Asian Tiger Mosquito (Aedes albopictus), a blood sucking pest, and a very dangerous insect due to its virus spreading danger.

Moustique tigre : « On ne peut pas l’arrêter, mais on peut le contrôler »

Stagiaire Le Vif

Le moustique tigre est réputé pour être vecteur de maladies tropicales particulièrement violentes. Son impact sur la biodiversité est en revanche moins connu. Faut-il s’en inquiéter ? Pour l’instant, les experts se veulent rassurants.

Originaire des confins de l’Asie, le moustique tigre s’est progressivement implanté en Europe. Plus petit qu’une pièce de 5 cents, reconnaissable par une ligne blanche sur son thorax, son atout principal est une grande capacité d’adaptation. Il se terre principalement dans les seaux, gouttières, coupelles de pot de fleurs et autres récipients d’eau artificiels qui parsèment les espaces urbains et péri-urbains. En Belgique, l’espèce ne s’est pas encore implantée (elle n’est observé que de manière occasionnelle). Cela signifie qu’elle ne forme pas encore une population viable sur le long terme, capable de se reproduire et de se propager sans intervention humaine. Ce n’est pas le cas de la France, où le moustique tigre est désormais établi dans plus de 70 départements.

Repartition du moustique tigre en Europe – source: European Environment Agency

Classé dangereux car vecteur de virus comme la dengue, le Chikungunya ou le Zika, l’impact qu’il peut avoir sur la biodiversité est en revanche méconnu. Pour le moment, il n’y aurait pas trop de quoi s’alarmer. « Il est très compétitif mais il vit surtout dans des espaces où vivent d’autres moustiques normaux », explique Isra Deblauwe, de l’Institut de Médecine Tropicale (ITM). Depuis 2012, elle a coordonné plusieurs projets de surveillance des espèces de moustiques envahissants. « Il n’y a pour l’heure pas assez d’études sur le sujet pour pouvoir affirmer quoi que ce soit. »

Dangereux insecticides ?

D’autres inquiétudes peuvent aussi émerger sur les moyens mis en œuvre pour le combattre. En France, la détection d’une contamination induit une procédure de pulvérisation à l’insecticide dans un rayon de 150 mètres. Ces cas demeurent toutefois assez rares, et on en est encore loin en Belgique « Les insecticides sont utilisés de manière très localisée, uniquement aux endroits où le moustique tigre a été localisé, et s’attaquent aux larves de moustiques dans les sites de reproduction », tempère Sciensano. Concernant les espaces naturels, seules des larvicides sont utilisées, et ils sont des bactéries qui ne s’attaquent qu’aux espèces concernées.

Qui plus est, le risque de contamination en Belgique est plutôt minime. Pour que cela se produise, trois conditions doivent être réunies:

  • 1. « Le moustique tigre doit être établis dans la région
  • 2. Il doit y avoir une personne infectée ou malade (probablement un voyageur revenant de zone endémique),
  • 3. Le moustique tigre doit piquer la personne infectée et, par la suite, piquer une autre personne pour transmettre le virus. » explique Sciensano.

Prévenir plutôt que guérir

Ne pas céder à la panique n’implique pas non plus de ne rien faire. Il reste important de lutter contre la propagation du moustique tigre. Le projet Mémo, lancé par l’Institut de Médecine Tropicale en 2017, a permis la capture de plus de 52 000 moustiques grâce à des pièges installés à des endroits clés (parkings d’autoroute, zones frontalières, etc.). Son extension, Memo+, prolonge cette surveillance active et y ajoute un volet passif, coordonné par Sciensano, qui repose sur une participation citoyenne. Il est ainsi possible pour n’importe quel citoyen de signaler et de transmettre photo et localisation d’un spécimen observé sur le site SurveillanceMoustique.be, mis en place dans le cadre du projet.

Cette double approche avait permis en 2022 d’identifier le moustique tigre sur 12 sites en Belgique, neuf par la surveillance passive et trois par la surveillance active (selon un rapport publié par Sciensano en mai 2023). Il s’agit du plus grand nombre de sites où le moustique a été détecté, comparé aux 15 dernières années combinées. Le projet Memo+ devrait se poursuivre jusqu’en 2024. « On ne peut pas les arrêter, mais on peut les contrôler », explique Isra Deblauwe. La tendance observée en 2022 devrait en effet se poursuivre dans les années à venir.

Gauthier Guilmot

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