qu’il porte pour la démocratie n’échapperont pas. Si la population générale est sceptique à 55% devant toute nouvelle aide à l’Ukraine selon CNN, les sympathisants républicains, eux, le sont déjà à 72%. Ce n’est pas Donald Trump qui les contrariera, surtout pas au nom d’un intérêt supérieur.

Deux mois environ séparent les militaires ukrainiens de l’arrivée de l’automne et de sa raspoutitsa qui empêche l’avancée des chars et blindés. Très optimiste est celui qui pourrait garantir que dans ce laps de temps, la contre-offensive ukrainienne engrangera des succès probants. C’est donc sur la fin du printemps et le début de l’été 2024 que les Ukrainiens, les Américains démocrates et les Européens doivent tabler pour espérer atteindre leur objectif, en tout ou en partie. A ce moment-là, l’arsenal des premiers sera renforcé par l’apport des avions F-16 qui leur auront été fournis au début de la nouvelle année. Le temps sera alors compté. Au soir du 5 novembre 2024, Donald Trump, réélu, pourrait changer le cours de la guerre et du monde.

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