Hillary Clinton © REUTERS

Hillary Clinton baisse dans les sondages et surtout parmi les femmes

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

À en croire un sondage d’ABC et du Washington Post, Hillary Clinton, la candidate démocrate qui pourrait devenir la première femme présidente des États-Unis, a perdu plus d’un tiers de ses partisanes féminines ces deux derniers mois.

Les résultats ont été comparés à un sondage d’il y a huit semaines. À ce moment-là, 63% des électeurs démocrates avaient l’intention de voter pour Hillary Clinton. À présent, ce chiffre a baissé à 42%. Parmi les femmes, le recul est plus important : les intentions de vote sont passées de 71% à 42. Et seuls 37% des femmes blanches comptent voter pour Hillary alors que 60% des femmes démocrates non blanches désirent qu’elle soit élue. Ce recul se voit dans toutes les catégories d’âge. D’après ce sondage, l’avantage qu’elle semblait avoir auprès des électrices a totalement disparu.

Les raisons de ce recul ne sont pas tout à fait claires. Plusieurs sondages révèlent que les électeurs démocrates ne font pas grand cas du « scandale des e-mails ». Quand elle était ministre des Affaires étrangères, entre 2009 et 2013, Clinton utilisait sa messagerie et son serveur privés pour le travail. C’était contre les règles, mais pas illégal. Entre-temps, il s’est avéré que des informations « top secret » se sont retrouvées sur ce serveur privé.

En soi, ce scandale n’est pas considéré comme inadmissible par ses militants. Mais il ne s’agit pas d’un cas isolé. Son rôle dans la Fondation Clinton fait également l’objet d’une polémique. Celle-ci récolte de l’argent pour financer les antibiotiques contre le SIDA et la défense des femmes en Afrique. Dans au moins un cas, un pays généreux à l’égard de la fondation, l’Algérie, attendait un service en retour de la ministre Hillary Clinton. Clinton continue à affirmer que les dispositions de la Fondation étaient correctes, qu’il n’y a pas de mal à accepter des millions de la part de l’Arabie saoudite, que cette situation n’exerçait aucune influence sur sa politique.

The Washington Post a demandé à un certain nombre de femmes pourquoi elles ne soutenaient plus Hillary et elles ont répondu de la façon suivante: nous n’avons pas envie d’une présidence émaillée de scandales (comme celle de son époux Bill). Et : nous souhaitons ardemment une femme présidente, mais pas nécessairement Hillary.

La semaine dernière, Clinton s’est excusée de la question des e-mails, après avoir affirmé que de telles excuses n’étaient pas nécessaires. La semaine dernière, un mémo de ses collaborateurs qui disait que d’un commun accord, il avait été décidé qu’elle serait plus spontanée dans ses interventions. Du coup, elle n’a pas hésité à exécuter une petite danse pendant le spectacle d’Ellen DeGeneres. Tout ceci n’est pas très attirant pour les électeurs.

Beaucoup de femmes disent qu’elles voteront pour son rival démocrate, le socialiste Bernie Sanders, qui atteint les 24% dans le sondage national, soit une hausse de 10% par rapport à il y a huit semaines.

D’après les sondages, le vice-président Joe Biden, qui hésite encore à se présenter, obtient un score de 21%, soit une hausse de 9%.

Si la campagne d’Hillary Clinton dispose toujours de davantage de moyens et d’opportunités que Sanders, elle a tout de même des soucis à se faire. Les chiffres en baisse d’Hillary sont publiés à un moment où on accorde plus d’attention aux républicains et où son opposant direct Sanders n’est pas très médiatisé. Cependant, le message de Sanders est clair et demeure inchangé au fil des décennies : le gâteau est mal partagé, changeons ça.

Malgré le travail de réflexion et les finances importantes d’Hillary, sa campagne manque de fil conducteur clair et crédible. Elle possède de l’expérience et c’est un atout, mais elle a un passé où certaines de ses positions ont contribué aux inégalités qu’à présent elle combat. Il faut qu’elle précise son point de vue puisqu’elle ne peut plus compter automatiquement sur ce qu’elle considérait comme son bloc d’électeurs fixe : les femmes.

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