Il y a vingt ans, Laurent-Désiré Kabila était assassiné dans son Palais de Marbre
La République démocratique du Congo (RDC) commémore samedi le 20eanniversaire de l’assassinat de son premier chef d’Etat, Laurent-Désiré Kabila, abattu à l’âge de 62 ans par l’un de ses gardes du corps le 16 janvier 2001, moins de quatre ans après son arrivée au pouvoir.
Cet assassinat est survenu près de quarante ans après celui d’un autre « héros de l’indépendance » congolaise, Patrice Emery Lumumba, l’éphémère premier Premier ministre du Congo. M. Lumumba avait été assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga (sud-est) dans des circonstances restées obscures, mais en présence d’officiels belges.
« Mzee » (le « vieux sage » en swahili) Kabila était un ancien rebelle marxiste – il avait rejoint ses premiers maquis dès le début des années 60, peu après l’indépendance de l’ex-Congo belge, recevant même la visite du guerillero cubain Ernesto Che Guevarra. Il avait fini par arriver au pouvoir en mai 1997, en renversant le dictateur Mobutu Sese Seko qui s’en était emparé lors d’un coup d’Etat le 24 novembre 1965.
Laurent-Désiré Kabila s’était hissé à la tête de l’Alliance des Forces démocratiques de Libération du Congo (AFDL), une rébellion dont l’état-major était largement dirigé par des officiers rwandais et qui venait de traverser en sept mois l’immense Zaïre pour « libérer Kinshasa », la capitale, sous les vivats de la population massée le long des grands axes, le 17 mai.
Fin du régime autocratique et de prédation du « vieux Léopard »
La fin des 32 ans de régime autocratique et de prédation du « vieux Léopard » est formellement scellée le 29 mai au stade des Martyrs de Kinshasa lorsque Laurent-Désiré Kabila se proclame chef de l’Etat et rebaptise le pays République démocratique du Congo. Un décret-loi du président auto-proclamé dissout le Parlement de transition – issu de la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1991-1992. Le nouveau président s’octroie le pouvoir de légiférer en attendant la promulgation d’une nouvelle Constitution, qui ne viendra jamais.
La lune de miel avec le Rwanda sera aussi de courte durée. M. Kabila, soucieux de ménager un sentiment nationaliste exacerbé par présence de soldats étrangers qui mettent en coupe réglée l’est du pays, qualifie rapidement l’AFDL de « conglomérat d’opportunistes et d’aventuriers assoiffés de pouvoir et portés au pillage » et renvoie chez eux tous les « libérateurs » étrangers. Il se brouille ainsi avec ses principaux soutiens, les présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni – toujours au pouvoir.
Et le 2 août 1998, une nouvelle rébellion éclate contre le régime Kabila à l’initiative d’ex-militaires et de combattants banyamulenge (Tutsi congolais), soutenus par le Rwanda, dans les Kivu (est) et à Kinshasa, où ils sont défaits par les forces loyalistes.
Le conflit dégénère rapidement en une guerre régionale, impliquant de multiples groupes armés et jusqu’à sept pays africains (Zimbabwe, Namibie, Angola et Tchad, alliés du gouvernement de Kinshasa, et Rwanda, Ouganda et Burundi soutenant les différents mouvements rebelles).
Assassinat le 16 janvier 2001
C’est dans ce contexte de guerre de positions, dans une situation économique difficile, que « Mzee » est assassiné le 16 janvier 2001 au Palais de Marbre de Kinshasa de trois coups de feu tirés par un de ses jeunes gardes du corps, Rashidi Muzele, lui-même abattu dans les minutes qui suivent par le chef d’état-major particulier et aide de camp du chef de l’Etat, le colonel Eddy Kapend Irung.
Dans la panique, les autorités tentent de cacher la mort du président, dont le corps est transporté au Zimbabwe où il décède officiellement, alors qu’à Bruxelles, le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, confirme l’information dans la soirée, ajoutant à la confusion ambiante.
C’est le fils de « Mzee », Joseph Kabila Kabange, qui est dans l’urgence désigné pour lui succéder. Il n’a quitté le pouvoir que le 24 janvier 2019 après des élections contestées, dont l’actuel président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait été proclamé vainqueur.
De nombreuses hypothèses ont circulé sur les mobiles de cet assassinat, mais aucune n’a jamais reçu à ce jour de début de confirmation, malgré la tenue d’un procès peu convaincant qui a condamné, en janvier 2003, trente personnes à mort – principalement des militaires, comme le colonel Kapend, dont dix par contumace.
Les condamnés n’ont toutefois jamais été exécutés en raison d’un moratoire sur la peine de mort décrétée par la RDC. Vingt-trois d’entre eux, les derniers détenus, ont bénéficié d’une grâce du président Tshisekedi et ont quitté le 8 janvier le Centre pénitencier et de rééducation de Kinshasa (CPRK, ex-prison de Makala).
Les 16 et 17 janvier sont des journées « fériées et « payée » » en RDC. Traditionnellement, une commémoration se déroule à Kinshasa au mausolée érigé à la mémoire de « Mzee » devant le palais de la Nation, … à l’endroit où s’élevait pendant la période coloniale une statue équestre du roi des Belges Léopold II.
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