© Philippe Cornet

Stromae : « On verra si je ne suis pas camé dans trois ans »

Le Vif

En matière de communication et de contrôle, Stromae pourrait en remontrer à Bowie et Séguéla ! Etonnant destin international d’un ketje de Bruxelles moins policé qu’il n’y paraît. Extraits d’interview

Dix-neuf août 2013, date de sortie du second et étonnant album de Stromae, Racine carrée, et annonce d’un second Forest National au lendemain d’un 4 avril 2014 vite complet. L’acteur de la plus belle histoire (musicale) belge depuis Brel parie sur un style de plus en plus mature, matière à une fiction largement métissée d’autobiographie. Rencontre.

Levif.be: Vous avez un capital sympathie étonnant: on vous trouve charmant, talentueux, pas grosse tête, comme si vous aviez été fabriqué dans un laboratoire surhumain. Vous avez conscience de vivre un moment de grâce ?

Stromae : Je me dis parfois que cela ne peut aller que jusqu’à un certain moment. La maison de disques qui gère la promotion sert aussi à cela: dire à quel moment c’est assez ! Si je faisais tout ce qui est demandé, ce serait dégoûtant, cela donnerait envie de vomir en fait, moi le premier. C’est horrible de dire cela mais les interviews procèdent de la loi de l’offre et de la demande. Un moment, il faut se calmer, ne pas se brûler les ailes. Ces couvertures, c’est cool, mais n’oublions pas que l’on sert un propos qui est d’abord celui de l’album. C’est bien de voir sa gueule mais c’est d’abord un travail que je défends.

Vous mixez un physique de « gendre idéal » et un look quasi- enfantin, comme si vous ne pouviez être une « mauvaise personne » alors que sur Racine carrée, il y a de la colère, du venin et même, dans Humain à l’eau, les mots « chier » et « pénis »…

Je suis une espèce de maniaque relou (sic) dans le travail mais jusqu’à un certain point. J’essaie de prendre la température et sens vite lorsque je commence à saouler autrui: j’aime pousser les gens et aime être poussé, par Romain Bilharz d’Universal, mon petit frère, directeur artistique, ou encore, la styliste. Aller plus loin, galérer jusqu’à 5 heures du mat’, c’est cela qui est intéressant. Défendre un métier.

Dans AVF (« Allez vous faire… ! »), vous chantez « Toujours les mêmes discours/Toujours les mêmes airs/Hollande, Belgique, France/Gauche, libéraux, avant-centre ou centristes/Cela m’est égal/Tous aussi démagos que les artistes ». Ce n’est pas une grosse tranche de populisme, çà ?

C’est juste la vérité. S’il y a bien un point qui nous lie aux politiciens et même à vous, les journalistes, quand on s’adresse à une communauté au-delà de la famille, on commence à devenir démago (sic) ! C’est-à-dire l’emploi de quelque chose que les gens ont envie d’entendre: on a tous besoin d’affection, journalistes, politiciens, compositeurs-auteurs, acteurs, interprètes. Sinon, à un certain niveau de travail, cela devient inhumain. On verra si, dans deux ou trois ans, je ne suis pas camé et en rue ! Je vais tout faire pour me soigner et c’est en protégeant ma vie privée que j’espère que tout reste normal dans ma tête. Et en mettant de la fiction dans mes morceaux, avec peut-être 30% de vécu.

Entretien : Philippe Cornet

Lire l’intégralité de l’interview de Stromae dans le Vif/L’Express de cette semaine.

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