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Fusillades à Paris: comment protéger une ville de plus de 2 millions d’habitants?

Dès l’annonce d’une fusillade à Libération ce lundi matin, la préfecture de police de Paris a déclenché un niveau d’alerte maximal.

Un accident industriel, une bombe qui explose dans un lieu public, une prise d’otages. Autant de situations critiques pour lesquelles les forces de l’ordre se préparent régulièrement dans le cadre de spectaculaires simulations. Ce que l’on sait moins, c’est que tous les acteurs publics -police, gendarmerie, préfecture, ministères- se préparent également à des attaques plus isolées comme celles survenues ce lundi entre Libération, la Défense et les Champs-Elysées. « Ces exercices ont pour but d’améliorer la coordination entre les différents services », explique à L’Express un syndicaliste policier.

De ces exercices émergent des procédures, clairement connues de tous les acteurs. Dès l’annonce de coups de feu à Libération, la préfecture de police de Paris a ainsi décidé de protéger l’entrée des principales rédactions parisiennes. Puis, les forces de l’ordre sont passées à un niveau d’alerte maximale. « Concrètement, cela signifie que tous les policiers de la capitale, en civil ou non, ont ordre de l’interpeller sans mettre en danger la vie des riverains », décrypte Christophe Crépin du syndicat Unsa-police.

L’ensemble du plan pour sécuriser les rues parisiennes est coordonné par le cabinet du préfet de police de Paris, Bernard Boucault. Il reviendrait à celui-ci de prendre, le cas échéant, les décisions de bloquer un quartier ou suspendre le trafic du métro. Ce qui n’est pas à l’ordre du jour pour le moment.

Trop de témoignages ralentissent aussi l’enquête

La sécurité parisienne se joue donc sur le terrain, mais aussi derrière des écrans. La préfecture de police s’appuie sur un vaste réseau de caméras de vidéo-surveillance justement mis en place ces dernières années. Le plan de vidéoprotection pour Paris (PVPP) a permis de déployer plus d’un millier de caméras dans tous les coins de Paris. L’ensemble des images est centralisé dans les deux salles de commandement de la Préfecture, sur l’île de la Cité, en plein Paris.

Mais ce n’est pas tout, les policiers habilités à scruter ces images peuvent également compter sur les caméras de la SNCF ou de la RATP (près de 10 000). Et même sur celles de certains commerciaux parmi lesquels celui de la Défense, où le tireur présumé a justement tiré en l’air.

Avec autant de moyens de surveillance, comment expliquer que le portrait de la personne traquée a mis plusieurs heures à être diffusé? « Il y a un temps nécessaire à l’exploitation des images et à la construction du portrait », explique-t-on côté police. Lancer un appel à témoins peut aussi, paradoxalement, ralentir l’enquête, note Michel Marcus, délégué général du Forum français pour la sécurité urbaine: « Un tel appel déclenche beaucoup de coups de fil à la police. Les enquêteurs peuvent craindre un tel afflux de témoignages. »

Par Matthieu Deprieck

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