Bruno Colmant
L'économiste Bruno Colmant

Bruno Colmant : « Le message politique du MR et de la N-VA sur les dépenses liées au chômage est faux et culpabilisant »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’Etat belge perçoit la bagatelle de 287,7 milliards d’euros par an grâce aux impôts et cotisations sociales. L’économiste Bruno Colmant souligne que le chômage est loin d’être le domaine qui bénéficie le plus de la redistribution qui en découle, contrairement à certaines idées reçues. Et tacle par la même occasion « le mauvais message politique » du MR et de la N-VA sur le sujet.

Pour l’Etat, que représentent ces 287 milliards d’impôts collectés en une année ? La réponse est : beaucoup. « Cette somme dépasse largement les 50% du budget de la Belgique, assure l’économiste Bruno Colmant (ULB et Académie royale de Belgique). Aujourd’hui, on est dans une économie où la richesse créée chaque année en Belgique est ‘capturée’ par l’Etat. Même s’il ne s’agit pas d’une capture à proprement parler, puisqu’il y a ensuite une redistribution. »

Dans ce classement de l’attribution des impôts, le chômage ne se positionne qu’en septième position, selon les chiffres du SPF Finances (voir graphique ci-dessous). Largement en-dessous des domaines comme les pensions, les soins de santé, l’Enseignement, la politique économique ou la gestion des administrations, par exemple. « Il y a un mauvais message politique à ce propos, relève Bruno Colmant. Ça m’a toujours choqué. »

Bruno Colmant: « Une culpabilisation autour des dépenses liées au chômage »

Il poursuit: « Cette impression que le chômage pèse sur les dépenses publiques de façon structurelle est entretenue tant par le MR que par la N-VA. Quand bien même on enlèverait le chômage, il ne représente que 1% du PIB. C’est négligeable. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a pas de profiteurs dans le système. Mais de manière organique, ce n’est l’élément décisif pour les finances de l’Etat », souligne l’économiste, qui dénonce, « une culpabilisation orchestrée par certains politiques sur les dépenses pour le chômage. »

Cette impression que le chômage pèse sur les dépenses publiques de façon structurelle est entretenue tant par le MR que par la N-VA. Ça m’a toujours choqué. De manière organique, ce n’est l’élément décisif pour les finances de l’Etat. 

Bruno Colmant

L’idée que le chômage représente une majeure partie des dépenses du pays est un stéréotype encore trop répandu, estime Bruno Colmant. « Le chômage ne représente pas grande chose par rapport aux dépenses pour les pensions, par exemple. Ces messages politiques donnent une impression d’avoir une Belgique paresseuse, qui ne travaille pas, alors que c’est tout à fait faux », critique-t-il.

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