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Entre révolution et changement, le Venezuela choisit son futur sans Chavez

Le Vif

Un mois après la mort de leur dirigeant charismatique, les Vénézuéliens votaient dimanche à la présidentielle pour choisir leur futur sans Hugo Chavez dans ce riche pays pétrolier, profondément divisé après quatorze ans de « révolution socialiste ».

Près de 19 millions d’électeurs vont trancher le duel entre Nicolas Maduro, son héritier politique, et Henrique Capriles, le chef de l’opposition, après une campagne éclair dominée par le spectre de l’ancien homme fort du Venezuela, emporté par un cancer le 5 mars.

Des bidonvilles sur les hauteurs de Caracas aux gratte-ciel de la capitale, les habitants se sont pressés dès l’aube dans les bureaux de vote, placés sous la surveillance de près de 150.000 soldats.

Réveillés au son du clairon, des groupes de fidèles « chavistes », encore sous le choc de la disparition de leur leader, n’imaginaient pas une seconde la défaite. « L’engagement avec la révolution est très fort et les gens sont là. Le peuple va aller voter massivement pour défendre son héritage », a déclaré à l’AFP Denis Oropeza, employé de musée, dans le bastion historique du « 23 de enero », où se trouve le tombeau du « Comandante ».

Actuel président par intérim, M. Maduro, qui a esquissé un geste prière en déposant son bulletin dans le quartier populaire de Catia accompagné par deux filles de M. Chavez, a dédié son vote à Hugo Chavez.

« Quand j’ai voté, j’ai voté en sa mémoire, profondément », a-t-il lancé, vêtu d’une simple chemise blanche, assurant qu’il restait encore « tant de choses à faire ». J’ai senti une grande émotion toute la journée, une grande tranquillité », a ajouté l’ancien chef de la diplomatie, convaincu que le scrutin allait battre des « records de participation ».

Crédité d’une avance de 10 à 20 points selon les sondages, cet ancien chauffeur de bus et dirigeant syndical, adoubé par son mentor avant sa mort, s’est affiché comme le garant des programmes sociaux, financés par la manne pétrolière du pays doté des plus grandes réserves de brut au monde.

En 14 ans, la part de la population touchée par la pauvreté a reculé passant de 50 à 29%, selon la commission économique des Nations unies. « La campagne de Maduro a été centrée sur le fait qu’il est le fils du « Comandante » et que son triomphe sera celui de Chavez », indique à l’AFP le politologue Ignacio Avalos, tout en notant que l’écart « s’est réduit » grâce au « leadership important » et au « courage politique » de M. Capriles.

Ambitieux gouverneur de l’Etat de Miranda (nord), le candidat de l’opposition a souhaité l’instauration d’une « véritable démocratie », après avoir voté, en chemise de sports et avec ses chaussures « porte-bonheur », dans le quartier aisé de La Mercedes dans la capitale.

Accusant le gouvernement de faire pression en envoyant des textos aux employés publics et aux électeurs, il a assuré qu’une « avalanche de votes » constituait la meilleure réponse aux irrégularités et à la débauche des « ressources publiques ».

Adepte de l’économie de marché, cet avocat de 40 ans s’est engagé à ne plus réserver l’aide de l’Etat aux seuls « pistonnés » et à mettre fin aux « cadeaux » offerts aux alliés du régime comme Cuba, bénéficiaires de plus de 100.000 barils de brut quotidiens.

M. Capriles a déjà affronté M. Chavez lors de la présidentielle d’octobre, qu’il a perdue de 11 points (55% contre 44%), réalisant le meilleur score jamais obtenu face au champion de la gauche latino-américaine.

Durant la campagne, l’opposition a insisté sur les fléaux quotidiens des Vénézuéliens: une délinquance record avec 16.000 homicides pour 29 millions d’habitants l’an dernier, des coupures de courant et des pénuries alimentaires récurrentes.

« Je suis allé voter en pensant au pays, pour un changement radical, complet », s’est plaint auprès de l’AFP Orlando Lasso, 54 ans, patron d’une fabrique de peinture dans le quartier d’affaires de Chacao.

Outre une lourde succession, le prochain président héritera aussi d’une économie fragile avec une dette équivalant à la moitié du PIB et une inflation supérieure à 20%, la plus forte inflation d’Amérique latine.

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