ayatollah Khameneï

Israël-Iran : pourquoi le conflit pourrait être contenu

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le régime de Téhéran a inscrit son attaque dans le strict cadre de la réponse à l’opération israélienne contre les Gardiens de la révolution à Damas. Les Etats-Unis pourront-ils convaincre les Israéliens de réagir avec modération?

L’ayatollah Khameneï, le Guide suprême de la Révolution islamique, avait averti qu’en bombardant le consulat iranien à Damas le 1er avril, pour y assassiner notamment le général Mohammed Reza Zahedi, le chef pour la Syrie et le Liban de la Force al-Qods des Gardiens de la révolution, Israël avait attaqué directement le territoire iranien et que cet acte ne resterait pas sans réponse.

L’éventail des répliques attendues de la part du régime de Téhéran était assez large. Ecartant l’attaque d’une représentation diplomatique israélienne dans un pays tiers ou la sous-traitance stricte de sa réplique par ses supplétifs depuis le Liban, la Syrie, l’Irak ou le Yémen, il a opté pour des représailles directes, imposantes et spectaculaires sur le territoire israélien, mais sous une forme qui n’implique pas nécessairement une escalade dramatique des tensions dans la région.

Evénement majeur

L’événement est majeur dans l’histoire du Moyen-orient. C’est la première fois que la République islamique d’Iran, née en 1979, frappe Israël. L’Etat hébreu n’avait pas été attaqué par un pays souverain depuis la première guerre du Golfe en 1991 lorsque l’Irak, combattu par une coalition internationale pour avoir envahi le Koweit, avait voulu élargir le conflit en envoyant des missiles sur Israël. Greffée sur la guerre entre Israël et le Hamas qui dure depuis plus de six mois, l’actuelle confrontation entre Israël et l’Iran, qui en est une des conséquences, risque d’embraser la région à un moment où, au vu du faisceau de tensions qui s’y développent, toute action est susceptible de provoquer un enchaînement catastrophique.

Néanmoins, le pire n’est pas nécessairement écrit. L’Iran a tiré plus de 300 drones et missiles sur l’Etat hébreu, que celui-ci, aidé par ses alliés américains, britanniques,français et… jordaniens, a réussi à contrer à 99% prouvant que son système de défense, grâce à son dôme de fer et aux capacités d’interception de sa force aérienne, était efficace. L’alerte fut très sérieuse. Mais en regard du risque encouru, le préjudice a été limité.

«Israël peut difficilement se lancer dans des représailles dures contre l’Iran sans le concours des Etats-Unis.»

Les alliés de Téhéran sur la réserve

Surtout, le régime de Téhéran a clairement inscrit son action dans le cadre de représailles «légitimes» à l’attaque du 1er avril à Damas. Les objectifs visés auraient été des cibles militaires. La principale conséquence de l’attaque de la nuit du 13 au 14 avril a concerné une base militaire dans le désert du Néguev, même si une fillette bédouine a été blessée à cette occasion. L’accompagnement de l’attaque de l’Iran par ses alliés dans la région a été mesuré. Les rebelles yéménites houthis ont lancé quelques missiles mais on n’a pas connaissance qu’ils aient atteint le territoire israélien. Les miliciens du Hezbollah libanais ont essentiellement frappé, pour leur part, une base militaire israélienne sur la plateau du Golan, territoire syrien occupé. Toujours cette même volonté de rester dans un cadre de représailles militaires à l’attaque israélienne à Damas.

Le cadre et le résultat de l’attaque iranienne ne garantissent pas qu’Israël se gardera de mener une réplique. On en doute. Mais ils peuvent laisser penser qu’elle sera mesurée et évitera une engrenage mortifère. Sa nature dépendra beaucoup de l’attitude des Etats-Unis. Israël peut difficilement se lancer dans des représailles dures contre l’Iran sans le concours de son allié. L’attitude de Joe Biden dans la guerre entre Israël et le Hamas, suggère, à huit mois des élections présidentielles américaines, qu’il n’est pas enclin à s’engager dans une aventure risquée en Iran. Mais l’extrême tension observée sur différents fronts au Moyen-Orient engage à éviter tout pronostic hâtif.

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