Verdir l’agriculture dans l’UE, les Etats donnent leur feu vert, Bruxelles réfute tout « greenwashing »

Le Vif

Les ministres de l’Agriculture des Vingt-Sept ont approuvé lundi au Luxembourg le compromis avec les eurodéputés sur la réforme de la PAC destinée à verdir l’agriculture de l’UE, tandis que la Commission a fermement réfuté les accusations de « greenwashing ».

« Nous sommes arrivés à un bon accord, équilibré » pour une politique agricole commune (PAC) « plus durable et équitable », « soutenant la transition vers une agriculture respectueuse de l’environnement et du climat » tout « en préservant la compétitivité des exploitations », a déclaré la ministre portugaise Maria do Céu Antunes, qui négociait au nom des Etats.

Après des mois d’âpres pourparlers, les négociateurs des Etats et du Parlement européen se sont accordés vendredi sur la nouvelle PAC, dotée d’un budget de 387 milliards d’euros sur sept ans et qui s’appliquera à partir de janvier 2023. Elle s’appuie notamment sur les « écorégimes », primes accordées aux agriculteurs respectant des critères environnementaux et auxquelles les Etats devront consacrer 25% des paiements directs.

Sont également prévus des mesures pour la biodiversité (part des terres non cultivées, rotation des cultures…), le conditionnement des aides au respect des droits des travailleurs, et l’alignement des politiques nationales sur les objectifs environnementaux de l’UE (Pacte vert climatique, réduction des pesticides…).

Au Luxembourg, les ministres européens ont formellement endossé ce compromis. De nombreux « détails techniques » doivent encore être discutés entre les Etats, avant la conclusion d’un texte qui sera soumis au vote des eurodéputés à l’automne.

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Les Etats devront soumettre d’ici fin 2021 leur « plan stratégique national » (leur manière de définir les écorégimes et d’appliquer la PAC) à la Commission pour approbation. L’exécutif européen en discutera avec chaque gouvernement courant 2022, avant une application début 2023.

« Cet accord va permettre de consolider la souveraineté alimentaire européenne (…) et d’accompagner nos agriculteurs à se préparer face aux défis comme le changement climatique », a observé le ministre français Julien Denormandie, à l’unisson d’une majorité de ses homologues.

Plusieurs pays de l’Est, Slovaquie et Bulgarie en tête, ont cependant fustigé la disparition d’aides pour la pomme de terre de table, jugée vitale pour les exploitations familiales défavorisées de leurs régions montagneuses. Bruxelles a promis de se pencher sur ce problème.

Les eurodéputés verts et des ONG fustigent cependant depuis vendredi un compromis « désastreux » et des règles environnementales jugées trop peu contraignantes, dénonçant un « statu quo » au profit de l’agriculture industrielle.

Le commissaire européen Janusz Wojciechowski a répliqué lundi devant la presse. « Ces écorégimes sont une opportunité pour les petites exploitations familiales, une aide supplémentaire », qui leur donne les moyens, en adoptant de meilleures pratiques écologiques, « de faire face à la concurrence » des grandes exploitations, a-t-il affirmé, pointant aussi les aides aux jeunes agriculteurs.

Enfin, les objectifs environnementaux du Pacte vert ne sont certes pas « juridiquement contraignants », mais « ce sont des engagements politiques »: « nous attendrons des Etats qu’ils nous démontrent en quoi leurs politiques agricoles contribuent à atteindre ces objectifs », a insisté le commissaire polonais.

« Nous continuerons de dialoguer et persuader » lors de l’élaboration des plans nationaux, a-t-il souligné, assurant avoir constaté une évolution dans l’attitude des gouvernements qui, selon lui, voient désormais les écorégimes « comme une opportunité, plus comme une menace ».

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