Août 1935: à Addis-Abeba, l'empereur Haïlé Sélassié inspecte ses troupes avant leur confrontation avec l'armée italienne. © belgaimage

Le 23 novembre 1934, Mussolini relance la colonisation

Les Italiens, qui ont fait de la Somalie leur colonie, ont cru bon de fortifier Welwel. Le 23 novembre, encadrés de militaires, les membres d’une commission anglo-éthiopienne débarquent à Welwel pour vérifier les positions sur le terrain. Quelques semaines plus tard, Rome sort les armes.

Un incident? Un prétexte plutôt! Ce 23 novembre, encadrés de militaires, les membres d’une commission anglo-éthiopienne débarquent à Welwel, une ville située à l’extrême est de l’Ethiopie. A moins que ce soit déjà la Somalie? Le lieu est stratégique. Disputé. Les Italiens, qui ont fait de la Somalie leur colonie, ont cru bon de fortifier Welwel. Et d’ainsi gagner du terrain. Les Ethiopiens ne l’entendent pas de cette oreille. D’où l’envoi de cette commission, qui vient vérifier les positions sur le terrain. Le 23 novembre, Rome hausse le ton. Quelques semaines plus tard, on sortira les armes.

Depuis la moitié du XIXe siècle, l’Afrique est devenue le terrain de chasse préféré des Européens. Et l’espace de leurs conquêtes est aussi l’exutoire de leurs rivalités. Si le Vieux Continent demeure (plus ou moins) en paix, c’est sur d’autres terres que l’on se fait la guerre. En Afrique, Anglais et Français multiplient les conquêtes, bientôt suivis par les Allemands et les Belges. Les Italiens aussi: vers 1890, ils s’installent en Erythrée et en Somalie. Au début du XXe siècle, les principaux empires sont en place.

L’Italie sort frustrée de la Première Guerre mondiale. Alors même qu’elle appartient au camp des vainqueurs, elle estime ne pas avoir été justement récompensée, surtout en matière territoriale. Arrive Mussolini. En 1922, le Duce accède au pouvoir en vendant ses rêves de grandeur. Se voulant empereur, il promet de ressusciter la Rome antique et d’élargir le territoire de son pays. Il vise la région des Balkans, bien sûr. Mais aussi l’Afrique – tant qu’à faire…

L’Ethiopie – aussi appelée Abyssinie – a tout de la cible idéale. Dès la fin du XIXe siècle, les Italiens avaient déjà tenté de conquérir cet immense empire. Mais ils avaient été militairement défaits. A présent, sur un continent presque entièrement colonisé, cet Etat indépendant fait figure d’exception. Et l’Italie veut retenter sa chance. L’opération est toutefois délicate. Car les deux pays siègent ensemble à la Société des Nations (SDN). Et celle qui deviendra l’ONU interdit à ses membres de se faire la guerre… Il faut donc susciter un incident. Ou trouver un prétexte.

L’envoi de la commission anglo-éthiopienne permet aux Italiens de bander les muscles. Dès le 5 décembre, les premières victimes tombent. Une intervention de la SDN permet de gagner un peu de temps, mais pas de calmer les ardeurs italiennes. « Oh Ethiopie! Nous patientons depuis 40 ans, maintenant ça suffit », clame Mussolini à la radio le 2 octobre 1935. Le lendemain, 400.000 hommes se lancent dans la campagne éthiopienne. Au bout de quelques mois, ils s’emparent de l’empire. Dans la foulée, Rome fond ses colonies dans une improbable « Afrique orientale italienne ». Le territoire est vaste mais sa destinée sera courte. Dès 1941, avec le soutien des Alliés, l’Ethiopie recouvre son indépendance. Au lendemain de la guerre, les Italiens sont contraints de payer de lourdes réparations à Addis Abeba. Où l’Italie gardera durablement une mauvaise réputation.

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