Le dessin de Xavier Gorce à l'origine des plates excuses du Monde. © XAVIER GORCE/TWITTER

Être caricaturiste dans un monde où la prise de distance se perd

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le caricaturiste, qui a démissionné du Monde suite à une caricature sur l’affaire Olivier Duhamel, développe sa défense et son regard sur l’évolution de la liberté d’expression dans un livre.

Le 19 janvier 2021, Le Monde présentait des excuses à ses lecteurs après la publication dans la newsletter Le Brief du Monde d’un dessin de Xavier Gorce, « qui n’aurait pas dû être publié », sur l' »affaire Olivier Duhamel », la révélation d’un inceste commis par le politologue réputé. Dans Raison et dérision (1), le caricaturiste, qui a démissionné du quotidien à la suite de cette décision, développe sa défense et son regard sur l’évolution de la liberté d’expression. Selon lui, la campagne de protestation contre son dessin s’est limitée à une cinquantaine de réactions négatives sur quelque 200 000 abonnés. Mais il a été victime « d’activistes « professionnels » des réseaux sociaux [qui] organisent […] des campagnes d’indignation afin d’alimenter leurs combats par des polémiques fabriquées » et de journalistes de la rédaction du Monde « biberonnés […] au bon lait d’une sociologie de combat revisitée par le communautarisme made in US« .

Le plus important est évidemment que le retrait de son dessin s’inscrit dans « une longue série préoccupante de manoeuvres opérées pour restreindre les libertés d’expression », dont la principale a été l’arrêt du recours aux caricatures dans le New York Times en 2019. Pour Xavier Gorce, le dessinateur de presse est par excellence un observateur qui s’impose une distance vis-à-vis de l’actualité. Or, l’afflux d’images diffusées par de nouveaux reporters, témoins occasionnels ou « journalistes » autoproclamés de militance, sur des écrans de plus en plus regardés, fait, selon lui, que la compréhension des événements s’effiloche, par la… perte de distance, au profit de l’émotion qu’ils peuvent susciter. La place du caricaturiste en serait donc fragilisée.

(1) Raison et dérision, par Xavier Gorce, Tracts Gallimard, 46 p.

Être caricaturiste dans un monde où la prise de distance se perd

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