Jean-Claude Juncker © REUTERS

Dernier discours de Jean-Claude Juncker sur l’état de l’Union avant les élections européennes

Le Vif

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a assuré qu’il ne s’agirait pas d’un « testament », mais son dernier discours sur l’état de l’Union avant les élections européennes, mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg, devrait lancer le temps des bilans.

C’est le grand rendez-vous de la rentrée politique européenne: le président de l’exécutif européen, comme chaque année en septembre (depuis 2010), vient exposer son bilan des douze mois écoulés et ses priorités pour les douze à venir.

Mais à huit mois des élections européennes, le moment revêt un enjeu particulier.

« Cette législature a été pleine de nouveaux défis, en plus de ceux qui existaient déjà » à l’arrivée de Juncker en 2014, note Maria Joao Rodrigues, vice-présidente du groupe des sociaux-démocrates (centre-gauche) au Parlement. Le vétéran de la politique européenne devra selon elle répondre à une question cruciale: « Quelle genre d’Union devrions-nous être ? »

« Loin de nous les termes macabres comme celui de testament », expliquait récemment le porte-parole en chef de la Commission Margaritis Schinas. « Pour la dernière ligne droite, nous sommes déterminés à suivre une règle d’or en politique: Quand vous avez un mandat politique, vous commencez fort et vous finissez fort », a-t-il ajouté.

Contrer les populistes

Avant même la fin de l’été, le président Juncker a déjà lancé, dans une annonce surprise au cours d’une interview à la presse, un premier thème qui devrait démontrer sa volonté d’être au plus proche des citoyens européens: la fin de l’obligation du changement d’heure.

La Commission se dit prête à reprendre point par point les grands engagements qu’elle avait énoncés lors de sa prise de fonction en 2014. Et à se battre jusqu’à la fin pour qu’un maximum de ses propositions mises sur la table en cinq ans soient négociées avant l’échéance du mandat des parlementaires en 2019.

Mais depuis son arrivée, le mandat de la Commission Juncker, qui se termine officiellement le 31 octobre 2019, a été marqué par l’émergence de nouvelles crises et de nouveaux défis.

L’UE n’a toujours pas réformé ses règles sur l’asile, dépassées par la crise migratoire de 2015.

Les dirigeants européens se sont accordés en juin sur de nouvelles stratégies pour résoudre cette question jusqu’à présent insoluble, que la Commission doit désormais traduire concrètement: accélération des retours vers les pays d’origine pour les migrants qui ne sont pas éligibles à une protection internationale, approfondissement des relations avec l’Afrique et de l’aide au développement.

Afin de mieux surveiller et protéger ses frontières extérieures, la Commission veut aussi développer l’agence européenne Frontex, et des annonces sont attendues en cette rentrée sur le déploiement de 10.000 garde-frontières après 2020.

La question migratoire fait partie des sujets dont se sont emparés les mouvements populistes et eurosceptiques, voire anti-européens, qui se sont développés ces dernières années, et contre lesquels la Commission Juncker a dû muscler sa rhétorique, de la Hongrie à l’Italie.

L’exécutif européen doit aussi répondre à une inquiétude qui grandit non seulement parmi les dirigeants européens mais aussi parmi les eurodéputés, en vue des élections prévues fin mai 2019: la désinformation qui sévit sur internet et les réseaux sociaux, et les soupçons de manipulation qui ont pesé sur plusieurs scrutins majeurs.

Ce discours sera aussi le dernier avant la date annoncée du départ du Royaume-Uni de l’Union européenne le 29 mars 2019.

Si Jean-Claude Juncker s’est efforcé de laisser la direction des discussions au négociateur en chef de l’UE Michel Barnier, il pourra difficilement éluder le sujet, alors que les deux camps s’efforcent de respecter le calendrier de négociations qu’ils se sont fixé.

Et si la Commission ne veut pas encore faire un « bilan » de sa mandature, les eurodéputés risquent de ne pas s’en priver avant de partir en campagne.

« Nous allons comparer les engagements à ce qui a été effectivement accompli », a promis Jan Krelina, porte-parole du groupe ECR (conservateurs).

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