Les nappes phréatiques sont scrutées attentivement.
Les nappes phréatiques sont scrutées attentivement.

Le niveau des nappes phréatiques meilleur que les années précédentes : le bilan (positif) de la recharge hivernale

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

L’hiver humide a permis une bonne recharge des nappes phréatiques qui alimentent en eau la Wallonie, explique la Cellule d’expertise sécheresse, qui vient de faire le bilan de la saison hivernale 2023-2024. De quoi éviter la sécheresse cet été ?

L’Institut royal météorologique (IRM) a donné le ton dans son bilan météorologique au début du mois de mars, qualifiant l’hiver 2024 de «très chaud, humide et sombre». Il s’agit du 3e plus pluvieux depuis le début des observations, en 1833, avec 310,7 mm de précipitations cumulées (normale: 228,6 mm). Loin du record de 1995 (365,9 mm) mais juste derrière 1910 (311,5 mm).

Une aubaine pour la recharge hivernale des nappes phréatiques, qui devaient faire le plein à cette période de l’année. L’automne et l’hiver représentent en effet le moment crucial pour constituer des réserves pour l’été à venir.

L’hiver 2024 a déversé de bonnes quantités de pluie, dans les bonnes conditions. «Une fine pluie continue est largement préférable à des averses très abondantes, qui se déversent dans un très court laps de temps. Ces dernières ne permettent de recharger les nappes phréatiques car l’eau ruisselle immédiatement et n’a pas le temps de percoler dans les sols », nous expliquait Stéphanie Ernoux, du Centre de crise de la Wallonie (CRC-W), en début d’année.

Deux zones d’attention

Au sein du Centre, la Cellule d’expertise sécheresse se charge d’évaluer la situation au regard des réserves en eaux souterraines. Elle se montre plutôt satisfaite cette année. Globalement, tous les producteurs/distributeurs d’eau s’accordent à constater une bonne recharge hivernale.

«Actuellement, les niveaux des nappes sont globalement supérieurs aux niveaux observés à la même période lors des années sèches précédentes, entre 2017 et 2022», détaille la Cellule d’expertise sécheresse, qui vient de publier son bilan. La Cellule pointe néanmoins deux nappes qui requièrent plus d’attention, la Calestienne-Famenne et l’Ardenne. Leurs capacités d’emmagasinement d’eau en hiver sont moindres et pourraient donc être plus sensibles à des sécheresses prolongées.

L’indice sécheresse en Wallonie, à la limite d’une situation humide aujourd’hui, devrait évoluer vers une situation normale dans les prochains jours. Grâce aux précipitations, les débits de la plupart des cours d’eau navigables sont supérieurs à la moyenne. Pour les barrages-réservoirs, les interlocuteurs du secteur qualifient leur niveau de «normaux» et ceux des cours d’eau non-navigables de «confortables». Un nouveau point sur la situation s’effectuera fin avril, précise le Centre de crise de la Wallonie.

Crucial pour nos robinets

Les nappes phréatiques assurent en partie la production et distribution de l’or bleu en Wallonie. Les prélèvements en eau représentaient environ 370 millions de m³, selon les données 2020 du SPW, dont 80% en eaux souterraines. Le niveau des nappes est donc suivi de près, pour s’assurer de voir nos robinets continuer à couler.

La suite de l’article après l’infographie

Ces derniers années, plusieurs communes ont vécu avec des restrictions, afin de limiter la consommation d’eau lors des périodes de sécheresse. Un phénomène qui se répète. Et se répétera encore.

« La sécheresse va devenir de plus en plus fréquente au cours des prochaines années », reconnaît Stéphanie Ernoux. « Les recharges hivernales des nappes diminuent et s’éloignent de ce qu’on connaissait il y a encore 15 ou 20 ans».

Pour être confortable cet été, il faut espérer que les épisodes plus secs n’arrivent pas trop vite et ne se prolongent pas.

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