Sophie Wilmès © Belga

Sophie Wilmès sur la Turquie: « quand on est partenaires, on recourt au dialogue, pas à la menace »

La Première ministre s’est exprimée sur la situation humanitaire aux frontières grecques de l’UE et la relation avec la Turquie.

« Quand on est partenaires, on recourt au dialogue, pas à la menace ni au chantage », a déclaré la Première ministre Sophie Wilmès au sujet de la Turquie, jeudi à la Chambre où elle était interrogée sur la difficile situation humanitaire aux frontières grecques de l’Europe. « Si la Turquie réfute que ses intentions sont de telle nature, nous l’invitons à faire preuve de mesure et à ne pas agir unilatéralement ou dans la précipitation. Nous attendons de notre partenaire turc qu’il s’abstienne d’ajouter du chaos au chaos, surtout quand des vies humaines sont en jeu. »

A la suite de la décision d’Ankara la semaine dernière d’autoriser et encourager des milliers de réfugiés, surtout syriens, à quitter son sol en direction de l’Europe, la Grèce a pris des mesures drastiques de fermeture de sa frontière gréco-turque, suspendant même les demandes d’asile. En poussant les réfugiés syriens qu’elle héberge vers l’Europe, la Turquie voulait l’appeler à intervenir sur le terrain syrien, où elle est elle-même engagée.

Appel à la désescalade

Interrogée en séance plénière de la Chambre jeudi, Sophie Wilmès y a lancé un appel à la désescalade dans la région d’Idleb en Syrie, à un cessez-le-feu immédiat et une reprise du processus constitutionnel initié à Genève. « Je commencerai tout d’abord par rappeler qu’en tant que membre non-permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Belgique accorde une grande importance à la question humanitaire en Syrie », a-t-elle indiqué.

La Première ministre a ensuite exprimé son souhait de voir renouvelée et étendue la résolution « cross border » des Nations unies permettant d’acheminer l’aide humanitaire en Syrie. « La Turquie a fait preuve d’une approche constructive dans ce dossier mais les relations entre l’Union européenne et la Turquie sont en ce moment difficiles », a-t-elle fait remarquer. « La Belgique reste convaincue que la Turquie est un partenaire-clé de l’Europe et qu’une bonne coopération entre les deux entités peut déboucher sur des réalisations positives, pour l’une comme pour l’autre. Pour les populations en Syrie également. Contrairement à ce qui est parfois avancé, le Fonds pour les réfugiés pour la Turquie mis en place au niveau européen est efficace. Les paiements sont effectués à temps. De plus, ce fonds est destiné aux organisations qui aident les réfugiés en Turquie et non à la Turquie elle-même. Nous attendons de notre partenaire turc qu’il respecte ses engagements », a conclu Mme Wilmès, faisant référence au très controversé accord conclu en 2016 entre la Turquie et l’Union européenne.

« A la demande de la Grèce, l’ensemble des Etats membres ont été sollicités au travers du mécanisme européen de protection civile et d’opérations d’aides humanitaires. La Belgique, à l’instar des autres Etats membres, participera à l’effort commun et conformément aux demandes exprimées. Cependant, ces mesures de soutien ne doivent pas occulter le problème réel, à savoir la répartition équitable de l’accueil » au niveau européen. Une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’UE est prévue à Zagreb vendredi, en présence du Belge Philippe Goffin.

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