Rénover soi-même peut représenter jusqu'à 50% du prix des travaux. © debby termonia

Faire ses travaux soi-même : économies en vue mais attention aux pièges

Le Vif

Ateliers, applis, sociétés spécialisées… De plus en plus d’outils sont à la disposition de ceux qui souhaitent réaliser leurs travaux eux-mêmes. A la clé, de belles économies… à conditions d’éviter certains pièges.

Faire ses travaux soi-même : certains s’y mettent par plaisir, d’autres par nécessité, dans l’espoir d’économiser quelques deniers. Quel que soit le profil, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux. A Batibouw, qui bat son plein en ce moment, un espace leur est même dédié. Une première. «Les visiteurs peuvent partager leurs connaissances, il y a aussi des workshops et des démonstrations. Une partie des candidats rénovateurs ont toujours réalisé leurs travaux eux-mêmes. Mais on perçoit un intérêt de plus en plus marqué de personnes qui veulent comprendre comment ça fonctionne et mettre la main à la pâte», constate Frédéric Devos, le directeur du salon bruxellois de la construction.

Où trouver de l’aide?

La palette des travaux à effectuer soi-même est évidemment large et dépend de la capacité de chacun à manier perceuse, visseuse et disqueuse. Certains se satisferont de refaire quelques travaux de peinture ou d’appliquer un papier peint, d’autres, plus audacieux, se lanceront dans l’installation d’un nouveau parquet, voire d’une nouvelle douche ou d’une cuisine. Pour les moins aguerris, mieux vaut en général se concentrer sur les petites rénovations ou les travaux de finition.

Si l’on cherche de l’aide, Internet regorge de tutoriels et d’applications dédiées. En Belgique, le «réseau social du quotidien» Pwiic met en relation les particuliers pour des conseils et des coups de main, rémunérés ou non. «Nous recevons deux cents à 250 demandes quotidiennes pour l’ensemble de la Belgique. Du remplacement d’un robinet à de petites réparations en passant par la pose de sol… C’est le segment qui fonctionne le mieux parmi toutes nos activités», reconnaît Nathalie Devriese, à la tête de la start-up.

Il existe également un peu partout des cours et ateliers destinés aux particuliers. L’enseigne Brico, par exemple, en a lancé il y a cinq ans pour ses clients bricoleurs. On y apprend comment carreler un mur, poser des plaques de plâtre ou encore les bases de la maçonnerie. «Désormais dix de nos magasins en organisent. C’est un vrai succès», assure Rudi Schautteet, le porte-parole de la chaîne.

Plus les travaux sont sans conséquence sur la structure de la maison, plus le DIY est bénéfique financièrement.

Une facture sans main-d’œuvre

L’un des principaux conseils avant de se lancer est de bien estimer les heures nécessaires. Faire des travaux est une histoire de temps. Se laisser déborder, utiliser trop de jours de congé pour terminer son chantier, engendre une perte de rentabilité. Justement, sur quelles économies tabler?

Il n’existe pas de réponse tranchée à cette question. Tout dépendra du type de travaux et du prix des matériaux. Certains sites Internet évoquent une facture réduite de 30 à 40%. A la Fema, la Fédération des négociants en matériaux de construction, on est encore plus optimiste. «On économise toute la main-d’œuvre, cela représente de sérieuses économies. Je dirais jusqu’à 50% du prix des travaux», estime son secrétaire général, Marnix Van Hoe. A condition toutefois de bien s’y connaître. «Je dirais que plus les travaux sont petits et n’ont pas de conséquence sur la structure de la maison, plus la partie do it yourself (DIY) est bénéfique financièrement et à moindre risque», tranche Frédéric Devos.

Car il est important de garder plusieurs éléments à l’esprit. Le premier: certains travaux nécessitent une certification. C’est le cas d’une installation électrique, de gaz ou un chauffage. Devoir solliciter un professionnel pour corriger d’éventuelles erreurs en vue de la certification pourrait plomber le budget. Gare également au risque de malfaçons lorsqu’on ne passe pas par un professionnel ; elles pourraient vous priver de la garantie sur les matériaux. Enfin, pour l’obtention de primes, les Régions exigent bien souvent que les travaux aient été réalisés par un professionnel.

L’électricité ou le chauffage en kit

Réduire les risques est toutefois possible en s’adressant aux entreprises qui ont fait du DIY leur cœur de métier. Elles proposent des kits prêts à l’emploi, parfois personnalisés, qui permettent d’envisager des travaux ambitieux: installation électrique, chauffage, ventilation ou même sanitaires. Du «à faire soi-même» mais accompagné. C’est le cas de la jeune start-up carolo Techni-Self ou encore de Brainbox, installée à Ciney et plus ancienne sur le marché. Aujourd’hui, les deux bénéficient de l’engouement pour le «home made». «Nous avons commencé il y a deux ans et demi. Nous étions trois, nous sommes maintenant 17, avec trois magasins et une croissance annuelle de 30%», se réjouit Jérôme Beaurain, à la tête de Techni-Self.

