L’opération En mai, tonte à l’arrêt propose d’exprimer un geste pour la nature qui n’empiète pas sur celui des autres. © Ch.L.

En mai, tonte à l’arrêt: pourquoi la pédagogie doit l’emporter dans les jardins

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Participer à «En mai, tonte à l’arrêt» n’est pas toujours une tâche aisée, même lorsqu’on est convaincu de la démarche. En cause: le jugement potentiel des voisins, craignant de voir cette biodiversité spontanée se propager dans «leur» jardin.

A sa petite échelle, le bienfaiteur de nature s’expose aussi, s’il est locataire, aux critiques de son propriétaire, pour peu que ce dernier se montre pointilleux ou hostile à l’idée d’entretenir autrement ce qui reste «son» terrain. Trois options se présentent alors: le renoncement, l’indifférence ou la pédagogie. Les deux premières apparaissent souvent comme les plus simples, mais elles sont foncièrement imparfaites. Renoncer à agir en phase avec ses convictions personnelles, c’est négliger son droit à l’assertivité et donc, dans le cas de l’opération En mai, tonte à l’arrêt, à exprimer un geste pour la nature qui n’empiète pas sur celui des autres.

L’indifférence au jugement d’autrui revient, certes, à faire fi d’une ingérence dont on se passerait volontiers: «Dites, il ne serait pas temps de tondre votre gazon?» Ou encore: «Les feuilles de « vos » arbres tombent dans « mon » jardin. Vous comptez faire quoi?» Il sera bien sûr tentant de renvoyer le voisin fatigant à son côté de la haie, à l’aide d’un «Fichez-moi la paix, je fais encore ce que je veux chez moi.» Mais l’indifférence constitue – du moins, elle le devrait – la voie du dernier recours, une fois toute possibilité de dialogue écartée.

La pédagogie amplifie, par l’adhésion qu’elle suscite, ce qui n’était au départ qu’une action individuelle, bien à l’abri des regards indiscrets.

Reste donc la pédagogie. Ce n’est l’option ni la plus reposante ni la plus expéditive. Elle requiert d’expliquer le pourquoi, le comment, de manière posée et sans laisser dégager une quelconque impression de condescendance. Mais quand elle fonctionne, elle propage autour d’elle un cercle d’autant plus vertueux qu’il amplifie, par l’adhésion qu’elle suscite, ce qui n’était au départ qu’une action individuelle, dans un jardin à l’arrière d’une maison, bien à l’abri des regards indiscrets.

La pédagogie est précisément ce qui se loge derrière le slogan «En mai, tonte à l’arrêt». Il suggère de commencer petit afin, idéalement, de voir plus grand. De ne pas tondre dix mètres carrés pendant un mois ou deux la première année, histoire de «voir ce que ça donne» pour, peut-être, pérenniser par la suite une zone de nature spontanée. Comme bien d’autres acteurs, dont l’asbl Adalia 2.0 et le réseau nature de Natagora, partenaires de l’opération, Le Vif propose, et les gestionnaires de jardin, publics ou privés, citoyens ou entreprises, disposent. Il ne s’agit d’ailleurs nullement d’établir une dichotomie des «bons» et des «mauvais» jardins: un espace vert tondu toute l’année mais peuplé d’arbres, de parterres de fleurs et de plantes indigènes n’est certainement pas moins vertueux qu’un rectangle uniforme de pelouse sauvage. Le but d’En mai, tonte à l’arrêt est donc de susciter un engagement à travers la posture la plus passive qui soit: laisser faire la nature. Ce qui, finalement, ne constitue certainement pas une charge mentale de plus.

Les étapes d’En mai, tonte à l’arrêt 2024

Etape 1 – Inscrivez-vous!

A partir du 18 avril

Envie de participer ? Rendez-vous sur levif.be/enmaitontealarret.be et remplissez le formulaire d’inscription. Déjà enregistré ? Connectez-vous à votre compte pour accéder à votre profil et inscrivez votre jardin. Vous recevrez un mail de confirmation.

Etape 2 – Laissez pousser et observez

Du 1er au 26 mai

Délimitez début mai (ou avant) une zone de non-tonte sur votre gazon – idéalement la plus grande possible – et laissez-la pousser pendant cette période. Sur votre profil, vous pourrez prochainement enregistrer sa superficie totale. N’hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux (un kit est disponible sur le site de l’opération).

Etape 3 – Comptez les fleurs sur 1 m²

Du 24 au 26 mai

Délimitez aléatoirement un mètre carré dans votre zone de non-tonte. Rendez vous ensuite sur levif.be/emaitontealarret afin d’encoder le total du nombre de fleurs que vous y avez compté. Enregistrez ces données au plus tard le 26 mai. Instantanément, vous recevez votre indice nectar personnalisé.

Etape 4 – Les résultats

Le 6 juin

Découvrez le bilan global de l’opération (indice nectar total, mètres carrés non tondus, contribution aux populations d’abeilles) sur levif.be et dans Le Vif du 6 juin.

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