Céline Tellier sous les huées des agriculteurs à Daussoulx: « On doit pouvoir entendre cette colère »
Céline Tellier, ministre wallonne de l’Environnement, est allée à la rencontre des agriculteurs qui bloquaient l’échangeur de Daussoulx.
Huées, sifflets, pétards. La ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier, a reçu un accueil très chahuté à Daussoulx où des agriculteurs en colère bloquaient l’échangeur autoroutier.
La ministre Ecolo a discuté avec des représentants des manifestants. L’entretien auquel participaient des représentants de la Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA) a duré près d’une demi-heure. Plusieurs sujets ont été abordés, dont les normes phytosanitaires et le problème de prix pas assez rémunérateurs pour les fermiers.
Le climat s’est envenimé. La ministre a fait face à quelques dizaines de personnes de plus en plus hostiles. « Tellier, démission », ont scandé des agriculteurs tandis que les pétards explosaient près d’elle. « Je suis venue ici, à leur écoute », a expliqué la ministre au micro de la RTBF. « Ils ont une colère qui est très forte par rapport à des enjeux européens, de libre échange, de concurrence déloyale avec une agriculture moins respectueuse de l’environnement. On doit pouvoir entendre cette colère. »
Devant l’hostilité qui grandissait, Mme Tellier a dû quitter les lieux. Des échauffourées ont éclaté. Des manifestants ont voulu empêcher la ministre de partir car ils ne s’estimaient pas satisfaits de ses réponses. La police est intervenue pour l’escorter.
L’échangeur a déjà été partiellement libéré et le trafic a pu reprendre sur l’E411. Il pourrait en être de même pour l’E42 durant la soirée.
Le Premier ministre recevra les associations d’agriculteurs mardi
Les ministres wallons de l’Agriculture Willy Borsus (MR) et de l’Environnement, Céline Tellier (Ecolo), rencontreront les représentants des organisations agricoles, mardi. Après une rencontre entre Céline Tellier et la Fédération des jeunes agriculteurs lundi soir, M. Borsus et la ministre Tellier recevront mardi les représentants de la Fugea et de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA).
Une rencontre entre les représentants du monde agricole et le Premier ministre Alexander De Croo doit également avoir lieu mardi à 17h. Vendredi, une concertation plus large comprenant M. Borsus, son homologue flamand Jo Brouns et le ministre fédéral de l’agriculture David Clarinval est prévue. Ils recevront des représentants de « l’Agrofront élargi » (Boerenbond, ABS, FWA, Fugea et MIG). Dans l’intervalle, le ministre Borsus a dit plancher sur une simplification administrative pour les agriculteurs et le renforcement de ce qui est appelé la « concertation chaîne », soit le dialogue entre les différents intervenants de la chaîne alimentaire (producteurs, transformateurs, commerçants…). Au niveau européen, il s’est engagé à militer pour un assouplissement de certaines mesures environnementales jugées trop drastiques par les agriculteurs.
Emmanuel Macron va s’entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi à Bruxelles de la crise du monde agricole et des mesures de soutien que les agriculteurs demandent au niveau de l’UE, a annoncé l’Elysée. L’échange, qui aura lieu en marge d’un Sommet européen extraordinaire sur le budget de l’UE, portera notamment sur l’accord commercial en négociation entre l’UE et le Mercosur, les jachères imposées aux agriculteurs et l’arrivée de produits ukrainiens dans l’Union, a précisé la présidence française.
Willy Borsus à la rencontre des manifestants de Villeroux
Le ministre wallon de l’Agriculture Willy Borsus est allé à la rencontre des agriculteurs déployés sur le site du centre logistique Aldi de Villeroux mardi matin. Il a constaté le « malaise profond » au sein du monde agricole.
Plusieurs dizaines de tracteurs occupent depuis lundi matin le centre logistique d’Aldi à Villeroux, dans la commune de Vaux-sur-Sûre. Le ministre wallon de l’Agriculture Willy Borsus est allé à leur rencontre tôt dans la matinée de mardi pour entendre leurs revendications. « La réunion s’est passée dans un bon climat de dialogue avec beaucoup de franchise et de façon très directe », a fait savoir le ministre dans le courant de la matinée. Willy Borsus a pris acte de la « grande détresse » et du « malaise profond » auxquels sont confrontés les agriculteurs, qui réclament des mesures leur permettant de vivre normalement de leur travail.
« C’est en cela que je plaide pour des mesures décidées rapidement mais qui doivent avoir un effet durable dans le temps », a indiqué l’élu wallon, dont l’agenda des prochains jours comprends plusieurs réunions tant au niveau européen que régional et fédéral.
Les points abordés comprendront notamment la question des 4% de mise en jachère des terres arables ou encore l’application de certaines normes. « Il faut pouvoir proposer une souplesse concernant les contrôles d’un certain nombre de normes pour le début de la nouvelle période de la PAC, pour que chacun puisse s’adapter au nouveau dispositif. » Le ministre régional a également insisté sur le combat contre la « concurrence déloyale » exercée par l’importation de produits venant d’autres parties du monde et qui ne sont pas soumis aux mêmes normes qu’en Europe. « C’est un combat que j’endosse pleinement, que les ministres européens de l’Agriculture vont, à mon avis, endosser pleinement, et qui concerne également le rejet du volet agricole du Mercosur », a-t-il fait savoir.