Un technicien à la rescousse

Comment ça fonctionne? Le dossier du client, ses besoins et envies sont étudiés, puis il reçoit un devis. Si celui-ci lui convient, il prend possession du kit qui comprend le matériel nécessaire. Sans oublier le manuel de pose. Faite sur mesure ou pas, selon le type de travaux, la brochure explique étape par étape comment s’y prendre.

L’avantage: un technicien n’est jamais bien loin en cas de pépin. Et tout est contrôlé en fin de chantier. L’installation est donc garantie. Côté prix, chez Techni-Self, on estime que l’économie varie de 30 à 60%, selon les corps de métier et les techniques. Même ordre de grandeur chez Brainbox, où il faut compter entre 2 190 euros et 3 690 euros (selon la technologie) pour l’installation électrique d’un appartement de 87 m2. Par un électricien, les coûts globaux dépassent rapidement les 7 000 euros. La ristourne est donc substantielle, mais il y a une condition. «On demande d’être un minimum bricoleur. Cela signifie qu’il faut être outillé et savoir manier des machines comme une foreuse, une disqueuse, une rainureuse», détaille Philippe Fondu, le patron de Brainbox.

Les travaux de gros œuvre

Autre condition dans l’entreprise: le chantier doit être une construction neuve ou une rénovation complète. Chez Techni-Self, les kits sont prévus pour tous les types de chantier. Sur le segment, d’autres sociétés vont encore plus loin. Elles proposent de réaliser soi-même le gros œuvre de sa future habitation. Là aussi, une tendance.

«Avant, le DIY était un peu limité à tout ce qui était petits travaux de rénovation, observe Frédéric Devos. Beaucoup plus de personnes se mettent désormais au gros œuvre. Des sociétés proposent des ossatures en bois préfabriquées, donc modulables, pour que les gens puissent bâtir eux-mêmes la structure de leur maison. Ça existe même dans le béton, où la partie préfabriquée prend aussi de l’importance.» Bref, les adeptes des travaux faits maison ne risquent pas de manquer de défis.

50%

L’économie réalisable, selon la Fédération des négociants en matériaux de construction.

2 190 euros

à 3 690 euros: c’est le montant à compter pour l’installation électrique d’un appartement de 87 m2.

Quelles primes régionales pour le DIY?

A Bruxelles comme en Wallonie, l’arsenal de primes disponibles pour les travaux de rénovation ou d’amélioration de la performance énergétique d’un logement est de plus en plus important, tout comme leurs montants. Avec, toutefois, un hic pour les adeptes du «home made»: leur obtention est presque systématiquement conditionnée à la réalisation des travaux par un professionnel. Presque, car les choses bougent tout doucement.

En Wallonie notamment. En septembre dernier, la Région a lancé une prime «petits travaux et toiture». Celle-ci permet de réaliser les travaux soi-même, notamment ceux pour isoler la toiture. «Ça peut être tant l’isolation des versants de la toiture que le plancher du grenier. Il faut juste que l’isolant ait une résistance thermique supérieure ou égale à six», stipule Marie Basilio, juriste au Service public de Wallonie. Il n’y a pas de démarches administratives préalables, il suffit d’envoyer les factures (le ticket de caisse ne suffit pas) dans les quatre mois.

Les petits travaux visant la salubrité d’une habitation (mise en conformité de l’installation électrique, du gaz, installation de toilettes, etc.) donnent également droit à une prime, même si on les réalise soi-même. A certaines conditions: le montant doit être inférieur à 3 000 euros (hors TVA) et parfois, la visite (gratuite) d’un estimateur de la Région est exigée. Les autres rénovations, par contre, aussi petites soient-elles, doivent avoir été effectuées par un entrepreneur pour bénéficier d’un coup de pouce régional. A Bruxelles, c’est plus simple, mais moins avantageux: toutes les primes Renolution sont conditionnées au fait que les travaux soient réalisés par un professionnel. Pas de subsides pour le DIY, donc. «La Région réfléchit toutefois à la façon d’intégrer, à terme, ce genre de travaux. Les défis sont d’une telle ampleur pour améliorer l’isolation des bâtiments, notamment, que tous les moyens sont bons», souligne Didier Van Severen, directeur du centre de conseil et d’accompagnement sur le logement Homegrade.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire