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« Les uns font ceci, les autres font cela » : où est la coordination européenne dans la lutte contre la crise énergétique ?

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Le spécialiste de l’énergie Giovanni Sgaravatti, du groupe de réflexion Bruegel, a contribué à définir les mesures de soutien des gouvernements européens.

« Pour beaucoup de pays, dont l’Italie et la Grèce, il s’agit de plus de 3% de leur PIB. Ainsi, rien que dans le domaine de l’énergie, les dépenses sont supérieures à ce que les règles de l’Union européenne en matière de dette autorisent normalement. Cela en dit long sur l’ampleur de cette crise. C’est sans précédent. »

Les règles de la dette, dites-vous. Ces dépenses sont-elles tenables?

Giovanni Sgaravatti : Pas du tout. Au départ, personne ne s’attendait à un tel coût, car les gens pensaient que le problème se résorberait. Mais les choses se sont passées différemment, en partie à cause de la guerre en Ukraine, et maintenant les interventions sont devenues plus permanentes et structurelles. Comme pour la crise du coronavirus, les Etats membres ont des situations budgétaires très différentes. En Allemagne ou aux Pays-Bas, par exemple, il n’y a pas de problème aigu immédiat, mais compte tenu de leur taux d’endettement, la situation est différente et plus difficile pour la Belgique et l’Italie, par exemple.

Existe-t-il une alternative ?

Non, les gouvernements ont le devoir de protéger leurs citoyens, en particulier les plus vulnérables. La pauvreté énergétique augmente rapidement, les factures dépassant 10 % des dépenses totales pour de nombreux ménages. Mais les interventions gouvernementales doivent, bien entendu, être réfléchies. Et elles ne le sont pas toujours. Pensez aux  réductions de taxes sur l’essence. À grands frais, nous encourageons la consommation de combustibles fossiles pour les familles généralement plus aisées possédant une ou plusieurs voitures. Alors que le mandat consiste précisément à réduire notre consommation. Pourtant, on entend encore trop peu parler de cela.

C’est ce à quoi les États membres se sont engagés ensemble.

Sur une base volontaire, c’est vrai. Mais à part ça, c’est toujours le bordel. L’un fait ceci, l’autre fait cela. Comme s’ils se parlaient à peine. Il y a une recherche de coordination et d’harmonisation. De plus, il existe un conflit entre eux. Certains gouvernements accordent des milliards d’aides aux entreprises de leur pays, ce qui nuit à la compétitivité des entreprises au-delà des frontières. Cela va à l’encontre des conditions de concurrence équitables que le marché unique européen est censé garantir.

Une proposition de plafonnement européen des prix du gaz circule depuis un certain temps. Une bonne idée ?

Sur le gaz russe, oui. L’Union arrive progressivement à la position où elle peut se passer du gaz russe. Nous devrions être un peu plus confiants à cet égard. Mais un plafonnement des prix de toutes les importations de gaz, comme le propose la Belgique, ne me semble pas réalisable. Comment l’appliquer, que faire des contrats à long terme en cours ou des accords conclus qui n’ont pas encore pris effet ? Non, les défis politiques mis à part, je ne vois pas cela arriver tout de suite.

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