Silvio Berlusconi. © Antonio Masiello/Getty Images

Soirée « Bunga-bunga »: Silvio Berlusconi relaxé dans un procès pour corruption de témoins

Au bout de six ans d’audiences, un tribunal de Milan a relaxé mercredi Silvio Berlusconi dans un énième procès impliquant cet ex-chef du gouvernement italien, accusé d’avoir corrompu des témoins pour mentir sur ses sulfureuses soirées « bunga-bunga ».

« Finalement acquitté après plus de 11 ans de souffrances, d’infamie et de dégâts politiques incalculables car j’ai eu la chance d’être jugé par des magistrats qui ont su rester indépendants, impartiaux et corrects face aux accusations infondées qui m’étaient adressées », a réagi dans l’après-midi sur Twitter M. Berlusconi.

« Je ne peux être qu’extrêmement satisfait », avait déclaré plus tôt dans la journée auprès des journalistes son avocat, Federico Cecconi, les juges n’ayant pas pu retenir les faits de corruption, alors que le parquet avait réclamé une peine de six ans de prison contre le sénateur de 86 ans, accusé de subornation de témoins et de faux témoignage. Me Cecconi a souligné que cet acquittement était le troisième dans cette affaire. « Trois sur trois, ça suffit », a-t-il déclaré, exprimant le souhait que le parquet ne présente pas de recours.

Dans deux volets séparés de ce procès, M. Berlusconi, absent mercredi du tribunal, avait été acquitté en 2021 à Sienne et en 2022 à Rome de l’accusation de subornation de témoins. Le parquet avait aussi demandé des peines d’un à six ans de prison pour les 27 autres accusés dans cette affaire mais tous ont été acquittés.

Pour le milliardaire, qui glisse doucement vers la sortie de la vie politique italienne bien qu’il se soit à nouveau fait remarquer dimanche par un commentaire virulent contre le président ukrainien Volodymyr Zelensky, il s’agit là d’un des innombrables procès qu’il a affrontés ces dernières décennies et qu’il a le plus souvent gagnés.

« Excellente nouvelle »

« Une excellente nouvelle qui met fin à une longue affaire judiciaire ayant également eu des répercussions importantes sur la vie politique et institutionnelle italienne« , s’est réjouie la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni. « Heureux de l’acquittement de Silvio après des années de souffrances, d’insultes et de polémiques inutiles », a réagi Matteo Salvini, un des deux vice-Premiers ministres et chef de la Ligue antimigrants.

Cet acquittement est l’aboutissement d’une longue histoire judiciaire qui commence en 2010 quand Silvio Berlusconi, alors à la tête du gouvernement, a été accusé d’abus de pouvoir en protégeant une jeune danseuses de night-club marocaine, Karima El-Mahroug.

La jeune femme, connue sous son nom d’artiste de Ruby, avait été interpellée pour un larcin mais M. Berlusconi était intervenu pour la faire libérer, disant que c’était la nièce d’Hosni Moubarak, qui était à l’époque le président de l’Egypte.

L‘année d’après, M. Berlusconi a été accusé d’avoir payé Ruby, qui en 2010 avait 17 ans, pour des rapports sexuels. Condamné en première instance en 2013 à sept ans de prison, il a été définitivement acquitté en mars 2015 par la Cour de cassation dans ce volet.

Les magistrats, convaincus que le milliardaire a payé de nombreuses personnes pour leur silence, ouvrent une nouvelle enquête qui aboutira, en 2017, au début du procès pour lequel M. Berlusconi a été acquitté mercredi.

« Sultan » et « concubines »

Selon le parquet, le silence de ces jeunes femmes a coûté entre 2011 et 2015 à Silvio Berlusconi des millions d’euros, dont une part importante a été destinée à la seule Ruby, mineure lorsqu’elle a pris part aux fameuses soirées: argent liquide, cadeaux, voitures, mise à disposition de logements, paiement de factures et de frais médicaux.

La défense de M. Berlusconi affirme que l’argent était une indemnisation pour l’atteinte à la réputation des personnes impliquées dans l’affaire et insiste sur le fait qu’il est jugé « pour le crime de générosité ».

Dans son réquisitoire en mai, la procureure Tiziana Siciliano avait décrit M. Berlusconi comme « un sultan » qui avait l’habitude d' »animer ses soirées avec un groupe de concubines, au sens d’esclaves sexuelles, qui le divertissaient contre rémunération ». 

« J’ai eu si peur, maintenant je recommence à vivre », a commenté Ruby à l’énoncé du jugement.

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