Après avoir été renversé par l’Assemblée nationale, François Bayrou doit présenter sa démission à Emmanuel Macron, ce mardi. A moins d’un miracle, la France n’aura pas de budget 2026 avant la fin de l’année, ce qui risque de faire mal aux finances du pays.
Malgré ses tentatives pour sauver sa peau, l’issue était attendue. Ce lundi 8 septembre, François Bayrou est tombé. Le vote de confiance demandé par le désormais ex-Premier ministre a été rejeté par l’Assemblée nationale à 364 voix contre 194. Ce vote historique fait du maire de Pau le premier chef de gouvernement de la Ve République à ne pas obtenir le vote de confiance de l’Assemblée nationale.
Emmanuel Macron est une nouvelle fois contraint de trouver un candidat pour occuper le poste de Premier ministre. Le cinquième sous son deuxième quinquennat, après Elisabeth Borne (du 16 mai 2022 au 9 janvier 2024), Gabriel Attal (du 9 janvier au 5 septembre 2024), Michel Barnier (du 5 septembre au 13 décembre 2024) et François Bayrou (du 13 décembre 2024 au 8 septembre 2025), qui, au moins, aura tenu plus longtemps que ses deux prédécesseurs.
Le début de cette crise politique sans précédent est survenu au lendemain des élections européennes de juin 2024, remportées par un Rassemblement national mené par Jordan Bardella. Cette déconfiture a poussé le président français à annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections anticipées. A la surprise générale, les résultats ont donné le Nouveau Front populaire (Union de la gauche) grand vainqueur avec un peu plus de 180 sièges à l’Assemblée. Emmanuel Macron a néanmoins nommé Michel Barnier (Les Républicains), nouveau Premier ministre, et un gouvernement minoritaire a été formé. Il tiendra à peine plus de trois mois avant sa chute suite au vote d’une motion de censure sur son projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
La France de Bayrou, ce sont 44 milliards d’économies
Dans le cas de François Bayrou, c’est le plan budgétaire pour la France qu’il a voulu faire adopter au forceps qui a eu raison de lui. Le Premier ministre démissionnaire prévoyait pas moins de 43,8 milliards d’euros d’économies d’ici à 2026. D’importants efforts étaient nécessaires, selon lui, pour respecter le cadre budgétaire imposé par l’Union européenne, qui oblige les Etats membres à ne pas dépasser les 3% de PIB de déficit public. Objectif fixé pour 2029. Or, en 2024, le déficit français s’élevait à 6%, et la dette publique, elle, à 114%.
Le plan de l’ancien locataire de Matignon prévoyait notamment:
- la suppression de deux jours fériés (le lundi de Pâques et le 8 mai) pour «augmenter la production et l’activité» de la France;
- une «contribution de solidarité» des plus fortunés;
- un renforcement des sanctions en cas de retard de paiement des créances;
- ou encore une taxe sur les petits colis.
Plusieurs partis considéraient qu’il n’était pas nécessaire de consentir à de tels efforts. Le Parti socialiste, par exemple, avait présenté des pistes pour réduire de 21,7 milliards «seulement» le déficit français en 2026, en ne mettant pas à contribution les travailleurs et les services publics.
Un miracle peu probable
Sans gouvernement, la France est désormais plongée dans l’incertitude budgétaire. Après le dépôt officiel de la démission de François Bayrou, ce mardi, Emmanuel Macron va devoir nommer un nouveau Premier ministre, qui sera chargé de former un gouvernement. Deux scénarios sont possibles, l’un plus enviable que l’autre. Dans le premier cas, un gouvernement est formé très rapidement, il présente un nouveau projet budgétaire au plus tard le 1er octobre, pour être voté par le Parlement dans les 70 jours qui suivent.
Dans le second cas (le plus probable), aucun budget n’est adopté avant la fin de l’année. Soit parce qu’aucun accord budgétaire n’est trouvé, soit parce qu’Emmanuel Macron annonce une nouvelle fois la dissolution de l’Assemblée nationale, comme le réclame le Rassemblement national. Comme en 2024, est alors promulguée la loi spéciale, qui permet de reconduire le budget de l’année précédente et d’autoriser la collecte des impôts du 1er janvier jusqu’à l’adoption d’une nouvelle loi de finances. Ce qui pourrait mettre encore plus à mal les finances publiques de la France.