Georges-Louis Bouchez
Georges-Louis Bouchez, président du MR, s’extirpant du véhicule mis à sa disposition (ici en octobre 2020). Le même véhicule flashé à plus de 170 km/h moins d’un an plus tard, en septembre 2021, sur la route de Mons, où ce dernier réside. © BELGA

Une Mercedes mise à disposition de Georges-Louis Bouchez mesurée à 172 km/h sur la route de Mons: comment le MR a évité le retrait de permis

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

La voiture attribuée un temps au président du MR a été flashée pour un énorme excès de vitesse en 2021. Le parti a couvert le conducteur, refusant de divulguer son identité. Les faits sont désormais prescrits.

18 septembre 2021, peu après minuit. Sur l’autoroute en direction de Mons, une puissante Mercedes fend la nuit à toute vitesse, franchissant allègrement la limite des 120 km/h. Sur 6,5 kilomètres, le chauffard est enregistré à plus de 170 km/h de moyenne. D’après les informations recueillies par Le Vif, il s’agit d’une voiture du Mouvement réformateur attribuée, à l’époque, à son président Georges-Louis Bouchez. Un véhicule que son chauffeur pouvait, certes, tout aussi bien conduire à ce moment-là. Mais celui-ci habite en périphérie bruxelloise et il n’était pas rare, ainsi que l’a déjà confié Georges-Louis Bouchez, que le président du MR prenne lui-même le volant jusqu’à son domicile de Mons. Notamment à des heures tardives.

Couvert par le parti

Reste que personne n’a endossé la responsabilité de ce gros excès, qui aurait dû valoir à son auteur une déchéance du permis de conduire, voire un retrait, et une amende pouvant aller jusqu’à 4.000 euros.

Sommé par la justice de transmettre l’identité du conducteur fautif dans les quinze jours, le secrétaire administratif du parti, Jean-Philippe Rousseau, ne s’est pas exécuté. Ce qui lui a valu, ainsi qu’à l’asbl GAL (Gestion et action libérale, qui chapeaute l’administration du parti), une procédure devant le tribunal de police de Mons. Procédure qui a traîné. Et abouti, fin 2024, à une simple déclaration de culpabilité de l’intéressé (pour négligence en vue de communiquer l’identité du conducteur), et un acquittement pour GAL, les faits étant prescrits.

Interrogé voilà quelques mois sur les procédures de règlement des amendes par le parti, Georges-Louis Bouchez avait pourtant affirmé au Vif que «les PV sont toujours réglés par les membres du personnel qui en sont les auteurs (NDLR: de l’infraction).» Celui-ci s’était même épanché spécifiquement sur les excès de vitesse routiers. «Compte tenu de la loi, on reçoit d’abord un courrier demandant de donner l’identité de la personne qui était au volant du véhicule. On l’a donné à chaque fois, quel que soit le véhicule», assurait Georges-Louis Bouchez. «Pour les voitures données à un collaborateur ou à moi-même, on regarde qui était au volant et on envoie l’identité à la police.» Manifestement, cela n’a pas été le cas cette fois-ci.

Le précédent de la carte PMR

Pour rappel, le président du MR avait déjà été mis en cause cet été après que Le Vif a révélé l’utilisation d’une carte PMR invalide, apposée sur le pare-brise d’un véhicule du parti utilisé par son chauffeur, mais aussi par lui-même et par sa compagne Lucie Demaret, y compris à des fins personnelles. L’utilisation de la carte — dont Georges-Louis Bouchez avait expliqué qu’elle appartenait au père handicapé du chauffeur — avait permis, un temps, de mettre fin à la pluie d’amendes qui s’était abattue sur le véhicule tout au long de l’année 2024, quand celui-ci stationnait devant le domicile du président du MR à Mons. Suite au tollé, Georges-Louis Bouchez avait fini par limoger son chauffeur, admettant au passage que ladite carte était effectivement invalide.

Sollicités avec insistance par le Vif, ni Jean-Philippe Rousseau ni Georges-Louis Bouchez n’ont souhaité réagir.

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