Les jeunes sont également à la recherche de verdure.

Crisnée, Andenne, Tubize: où vont habiter les jeunes? (cartes interactives)

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Il en faut peu pour être heureux ? Oui, mais. Le Vif a voulu savoir quelles communes wallonnes et bruxelloises attiraient les jeunes. Réponse : la campagne, mais pas trop loin de la ville.

Elle est présentée comme « vivante, verdoyante et agréable », sur son site Internet. Somme-Leuze a la cote chez les jeunes, selon nos calculs réalisés sur bases des chiffres de Statbel. Elle attire, proportionnellement à sa population, le plus les jeunes en Wallonie. En quinze ans, la commune située en province de Namur est passée de 866 habitants de 20 à 35 ans, à 1207. 341 jeunes en plus. Un nombre important, comparé à la population totale de cette entité de près de 6.000 âmes. Des prix abordables, des maisons en pierre, des champs et des forêts à perte de vue, une proximité de plusieurs axes routiers important : la commune a apparemment de quoi séduire. Surtout les plus de 30 ans. « Dans la fourchette choisie (20-35 ans), il y a en réalité deux groupes d’âge avec des comportements et des moyens différents », note Julien Charlier, géographe à l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps). Somme-Leuze est particulièrement attractive pour le deuxième.

  • Premier groupe: entre 18 et 25 ans. Des jeunes qui quittent le domicile parental à la recherche d’un kot, d’un premier emploi ou pour vivre en couple. « Ces migrations les poussent à s’installer plus fréquemment en ville où ils trouvent des logements de petite taille et des loisirs qui correspondent à leurs attentes », note Julien Charlier. A noter que tous les jeunes qui déménagent en ville ne s’y domicilient pas forcément.
  • Deuxième groupe: après 30 ans. « En ayant des enfants, ces jeunes désireront un cadre de vie plus vert et aéré, dans un plus grand logement, souvent en devenant propriétaires. Ce mouvement entraîne une périurbanisation du territoire. »

Périurbanisation

"Il ne faut jamais oublier que la question de la contrainte économique pèse énormément sur les choix résidentiels des jeunes", analyse Chloé Salembier, enseignante à la faculté d'architecture de l'UCLouvain. "On constate que la périurbanisation autour des principaux centres d’emploi (Bruxelles et Luxembourg d’abord, puis Lille, Liège, Namur, Charleroi et le cœur du Brabant wallon) se fait de plus en plus loin de ces villes en raison des prix des terrains et des logements, ainsi que prix de la mobilité individuelle encore relativement bon marché", ajoute Julien Charlier. "Les jeunes couples qui souhaitent accéder à la propriété dans une maison individuelle dans un cadre plus vert doivent aller de plus en plus loin pour trouver des prix plus abordables. C’est le cas de l’est du Brabant wallon, de la région dans le triangle Mons-Charleroi-Tubize par rapport à Bruxelles et de Léglise, Etalle, Vaux-sur-Sure, Bastogne, Libramont par rapport au Grand-Duché de Luxembourg. Les communes à proximité des autoroutes, en particulier sur l’axe Bruxelles-Ottignies-Namur-Luxembourg, et de gares permettant des trajets vers les centres d’emploi sont aussi favorisées."

La suite après l'infographie.

Dynamisme de certains

Enfin, le géographe pointe "le dynamisme de certaines communes où des projets immobiliers attirant des familles ont été développés, notamment grâce aux terrains à bâtir encore disponibles". Comme Tubize notamment. "Il faut aussi évoquer l'attachement fort de certains jeunes à une commune ou/et à des liens familiaux plus marqués qui les poussent à s’installer dans la commune où ils ont grandi s’ils savent accéder à la propriété."

La mauvaise image carolo

De l’autre côté du spectre : Charleroi. Non seulement la ville n’attire pas, mais elle repousse et perd des habitants entre 20 et 35 ans. Près de 1000 sur 15 ans. Une explication ? L’image de la ville, selon Jean-Alexandre Pouleur, architecte et chercheur en sociologie urbaine à l’UMons. « On a fait des études de cas sur Charleroi avec une grande question : pourquoi les jeunes qui viennent travailler dans la région, sur le site de Gosselies, par exemple, ne vont pas habiter à Charleroi ? On a remarqué qu’il était très difficile de fixer une personne qui venait de Bruxelles ou de l’étranger dans la ville hennuyère. Il y a vraiment un problème d’image de la ville. Même les jeunes qui y ont toujours vécu, c’est comme s’ils n’osaient pas dire que leur ville était intéressante. Il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas s’attacher à cette ville. » Globalement, sur les 35 communes qui perdent des habitants, 17 sont du Hainaut.

"Les autres communes qui attirent moins de jeunes sont souvent celles éloignées des grands centres d’emploi ou celles où les disponibilités en logements sont faibles et chers", note Julien Charlier.

A Bruxelles

On voit par ailleurs que la capitale attire toujours plus les jeunes entre 20 et 35 ans. Un très récent baromètre de l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (Ibsa) montre à nouveau deux tendances. Les (très) jeunes adultes belges déménagent en masse vers la capitale. Ainsi, plus de la moitié des entrées bruxelloises (en provenance d’autres régions du pays) a entre 20 et 34 ans, et les 25-29 ans à eux seuls représentent plus du quart des entrées. « Il s’agit de jeunes en phase de décohabitation parentale, venant à Bruxelles pour les opportunités que la Région offre : emploi, études, vie sociale et culturelle » analyse l’étude. Par contre les adultes de 25 à 39 ans, sont majoritaires parmi les sorties. Envie d’espace, enfants, et hop on sort de la ville. Une tendance qui se renforce ces dernières années.

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