Cette photo prise le 2 mars 2023 montre des tentes dans un camp de migrants improvisé à Bruxelles. Le reflet d'une Belgique en crise de l'accueil depuis plusieurs mois. © AFP via Getty Images.

« Un pas en avant », « on ferme le robinet »: les politiques réagissent à l’accord fédéral sur la crise de l’accueil

Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a mis en avant, jeudi sur Bel-RTL, les mesures de fermeté de l’accord fédéral trouvé cette nuit sur la crise de l’accueil des demandeurs d’asile. « On a décidé de fermer le robinet », affirme-t-il, tandis que le député N-VA Theo Francken (opposition) juge que ce « robinet reste ouvert ».

Pour le vice-Premier ministre Open Vld, l’accord reflète un « bon équilibre » du gouvernement Vivaldi : « on est plus humain et plus ferme en même temps ». Il souligne la création dans les mois à venir de quelque 700 places dans des conteneurs qui seront fournis par l’Union européenne et probablement placés en Brabant flamand, ainsi que la demande aux Communes de créer d’autres places.

« En même temps, on va prendre plus de mesures pour évacuer les places existantes pour d’autres personnes qui en ont besoin, comme les femmes et les enfants, car aujourd’hui, des gens multiplient de procédures et restent dans le réseau dix à quinze ans. Désormais, une fois qu’on aura reçu une décision négative, on n’aura plus droit à l’hébergement ni au CPAS, donc ça veut dire qu’à ce moment-là, on va expulser ces gens-là ».

« On mise surtout sur le retour volontaire, en créant des capacités pour convaincre les gens de retourner, et s’ils ne veulent pas coopérer, on va renforcer nos équipes, pour qu’à côté de la police, avec l’Office des étrangers, avec Frontex, on ait plus de capacités pour expulser ».

Les libéraux francophones mettent eux aussi l’accent sur les mesures de fermeté. « Aide matérielle stoppée dès le refus d’asile, expulsion des illégaux, regroupement familial limité et régularisations collectives rejetées : fermeté contre les abus et plus de places d’accueil », a résumé sur Twitter le président du MR, Georges-Louis Bouchez.

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Mais pour l’ancien secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken, élu N-VA du Brabant flamand, « le robinet reste grand ouvert et la Belgique reste le pays du lait et du miel ». Il aurait voulu un moratoire sur le regroupement familial avec protection subsidiaire, un durcissement du regroupement familial pour les réfugiés reconnus, de grandes campagnes de déradicalisation et une externalisation de la procédure d’asile.

Un pas dans la bonne direction selon Vervoort

L’accord trouvé cette nuit par le comité restreint du gouvernement fédéral constitue « un pas dans la bonne direction », a affirmé jeudi le ministre-président de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort.

« Cela fait des années que nous dénonçons cette situation où la Région a été amenée à se substituer au Fédéral pour l’accueil des sans-papiers, mais même des demandeurs d’asile, et tout cela en plus des sans-abris », a rappelé M. Vervoort, sur le plateau matinal de LN24. « Nous attendions une solution structurelle depuis des années, et je pense que maintenant on va dans la bonne direction« , selon le socialiste.

« Ce ne sera sans doute pas parfait, mais il y a eu des centaines, des milliers de condamnations de l’État, ce n’est pas acceptable dans un État comme le nôtre ». Le socialiste rappelle qu’il n’y a qu’un seul point d’arrivée des demandeurs d’asile pour la Belgique (le Petit-Château à Bruxelles) et que le gouvernement bruxellois plaide pour qu’il y en ait trois, un dans chaque région. « Parce que quand il n’y a pas de solution (dans un dossier individuel), ces gens restent sur le territoire bruxellois ».

Du même parti que M. Vervoort, le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne a considéré que l’État prenait, avec cet accord, de nouvelles mesures pour respecter ses obligations d’offrir un toit aux demandeurs d’asile. « Places d’accueil supplémentaires, accélération des procédures trop longues, interdiction de l’enfermement des enfants inscrite dans la loi,… Cet accord est un pas en avant », a-t-il résumé sur Twitter.

Du bon et du moins bon pour DéFi

Pour DéFI (opposition), il faut reconnaître des éléments positifs dans l’accord fédéral sur la migration et l’asile. « D’autres éléments sont sujets à caution, mais lorsque l’on fait l’addition, impossible de masquer l’absence d’une réelle politique migratoire », selon le parti amarante.

« La création de nouvelles places d’accueil est le point assurément positif de l’accord. Il est temps, en effet, de mettre fin à cette situation indigne (…) Le recours accru aux initiatives locales d’accueil (ILA) également », indique jeudi DéFI dans un communiqué. Le parti regrette toutefois l’abandon de la piste d’un plan de répartition entre communes, qui aurait permis à chacune de prendre sa part, et dit craindre que la mise en place des mesures décidées soit longue.

L’inscription dans la loi de l’interdiction d’enfermer des enfants constitue un autre point positif pour DéFI, de même que le nouveau droit de séjour pour les apatrides; le droit de séjour pour les parents d’enfants reconnus réfugiés; l’amélioration de la protection des femmes migrantes victimes de violence conjugale ou encore la publicité des rapports de l’organe de contrôle des expulsions forcées.

« Toutefois, ceci ne constitue toujours pas une réelle politique migratoire. Rien sur l’inscription de critères de régularisation dans la loi, rien sur la migration économique. Cette absence de ligne globale, typique de la Vivaldi, s’explique par la diversité des acteurs autour de la table », selon François De Smet, le président de DéFI.

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