Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux: le Voka, représentant du patronat flamand, ne dit pas non aux subsides publics

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le gouvernement flamand (N-VA – CD&V – Open VLD) a choisi le registre de la transparence en matière de subsides publics versés chaque année à de multiples acteurs du monde associatif, culturel, économique ou social en Flandre. L’occasion de découvrir que le VOKA a droit, lui aussi, à quelques millions d’euros en guise de soutiens financiers publics dont l’influente organisation de défense des intérêts patronaux aime rappeler la nécessité d’en faire un usage rigoureux.

Promis juré, désormais on dit tout, on ne cache plus rien. Au rayon subsides publics, le gouvernement flamand (N-VA – CD&V – Open VLD) s’est mis en tête de jouer cartes sur table, jusqu’à passer à l’acte en ouvrant un registre en ligne des deniers publics – 17,7 milliards en 2022 – accordés à doses plus ou moins fortes à une myriade de bénéficiaires – 29 000 en 2022. La manne se déverse tant sur des entreprises parfois pas les plus désargentées que sur des pouvoirs locaux, des institutions de santé ou des associations culturelles dont l’existence pourrait difficilement se passer d’un tel soutien.

Il y en a donc pour tout le monde. Et même pour le représentant attitré du patronat flamand, le Voka, qui ne dédaigne pas non plus, ici et là, décrocher un coup de pouce ou recevoir une rémunération pour service rendu à la puissance publique par le biais d’un partenariat ou d’une autre formule.

Le tableau financier 2022 relatif à l’organisation patronale a néanmoins laissé un goût de trop peu chez la députée Vlaams Belang Anke Van dermeersch, désireuse de se faire une idée encore plus précise de l’ampleur des montants alloués à plus d’un titre par le pouvoir régional. Sa curiosité fut satisfaite par la fourniture d’un tableau Excel en guise de relevé exact des compteurs 2020-2022.

Au terme d’une plongée dans les colonnes chiffrées ventilées selon les départements ministériels sollicités, on relèvera que près de 28,5 millions d’euros auront été programmés en trois ans pour atterrir dans la caisse de diverses officines du Voka, chambres de commerce provinciales et autres instances. Soit 10,8 millions d’euros en 2020, 8,8 millions en 2021 et un montant équivalent l’an dernier, planifiés à défaut d’être encore intégralement liquidés. On épinglera dans la foulée que cinq ministres régionaux sur neuf délient les cordons de la bourse et qu’à ce jeu, c’est le ministre compétent en Economie, Emploi, Innovation et Agriculture, Jo Brouns (CD&V), qui se taille la part du lion des montants affectés au Voka avec 26,8 millions prévus de 2020 à 2022. Que Lydia Peeters (Open VLD), en charge de la Mobilité et des Travaux publics, a mobilisé 950 000 euros pour désigner un manager ès mobilité du Voka à Anvers, un autre pour les travaux sur le ring ouest de Bruxelles, et un account manager en guise de soutien au monde entrepreneurial en région anversoise. Que Zuhal Demir (N-VA), au nom du Tourisme et de l’Environnement, a déboursé 170 587 euros, entre autres via l’Agence nature et forêts, pour un projet sous label patronal. Mention spéciale pour le ministre-président Jan Jambon (N-VA), maïeur en titre de Brasschaat, et qui, sous sa casquette de responsable des relations extérieures de la Flandre, a libéré 275 000 euros au profit de la Chambre de commerce anversoise du Voka pour financer, en 2021, le développement d’une coopération entre la Flandre et le Kurdistan irakien, et en 2022 un projet avec la chambre de commerce ukrainienne.

Ce registre des subsides est décidément un outil bien précieux d’aide à la prise de conscience d’un bon usage de l’argent public. On sait le patronat traditionnellement chatouilleux sur le sujet.

Pierre Havaux est journaliste au Vif.

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