Anne-Sophie Bailly

Une crise du vouloir d’achat?

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

L’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas. Cette évidence est martelée en boucle depuis le début de la crise. Encore faut-il pouvoir s’en passer ou savoir comment limiter sa consommation. C’est l’objectif de ce dossier spécial du Vif consacré au pouvoir d’achat et qui expose «100 idées pour réaliser des économies». Des économies à engranger par des gestes parfois simples, grâce à un changement de comportement ou moyennant quelques investissements.

A côté de cette multitude de conseils, ce dossier ambitionne également de questionner notre rapport à la consommation. Comment en sommes-nous arrivés là? Quelle logique a permis le passage d’une société de consommation à la société d’hyperconsommation dans laquelle nous évoluons? Quel est l’avenir d’un modèle où l’offre est désormais surabondante et soutenue par une évaluation de la performance des entreprises toujours essentiellement déterminée par la croissance, et où la demande est surstimulée par l’avènement de l’économie de plateformes et des algorithmes prédictifs? Ces sollicitations permanentes et des procédures simplissimes constituent des incitations puissantes à l’acte d’achat. Et qui atteignent leurs objectifs si on prend pour preuve le taux de progression de l’e-commerce en particulier et de la consommation dans son ensemble.

Peut-être que la crise du pouvoir d’achat obligera à mener cette réflexion autour du vouloir d’achat.

Pourtant, en marge de ce modèle, une autre tendance émerge, portée par la juxtaposition des crises – sanitaire, énergétique, sociale, climatique –, celle de vouloir consommer autrement. Les conditions de travail de certains employés, les flux incessants de marchandises, l’obsolescence programmée, le suremballage ou la désertification des centres-villes ont induit une prise de conscience d’une partie de la population.

Difficile de dire si cette tendance s’avérera être une lame de fond ou restera un épiphénomène. Difficile de savoir si la logique qui voit dans l’accumulation des possessions un aboutissement et une source de bonheur sera dépassée ou remplacée.

La reprise de la demande post-Covid n’incite pas à beaucoup d’espoir. Mais peut-être que la crise du pouvoir d’achat obligera à mener cette réflexion autour du vouloir d’achat.

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