Le moustique tigre, une espèce invasive susceptible de transmettre des virus, progresse de manière inquiétante en Belgique, signalent lundi l'Institut de santé publique Sciensano et l'Institut de médecine tropicale (IMT) d'Anvers.

Alerte au moustique tigre, Sciensano appelle à la contribution des citoyens: « On ne peut pas l’arrêter, mais on peut le contrôler »

Stagiaire Le Vif

Le moustique tigre, vecteur potentiel de la dengue, du chikungunya ou du virus zika, est présent en Belgique. Sciensano et l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (IMT) appellent à la collaboration des citoyens pour surveiller sa progression sur notre territoire.

La saison des moustiques a officiellement débuté, annonce mardi Sciensano. A cette occasion, l’Institut de Santé publique, en collaboration avec l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (IMT), fait appel à la population pour surveiller la progression du moustique tigre asiatique (Aedes albopictus) en Belgique.

L’implication des citoyens dans la surveillance de ces insectes est cruciale, souligne Sciensano. En 2023, la combinaison des observations signalées par les citoyens et du suivi des chercheurs sur le terrain a permis de trouver le moustique tigre à 25 endroits différents, dont 7 sur des parkings d’autoroutes et 18 dans des jardins privés. C’est le double par rapport aux 12 sites répertoriés en 2022.

Concrètement, les citoyens qui pensent avoir repéré ce petit moustique tigre rayé noir et blanc peuvent le prendre en photo et la télécharger sur le site www.SurveillanceMoustiques.be ou via une application sur smartphone (disponible pour Android et Apple), qui permet également d’utiliser les coordonnées GPS pour indiquer le lieu d’observation.

Pourquoi chercher le moustique tigre ? 

Originaire des confins de l’Asie, le moustique tigre s’est progressivement implanté en Europe. Plus petit qu’une pièce de 5 cents, reconnaissable par une ligne blanche sur son thorax, son atout principal est une grande capacité d’adaptation. Il se terre principalement dans les seaux, gouttières, coupelles de pot de fleurs et autres récipients d’eau artificiels qui parsèment les espaces urbains et péri-urbains.

Classé dangereux car vecteur de virus comme la dengue, le Chikungunya ou le Zika, l’impact qu’il peut avoir sur la biodiversité est en revanche méconnu. Pour le moment, il n’y aurait pas trop de quoi s’alarmer. « Il est très compétitif mais il vit surtout dans des espaces où vivent d’autres moustiques normaux », explique Isra Deblauwe, de l’Institut de Médecine Tropicale (ITM). Depuis 2012, elle coordonne plusieurs projets de surveillance des espèces de moustiques envahissants.

Dangereux insecticides ?

D’autres inquiétudes peuvent aussi émerger sur les moyens mis en œuvre pour le combattre. En France, la détection d’une contamination induit une procédure de pulvérisation à l’insecticide dans un rayon de 150 mètres. Ces cas demeurent toutefois assez rares, et on en est encore loin en Belgique « Les insecticides sont utilisés de manière très localisée, uniquement aux endroits où le moustique tigre a été localisé, et s’attaquent aux larves de moustiques dans les sites de reproduction », tempère Sciensano. Concernant les espaces naturels, seules des larvicides sont utilisées, et ils sont des bactéries qui ne s’attaquent qu’aux espèces concernées.

Qui plus est, le risque de contamination en Belgique est plutôt minime. Pour que cela se produise, trois conditions doivent être réunies:

  • 1. « Le moustique tigre doit être établi dans la région
  • 2. Il doit y avoir une personne infectée ou malade (probablement un voyageur revenant de zone endémique),
  • 3. Le moustique tigre doit piquer la personne infectée et, par la suite, piquer une autre personne pour transmettre le virus. » explique Sciensano.

Prévenir plutôt que guérir

Bien que le risque de transmission de virus reste faible à ce jour, la présence croissante de cette espèce augmente celui-ci, prévient Isra Deblauwe. « Nous pensons que la tendance à la hausse du nombre de moustiques tigres va se poursuivre et que de nombreux nouveaux sites seront recensés positifs l’année prochaine. Il est important de retarder leur implantation et leur propagation le plus longtemps possible et de se préparer à l’avenir », alerte l’entomologiste à l’IMT. « On ne peut pas les arrêter, mais on peut les contrôler. »

Le projet Mémo, lancé par l’Institut de Médecine Tropicale en 2017, permet notamment de contrôler cette propagation. En six ans, il a permis la capture de plus de 52 000 moustiques grâce à des pièges installés à des endroits clés (parkings d’autoroute, zones frontalières, etc.). Son extension, Memo+, prolonge cette surveillance active et y ajoute un volet passif, coordonné par Sciensano, qui repose sur une participation citoyenne. Il est ainsi possible pour n’importe quel citoyen de signaler et de transmettre photo et localisation d’un spécimen observé sur le site SurveillanceMoustique.be, mis en place dans le cadre du projet.

Cette double approche a permis de signaler la présence du moustique tigre sur 18 sites en 2023, dont 15 nouveaux. La surveillance des parkings d’autoroute, où ont été installés des pièges, a, elle, permis de découvrir 7 autres lieux. L’insecte a de nouveau été repéré à Lebbeke et à Wilrijk, ce qui indique que cette espèce hiverne dans ces communes.

Gauthier Guilmot

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